Diagnostic difficile : attaque de panique ou épilepsie ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 26/10/2000
Maj le
3 minutes
Autre
L'épilepsie et l'attaque de panique sont deux maladies bien distinctes de par leur cause et leur traitement. Or, sur la base de leurs symptômes il est parfois bien difficile de les différencier. Aujourd'hui cette ambiguïté diagnostic pourrait bien être levée grâce à l'utilisation de l'EEG de longue durée (enregistrement de l'activité électrique du cerveau). Cette technique permettrait une prise en charge plus adaptée des patients concernés.

Les caractéristiques d'une attaque de panique

Apparaissant dans un contexte d'anxiété, le trouble panique est associé (en l'absence de maladie organique ou mentale) à des symptômes de dyspnée (difficultés respiratoires), palpitations, douleurs, sensation d'étouffement, vertiges, sueurs, tremblement, peur de mourir ou de perdre le contrôle de soi. Très souvent impressionnante, l'attaque panique a généralement une évolution favorable. Elle est traitée efficacement à l'aide d'antidépresseurs.

L'épilepsie

Toute personne peut faire une fois dans sa vie une crise d'épilepsie (ou crise comitiale). Elle est due à une activation exagérée, brutale et passagère des cellules nerveuses du cortex cérébral. En revanche, on parle de maladie épileptique lorsque les crises se répètent pendant des mois voire des années. Elle peut être sans cause apparente ou provoquée par une tumeur cérébrale, une agression toxique médicamenteuse, une hypoglycémie ou une infection (encéphalite). On distingue les épilepsies généralisées et partielles en fonction de la localisation des décharges, dans l'ensemble du cortex ou seulement dans une région. Les antiépileptiques permettent généralement de bien contrôler cette maladie.En cas d'épilepsie partielle, les symptômes les plus fréquents sont des convulsions limitées à une région (comme le bras), des fourmillements et des hallucinations. Lorsqu'il y a altération de conscience, les symptômes se traduisent par des activités simples (mouvements de mastication, battements de pieds) ou plus complexes (fugues), mais le sujet ne s'en rend pas compte. D'autres symptômes psychiques peuvent s'observer (sensation désagréable et intense d'étrangeté, de déjà-vu ou vécu).

L'ambiguïté d'un diagnostic différentiel : l'intérêt de l'EEG de longue durée

Sur la base des symptômes de ces maladies il peut être difficile de différencier le trouble panique de l'épilepsie partielle. De plus, les techniques d'imagerie médicale comme l'IRM (imagerie à résonance magnétique) et l'EEG de base (électroencéphalogramme) ne permettent pas toujours de lever l'ambiguïté. Pourtant, la distinction est essentielle ! Il s'agit de deux pathologies bien distinctes avec des causes et des traitements complètement différents.Face à cette difficulté diagnostic, une analyse britannique basée sur des témoignages vient de souligner l'intérêt de l'EEG, mais à condition qu'il soit réalisé sur une longue période.Ainsi, lorsqu'une supposée crise de panique ne répond pas au traitement classique ou qu'il existe des symptômes atypiques de cette maladie, l'EEG de longue durée devient un outil précieux pour différencier l'épilepsie des troubles paniques.

L'utilisation de cet examen, en facilitant le diagnostic, devrait permettre une meilleure prise en charge de ces patients, notamment en leur faisant bénéficier plus précocement d'un traitement adapté.

Sources

Sian Thompson et al., British Medical Journal, 21 octobre 2000, p 1002-1003.

Partager :