Contrefaçon de médicaments : la distribution pharmaceutique nous protège

La contrefaçon de médicaments, déjà très implantée dans les pays défavorisés, est en pleine expansion sur tous les continents. Elle se développe même aux États-Unis où le prix des médicaments est élevé et où 40 millions de personnes sans couverture sociale sont tentées d'acheter moins cher, en particulier sur Internet. Et en Europe ? Selon la Fédération internationale des industries du médicament, 0,2 % des médicaments qui y circulent seraient des contrefaçons.
Faux antidépresseurs, faux anticancéreux...
Chaque année, 140 millions de médicaments font l'objet d'importations parallèles entre les pays de l'Union européenne sans aucune garantie de qualité des reconditionnements, des conditions de stockage et d'acheminement. En 2004, plusieurs réseaux de trafiquants à l'origine de milliers de contrefaçons ont ainsi été démantelés au Portugal. Toutes sortes de médicaments sont faux : faux antiasthmatiques, faux anorexigènes, faux anti-cholestérol, faux traitements des troubles de l'érection (saisis au Royaume-Uni), faux antiulcéreux, faux antidépresseurs (en Belgique) et même faux anticancéreux (aux Pays-Bas) Tous les pays peuvent être touchés par ce fléau : l'activité est tellement rentable (le faux médicament ne coûte pas cher à fabriquer !) que les trafiquants sont prêts à tout. Ils s'attaquent de plus en plus aux circuits légaux traditionnels de distribution pharmaceutique, en profitant de la multiplicité des intermédiaires.
Trafic de faux Viagra®
La France, protégée par des réglementations strictes - comme la sacro-sainte AMM ou autorisation de mise sur le marché, gage de sécurité et de qualité - et une bonne organisation des circuits de distribution, est encore épargnée par le phénomène. Le remboursement des médicaments prescrits sur ordonnance limite aussi la tentation de commander - à ses risques et périls - sur Internet, une pratique d'ailleurs interdite sur les sites d'origine française.Il n'empêche que notre territoire peut servir de « zone de transit » pour des produits de contrefaçon : à plusieurs reprises, les douaniers de l'aéroport de Roissy ont saisi des centaines de milliers de boîtes de faux Viagra® destinées à des pays d'Afrique, des Caraïbes et d'Amérique du Sud
Achats à hauts risques sur Internet
Mais demain ? Avec l'Europe élargie à 25 pays, dont certains ont des frontières communes avec la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie, connues pour être le siège de grands contrefacteurs et où les vrais médicaments sont moins coûteux qu'en France, on peut redouter des trafics à grande échelle sous couvert d'exportations légales. Les achats sur Internet, en particulier de produits d'automédication que rien n'interdit, sont aussi potentiellement à risque Mieux vaut prendre les devants. Les pouvoirs publics, en coopération avec les entreprises du médicament, ont déjà renforcé les deux armes de la lutte contre la contrefaçon : l'information et la répression. Les laboratoires pharmaceutiques* mettent aussi en place des dispositifs anti-contrefaçon : des changements de forme, de taille et de couleur des médicaments pour compliquer la tâche des faussaires ; des hologrammes sur les emballages ; des puces électroniques dotées d'un numéro unique ; des encres à couleurs changeantes impossibles à copier (comme sur les billets de banque), etc. Pas de risque dans les pharmacies françaises La contrefaçon peut prendre des formes diverses : certains médicaments contiennent le ou les bons principes actifs mais sous-dosés (donc inefficaces). D'autres ne contiennent strictement rien, ou alors des impuretés des produits différents de ceux annoncés sur la boîte, voire des substances toxiques. Ce sont généralement des (fausses) spécialités chères indiquées dans des maladies graves comme le sida ou bien des médicaments « de confort » non remboursés (contre le dysfonctionnement érectile par exemple), ou encore des médicaments détournés de leur indication initiale et dangereux (stéroïdes, anabolisants ). En France, pas de risque : tous les médicaments vendus en pharmacie sont des « vrais » * En particulier Pfizer, très touché par les contrefaçons de Viagra®.
Sources
Bien-être et santé n°242, juin 2007.