Coronavirus : des femmes verbalisées pour être sorties acheter des tampons ou tests de grossesse

Publié par Sophie Raffin
le 1/04/2020
Maj le
4 minutes
woman hygiene protection of cotton tampons and sanitary pad on pink background, woman menstruation cycle, critical day, selective focus and copy space
Istock
Depuis le début du confinement mis en place pour enrayer la progression du nouveau coronavirus SARS CoV-2, plusieurs femmes rapportent sur les réseaux sociaux avoir été verbalisées après être sorties acheter des serviettes hygiéniques, des tampons ou encore des tests de grossesse. Pour certains membres des forces de l’ordre, il ne s'agit pas de produits de première nécessité !

Difficile de se passer de tampons ou de serviettes hygiéniques lorsque ses règles débarquent à l’improviste, ou encore savoir si on est enceinte si on ne peut pas faire de prise de sang… On pourrait ainsi penser qu’il est évident que les protections hygiéniques ou les tests de grossesse sont indispensables aux femmes… et donc des produits de premières nécessités en période de confinement. Mais cela ne semble pas être l’avis de tous les policiers. Plusieurs femmes - ou leurs compagnons - ont reçu des amendes pour être sorties acheter ces produits. 

Confinement : verbalisées pour achat de protections hygiéniques

Le confinement pour lutter contre la COVID-19 ayant été mis en place rapidement le 17 mars dernier, beaucoup de femmes se sont retrouvées sans tampon ou serviette à la dernière minute. Malheureusement, certaines d’entre elles se sont faites verbaliser en allant en chercher, car les forces de l’ordre ne considéraient pas ces achats comme de "premières nécessités".

Une internaute sous le pseudo Maurice Lafeuille a partagé sa colère et son expérience sur Twitter. Elle écrit “Je suis sortie acheter des serviettes hygiéniques et là un flic m'arrête et veut me verbaliser parce que ce n'est pas "vital" ? Donc des gens qui font la queue sur 50 m pour des clopes, c'est ok, mais une nana qui veut acheter des tampons, c'est un scandale”.

twitter.com/buesheel/status/1242135187653382144

Sa mésaventure a suscité de nombreuses réponses d’indignations. Toutefois, certains commentaires laissent voir qu’il existe encore des idées reçues sur les menstruations. Un internaute a par exemple répondu “Ça aurait été intelligent de prévoir et de faire toutes ses courses en une seule fois” semblant ignorer que si on parle bien de cycle menstruel, les règles sont loin d’être régulières chez certaines. D’ailleurs, toutes les femmes se sont fait surprendre au moins une fois dans leur vie par l’arrivée imprévue de leurs règles. 

Et l'adepte de Twitter n’est pas la seule à avoir rencontré ce genre de problème. Une autre dont le témoignage a été repris par le compte Instagram Combatdesfemmes rapporte “J’ai demandé mon chéri de me ramener des serviettes hygiéniques, lundi soir. Il était en règle : attestation, carte d’identité etc… mais il a reçu 135€ d’amende “parce que si madame en avait vraiment besoin elle a qu’à sortir les chercher elle-même”.

www.instagram.com/p/B-MrjL_Caco/

Les produits hygiéniques sont bien de première nécessité

Pour que le confinement - notre arme anti-Covid 19 - soit efficace, il faut bien sûr éviter les allers-retours intempestifs et répétés. Il est ainsi conseillé de limiter les déplacements et de prévoir ses besoins pour plusieurs jours lorsqu’on fait ses courses. 

Toutefois, les protections hygiéniques qui coûtent au total 2000 € en moyenne aux femmes, sont, en effet, des biens de première nécessité pour les autorités françaises. L'Assemblée nationale avait à ce titre adopté un texte en décembre 2016 pour passer la taxe de ces produits de 20% à 5,5%. Ils avaient ainsi rejoint la liste des objets et services faiblement taxés comme l’eau, les boissons non-alcooliques, les produits destinés à l’alimentation humaine, les appareillages et équipements spéciaux pour handicapés ou encore les abonnements au gaz et à l’électricité.

Des tests de grossesse ont aussi été source d’amende

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Des tests de grossesse ont aussi été source d’amende

Les tampons et serviettes hygiéniques ne sont pas les seuls produits féminins à poser problème, les achats de test de grossesse sont aussi remis en question l’influenceuse Anlya Modest Fashion rapporte avoir été verbalisée après avoir été en acheter un “Je suis tout à fait ok pour limiter au maximum nos circulations à l’extérieur et de nous contrôler pour qu’on les limite. Mais par contre que la police estime que chercher un test de grossesse à la pharmacie n’est pas un motif de santé nécessaire, ça me pose question là”. 

twitter.com/AnlyaMF/status/1241689130100297728

Pourtant, les analyses en laboratoire étant compliquées, les tests vendus en pharmacie est le moyen le plus simple pour confirmer ou non si une femme est enceinte... et débuter les démarches médicales nécessaires, qu’elle opte pour la poursuite de la grossesse ou une interruption.

Confinement : “le droit des femmes à disposer de leur corps ne soit pas remis en cause"

Le confinement et la lutte contre le coronavirus ne remet pas en cause le droit des femmes à l’accès aux soins dont elles ont besoin. Dans un communiqué du 18 mars 2020 Olivier Véran, le Ministre des Solidarités et la Santé et Marlène Schiappa, Secrétaire d'État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, indiquaient avoir pris des dispositions pour leur permettre d’avoir “accès à la pilule contraceptive directement en pharmacie, sans passer par un médecin et grâce à une ancienne ordonnance”. Il est aussi possible d’obtenir la pilule du lendemain “comme contraception d’urgence” sans ordonnance en pharmacie.

Les ministres ont assuré que le gouvernement s’engage "même en période de pandémie et de confinement", à ce que le "droit des femmes à disposer de leur corps ne soit pas remis en cause".

Ainsi, aussi bien les suivis de grossesse que les IVG sont des urgences de soin autorisant une sortie du confinement.

twitter.com/Egal_FH/status/1240199844985069569

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