Douleur chronique : faut-il avoir peur des opioïdes, ces puissants antidouleurs ?
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Cinq clés pour cerner le risque d’addiction aux opioïdes

S’il n’est pas question de priver certains patients d’opioïdes forts, certaines personnalités sont plus à risque d’addiction et/ou de mésusage aux opioïdes. Son "portrait-robot" pourrait reprendre les caractéristiques suivantes : un sujet jeune (16-45 ans), de sexe masculin, présentant des troubles psychiatriques associés (trouble anxieux chronique, dépression, schizophrénie, trouble de l'attention, trouble bipolaire, trouble obsessionnel compulsif) et/ou des antécédents d’abus familiaux ou personnels de substances psychoactives.

Pr Nicolas Authier : « Si l’une des caractéristiques de vulnérabilité au risque d’addiction et de mésusage est présente les antalgiques opioïdes conservent leurs indications mais notre vigilance devra être accrue pour repérer tout glissement vers un mésusage voire une addiction, avec une recherche active de comportements aberrants (nomadisme médical et pharmaceutique, chevauchement ou falsification d’ordonnances etc.) ».

Opioïdes forts : rien ne sert de s’entêter

Prévenir l’addiction aux opioïdes, c’est aussi savoir s’en passer lorsqu’ils s’avèrent inefficaces, c’est-à-dire en l'absence de bénéfice lorsqu’ils sont utilisés sur au moins un des aspects suivants :

  • Soulagement de la douleur au minimum modéré.
  • Amélioration de la mobilité/fonction, amélioration de la qualité de vie.

Changer d’opioïde fort pour un autre est inutile en cas d’inefficacité constatée à trois mois car tous ont un niveau d’efficacité similaire. Seule une mauvaise tolérance à un opioïde donné (et non plus une absence d’efficacité) peut orienter vers une autre molécule opioïde…

Les experts invitent aussi à ne pas dépasser la posologie journalière de 150 mg/j d'équivalent morphine sans demander un avis en consultation spécialisée Douleur.

Dr Moisset : « Concernant la qualité de vie, une simple question suffit, sur la reprise d’une certaine autonomie etc. Si, par exemple, la douleur a reculé sans pour autant impacter la qualité de vie ou la fonction, il faut savoir alors stopper l’opioïde fort. En revanche, si la douleur, plus faible, a permis la reprise d’une activité qui elle-même entretient la douleur, mais générant ainsi une douleur stable, alors la poursuite des opioïdes est justifiée. La fonction et la qualité de vie priment sur le score de douleur ».

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Source : * CDC releases guidelines for prescribing opioids for chronic pain. 15 mars 2016 ; ** Presse Med. 2016; 45: 447–462
D’après des entretiens avec le Pr Nicolas Authier, Consultation Pharmacodépendance / CHU de Clermont-Ferrand et co-rédacteur des recommandations SFETD 2016 et le Dr Xavier Moisset, service de neurologie (CHU Gabriel-Montpied, Clermont-Ferrand) et Inserm U-1107.