COVID : on lui annonce son cancer foudroyant en visio après 3 rendez-vous annulés

Publié par Sophie Raffin
le 27/11/2020
Maj le
5 minutes
Adobe Stock
Kimberley Eccles, 23 ans, a remarqué la formation d’un abcès douloureux au niveau de sa joue gauche. En raison de la pandémie de la COVID-19, ses trois rendez-vous médicaux ont été annulés. Les médecins lui ont finalement appris qu’elle avait un cancer foudroyant lors d’une téléconsultation via Zoom.

Kimberley Eccles, Britannique de 23 ans, est une victime collatérale de la COVID-19. Après plusieurs annulations de rendez-vous médicaux, elle a appris qu’elle souffrait d’un cancer rarissime ne lui laissant que 6 mois à vivre lors d’une consultation vidéo. 

Son cancer rare s’est étendu pendant le confinement

La maman d’une petite fille de 7 ans a remarqué l’apparition d’une boule au niveau de la joue gauche en juin 2019. Un médecin avait alors estimé que la grosseur était provoquée par l’obstruction d’une glande salivaire.

Malgré les soins, l’abcès a grossi. En février 2020, il avait atteint la taille d’une balle de tennis. Pour comprendre les causes de cette masse, devenue très douloureuse, une consultation, une biopsie et un scanner avaient été programmés. Malheureusement, les rendez-vous coïncidaient avec la mise en place du confinement britannique. Ils ont ainsi été annulés sans nouvelle date.

C'est après s'est effondrée au travail en août dernier qu'elle a finalement vu un médecin. Une première biopsie n'a pas permis de détecter de cellules malignes. La terrible nouvelle est finalement tombée après un second examen : elle souffre d'un cancer rare, appelé rhabdomyosarcome (RMS). Cette tumeur très agressive ne touche que 1% des adultes.

twitter.com/TheSun_NI/status/1331903683920064514

Le diagnostic lui a été présenté lors d’une téléconsultation via la plate-forme Zoom.

"J'avais ma fille à la maison lorsque j'ai pris l'appel vidéo et j'étais tellement choquée que je ne pouvais pas parler", se souvient Kimberley Eccles. Elle ajoute ensuite : "mon cœur est brisé. Je n’ai que 23 ans avec une belle petite fille qui a besoin de moi. On m'a donné une chance de survie de 1% et on m'a dit que j'avais environ six mois à vivre". 

Une bombe à retardement 

La jeune femme qui a lancé un appel au don sur GoFundMe pour l’aider à financer ses traitements, précise sur sa page : "Ma tumeur était / est agressive et une fois propagée, elle sera complètement incurable". "Le médecin a décrit cela comme une bombe à retardement et une fois qu'elle a explosé, il n'y a plus de retour en arrière.", poursuit-elle. D’ailleurs, les docteurs lui ont conseillé de profiter du temps restant pour "se fabriquer des souvenirs" avec son enfant. Toutefois, la patiente est prête à se battre et à faire mentir les pronostics. 

Cancer mortel : "cela aurait été différent, s’il n’y avait pas eu de pandémie"

Cancer mortel : "cela aurait été différent, s’il n’y avait pas eu de pandémie"

Kimberley Eccles a joué de malchances avec l’annulation de ses examens à cause de la pandémie. 

Le rhabdomyosarcome (RMS) est une tumeur maligne qui se développe à partir du tissu musculaire strié. Ce cancer touche principalement les enfants, et dans de rares cas les adultes. Il peut se former dans toutes les parties du corps. Néanmoins, il est plus souvent observé au niveau des structures de la tête et du cou (environ 40% des cas), de l'appareil génito-urinaire masculin ou féminin (environ 25% des cas) et des membres (environ 20% des cas). Comme tous les cancers, le pronostic dépend de la rapidité de la prise en charge. Si la tumeur est importante ou métastasée, les chances de survie sont amoindries.

Scanner d'un rhabdomyosarcome

Scanner d'un rhabdomyosarcome

"Je ne peux m'empêcher de penser à quel point cela aurait pu être différent s'il n'y avait pas eu de pandémie et que mon cancer avait été diagnostiqué plus tôt. Il doit y avoir beaucoup d'autres patients cancéreux dans la même situation que moi maintenant", déplore la jeune britannique. Et elle a raison !

Le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy estime que le premier confinement entrainera une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5 % à 5 ans. Un modèle mathématique de simulation a été utilisé pour évaluer l’impact des retards de diagnostics et de prise en charge des cancers pendant la première vague. "Les résultats montrent que ce sont les retards/décalages de venue des patients qui ont le plus fort impact. Ces retards pourraient se traduire par une augmentation a minima de 2 % des décès par cancer à 5 ans", précise le communiqué.

Rhabdomyosarcome : un traitement de la dernière chance 

Rhabdomyosarcome : un traitement de la dernière chance

Kimberley Eccles ne s’est pas laissée abattre par le pronostic des médecins. Elle a entamé un parcours de soin pour tenter de vaincre le cancer. La chimiothérapie n’ayant pas fait diminuer la tumeur, une opération est programmée la semaine pour tenter de lui enlever. Les médecins vont prélever des os et de la peau de sa jambe pour reconstruire la partie du visage opérée.

twitter.com/RockFMNews/status/1329392627767242753

La patiente a expliqué "Toute ma joue sera enlevée, ainsi que les os qui l'entourent qui seront ensuite remplacés par des os et des tissus de ma jambe. Mon visage restera paralysé".

"Le chirurgien nous a dit très clairement qu'il ne pouvait pas et ne nous donnera même pas 1% de chance que cela fonctionne réellement, mais il dit que c'est notre meilleure chance".

Pour le médecin "mon cancer est unique à bien des égards et - si un plan de traitement personnalisé aurait pu normalement être mis en place - cela ne peut tout simplement pas être fait pour moi", ajoute-t-elle.

La mère de famille a ainsi prévu de se rendre aux USA après son opération pour suivre un traitement uniquement disponible là-bas. Elle a lancé une collecte de fonds sur GoFundMe afin de réunir le financement nécessaire pour son déplacement et ses soins aux USA.

Sources

Covid-19 : la surmortalité par cancers lors de la première vague estimée entre 2 et 5 %, 18 septembre 2020, Gustave Roussy

FIGHT FOR LIFE Doctors miss mum’s killer cancer for months during coronavirus lockdown – then tell her over a Zoom call, The Sun, 25 novembre

Rhabdomyosarcome, société canadienne du cancer

Partager :