Dopage et EPO : qu'est-ce que l'hématocrite ?

Publié par Gilles Goetghebuer
le 4/08/2006
Maj le
3 minutes
Autre
L'hématocrite est souvent considéré par les sportifs comme un indicateur de l'état de forme. Plus il est haut, plus on est fort ! Or, la réalité est nettement plus complexe. Explication autour du dopage à l'EPO.

À l'origine du test anti-dopage EPO

À l'origine, le terme hématocrite désignait un tube de verre de 11 centimètres que l'on remplissait de sang dans le but de séparer les globules rouges du plasma. Plus tard, on l'utilisa aussi pour définir le résultat du test. Cette valeur représente le volume occupé par les globules rouges par rapport à la quantité totale de sang (globules rouges et plasma). Il s'exprime généralement sous la forme d'un pourcentage. Celui-ci varie énormément d'une personne à l'autre. Des valeurs considérées comme normales s'échelonnent ainsi entre 35 et 55%.

L'EPO entre en scène

Au début de la saison 1997, les autorités du vélo ont choisi de tester le taux d'hématocrite des cyclistes pour contenir la vague du dopage à l'érythropoïétine, un produit encore indécelable à l'époque. Rappelons brièvement que l'érythropoïétine - mieux connue sous ses initiales EPO - est une hormone sécrétée principalement par les reins, dont le rôle principal est de stimuler la moelle osseuse dans le but d'augmenter la production de globules rouges. Comme l'insuline, on peut la synthétiser par génie génétique et son introduction sur le marché français en 1989 fut vécue comme une véritable délivrance par de nombreux malades qui souffraient de graves atteintes rénales et qui se trouvaient de ce fait dans un état permanent d'anémie. Chez eux, les injections d'EPO relèvent le taux de globules rouges et améliorent l'oxygénation des cellules. Officiellement, on estime qu'environ trois millions de malades ont bénéficié de ce traitement dans le monde.

Dopage à haut risque

Dans la réalité, le nombre de consommateurs est sans doute beaucoup plus élevé, compte tenu de l'adoption par les sportifs de ce médicament dans le but d'améliorer leurs performances, l'enrichissement du sang permettant de mieux oxygéner les masses musculaires actives à l'effort. Mais ce recours présente des risques. Au-delà de 45%, l'augmentation du nombre de globules rouges s'accompagne d'une élévation exponentielle de la viscosité sanguine, si bien que le liquide éprouve du mal à s'écouler dans les très fins réseaux capillaires au terme de son voyage artériel. On risque alors la thrombose, aux conséquences parfois dramatiques.

Autre problème d'un dopage à l'EPO : le sang est si riche en oxygène que la fréquence cardiaque au repos descend à des valeurs ridiculement faibles. Or le coeur n'est pas conçu pour battre aussi lentement. Tout au long des années 90, on a imputé à l'EPO un tas de décès survenus dans des circonstances bizarres chez des athlètes en pleine force de l'âge. La situation était même devenue si préoccupante que, chose rare dans l'histoire du dopage, ce sont les athlètes eux-mêmes qui, par crainte de nouveaux accidents, ont poussé les autorités à adopter des mesures plus sévères contre le dopage. Dans le cyclisme par exemple, une règle prévoit l'exclusion temporaire d'un coureur qui afficherait un taux d'hématocrite supérieur à 50%.

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