Crèmes dépigmentantes : pourquoi elles sont dangereuses pour la peau

A Paris, 20 % des femmes d'origine africaine auraient recours à des crèmes pour blanchir leur peau. Mais celles-ci sont interdites et dangereuses. Elles provoquent acné, allergies et vergetures.
© Autre

S'abîmer la peau pour la rendre plus blanche, ça n'est pas rare dans les rues de Paris. Parmi ses résidentes d'origine africaines, une sur cinq utilise des crèmes dépigmentantes, selon les estimations de la mairie de Paris relayées par Le Point. Ces produits, dangereux pour la peau, sont pourtant interdits en France.

En vente dans des magasins spécialisés, les crèmes, huiles et autres savons "blanchissants" n'ont pas droit de cité. Ainsi, entre 2014 et 2016, plus de 150 références ont été saisies par les services de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Et ces produits contiennent des substances à haut risque quand elles sont mal utilisées : hydroquinone, corticoïdes, phénols, mercure, acide salicylique… "Pour obtenir des effets plus puissants, certains fabricants tendent à introduire dans la formulation des substances interdites", souligne la DGCCRF.

70 % de complications cutanées

Mais l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) le souligne : "les produits concernés peuvent être des médicaments autorisés mais dont l'utilisation est détournée". C'est le cas de la cortisone.

Le problème, c'est que le procédé utilisé pour faire pâlir la peau est particulièrement agressif. Pour parvenir à un résultat visible, les fabricants utilisent des molécules qui agissent sur la production de mélanine – qui donne sa couleur à notre peau.

Ainsi, les corticoïdes  ont tendance à diminuer l'activité des mélanocytes – ces cellules qui produisent la mélanine. Mais ils ont aussi tendance à atrophier la peau, provoquant des vergetures, à cause des acnés. L'action immunodépressive de ce médicament favorise aussi l'apparition d'infections cutanées.

Le mécanisme de l'hydroquinone sur la couleur de la peau reste mal connu. Cette utilisation est issue d'observations sur des ouvriers dont l'épiderme exposé avait blanchi. Quant aux dérivés du mercure, ils inhibent la production de mélanine.

Dans les faits, dans 6 à 7 cas sur 10, les personnes qui utilisent ces crèmes dépigmentantes souffrent d'effets indésirables tels que l'eczéma, les vergetures ou encore des problèmes de cicatrisation.

Les risques des crèmes blanchissantes :

  • Infections de la peau qui apparaissent ou s'aggravent : gale, mycose, infection bactérienne…
  • Acné sévère qui apparaît ou s'aggrave, directement liée à l'utilisation abusive de corticoïdes cutanés. Elle touche jusqu'à 50 % des utilisatrices.
  • Lésions du visage, évoquant un lupus ou une dermatite de contact.
  • Vergetures de grande taille et irréversibles. Elles sont particulièrement nombreuses et peuvent notamment se localiser sur le cou, le décolleté ou les fesses. 7 à 44 % des utilisatrices en souffrent.
  • Atrophie de la peau. Fragile et aminci, l'épiderme a du mal à se régénérer et donc à cicatriser.
  • Tâches claires ou foncées sur la peau, parfois définitives.
  • Hyperpilosité, liée à l'abus de cortisone.
  • Hypertension et diabète liés à l'excès de corticoïdes.
  • Maladies rénales (néphropathie glomérulaire) associée à la consommation de dérivés mercuriels.

De manière indirecte, le recours aux crèmes blanchissantes favorise aussi l'apparition de cancers de la peau. En effet, la production de mélanine a pour intérêt de protéger notre épiderme face aux rayons UV du soleil. L'inhiber abaisse donc nos défenses naturelles face à l'astre qui nous éclaire.

Vidéo : Le cancer de la peau expliqué en vidéo

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Source : Crèmes dépigmentantes : claire à tout prix !, Le Point, 18 février 2018
Blanchissement de la peau, DGCCRF, 25 mai 2016
Risques liés à la dépigmentation volontaire, ANSM, consulté le 21 février 2018
Evaluation des risques liés à la dépigmentation volontaire, ANSM, octobre 2011