Diabète : de la greffe de pancréas à la greffe de cellules bêta…

Il existe deux types de diabète
Dans le cas du diabète de type 1 ou insulinodépendant, les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas ne produisent pas suffisamment d’insuline, hormone chargée de gérer l’utilisation du sucre par les cellules de l’organisme. Ce type de diabète apparaît généralement dans l’enfance.
Dans le cas du diabète de type 2, l’insuline est produite en quantité suffisante, mais elle est sans effet. C’est ce type de diabète qui est en très forte progression en raison d’une fréquence accrue des facteurs de risque, au premier rang desquels se situe l’obésité. Les autres facteurs de risque étant l'hypertension artérielle, l'excès de cholestérol, le tabagisme, la sédentarité, etc.
La prise en charge du diabète de type 2 passe par une amélioration de l’hygiène de vie, à commencer par la correction des erreurs alimentaires et la pratique d’une activité physique régulière. Si nécessaire, on recourt à des médicaments antidiabétiques oraux et en dernier recours à des injections d’insuline.
Concernant le diabète de type 1, la greffe de pancréas représente le traitement qui permet de remplacer les injections d’insuline.
À noter que le contrôle du diabète est essentiel pour prévenir les risques de complications, dont certaines sont mortelles : hypoglycémie, acidocétose, infarctus, artérite des membres inférieurs, insuffisance rénale, rétinopathie, surinfections…
La greffe de pancréas en pratique : à qui s’adresse-t-elle ?
Tous les diabétiques de type 1 ne bénéficient pas d’une greffe de pancréas car cette opération est extrêmement délicate à réaliser, elle impose un traitement immunosuppresseur à vie et nécessite évidemment un donneur. Or la pénurie de donneurs est importante, d’autant plus que la compatibilité doit être parfaite. Les candidats à cette intervention sont des diabétiques atteints de graves complications rénales et devant subir des dialyses. Selon les cas, le patient peut bénéficier d’une double transplantation pancréas et rein.
De plus en plus, la recherche s’oriente vers des greffes d’une partie seulement du pancréas, dont les greffes d’îlots de Langerhans.
Greffe d’îlots de Langerhans plutôt que greffe de pancréas
Les cellules bêta du pancréas qui sécrètent l’insuline sont regroupées dans ce que l’on nomme les îlots de Langerhans. Or ces îlots ne représentent que 3% du volume total du pancréas. D’où l’idée de ne greffer que des îlots au lieu de greffer l’organe pancréas en entier.
Cette alternative à la greffe de pancréas qui consiste à ne greffer que les cellules utiles est en cours de mise au point. Certains aspects sont actuellement bloquants : difficultés techniques pour isoler les îlots de Langerhans du pancréas et nécessité de greffer 2 à 3 préparations d’îlots, correspondant à autant de pancréas prélevés. Ainsi actuellement, 3 à 4 pancréas, soit 4 donneurs, sont nécessaires pour greffer un seul patient. D’où l’enjeu actuel de réussir à reproduire en laboratoire des îlots de Langerhans, permettant de s’affranchir des donneurs.
Reproduction en laboratoire de cellules bêta productrices d'insuline
Cette prouesse a été réalisée par l’équipe de Raphael Scharfmann de l’Insern. Les chercheurs ont obtenu une lignée de cellules beta productrices d’insuline, en transférant un gène promoteur spécifique des cellules bêta dans une cellule de pancréas fœtal humain.
Cette technique n’est pas applicable dans l’immédiat, mais ces premiers résultats indiquent que l’on pourra peut-être dans un avenir proche se passer de greffe de pancréas.
A noter par ailleurs, que si ce type de greffe de cellules bêta se banalise, les diabétiques de type 2 pourraient eux aussi en bénéficier !
Sources
Association française des diabétiques, www.afd.asso.fr. Esposito K. et al., Ann Intern Med. 2009 Sept. 1; vol 151: pp 306-314. AFD : Equilibre, octobre 2010. Raphael Scharfmann, Communiqué Inserm, J Clin Invest. 2011 Septhttp://dx.doi.org/ 10.1172/JCI58447.