
Consommons-nous trop d’antibiotiques ?

La consommation d’antibiotiques en France repart à la hausse !
En Europe, la France figure parmi les leaders d’un triste classement : la surconsommation d’antibiotiques chez l’Homme. Comme en Belgique, au Luxembourg, en Grèce ou en Roumanie, lorsque ce mauvais pli a été pris, difficile de s’en défaire ! Au dernier bilan disponible, fin 2014 (1), la consommation en Europe pouvait être schématiquement divisée en trois zones : les pays du Nord, faibles consommateurs d’antibiotiques, les pays de l’Est, consommateurs modérés et les pays du bassin méditerranéen, forts consommateurs.
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Rappel de sirop potentiellement mortelParmi les bons élèves, l’Allemagne et les pays d’Europe du nord font preuve d’une rigueur d’utilisation qui ne se dément pas au fil des années. Mais à l’inverse, dans l’Hexagone, entre 2000 et 2013, la consommation d’antibiotiques en médecine de ville n’a pas sensiblement fléchi, passant de 35,17 à 31,15 ddd/1000/jour (dose définie journalière d’antibiotiques c’est à dire le nombre moyen de jours sous antibiotiques) (2).
On y a pourtant cru : sur le plan quantitatif, la consommation a diminué de 10,7% entre 2000 et 2013, mais une tendance à la reprise se confirme chaque année depuis 2010 avec une hausse annuelle de 5,9% (1) ! Optimiste envers et contre tout, le Plan national d’alerte sur les antibiotiques a fixé un objectif chiffré en matière de réduction des consommations de -25% entre 2011 et 2016 !
Les antibiotiques ne sont plus automatiques chez les enfants !
Les années passent et toujours aucune baisse flagrante de la consommation d’antibiotiques chez l’adulte en vue. A noter, les prescriptions sont majoritaires chez les femmes : elles représentent 59,3% des consommateurs d’antibiotiques et les hommes 40,7%. Ce déséquilibre s’explique en grande partie par les infections urinaires, et notamment la plus courante d’entre elles, la cystite, dont la prévalence est beaucoup plus forte.
Mais bonne nouvelle ! Du coté des enfants, la chute des prescriptions d’antibiotiques est impressionnante ces 15 dernières années. Deux explications à cela : « les pédiatres prescrivent relativement peu d’antibiotiques, précise Robert Cohen, moins que l’ensemble des spécialistes et les généralistes. De plus, le nombre de consultations pédiatriques a été divisé par deux voire 2,5 selon le type d’infections, malgré l’augmentation de la fréquentation des crèches, pourtant de formidables foyers de maladies infectieuses ». En chiffres, la prescription d’antibiotiques a été réduite de moitié en 2014 chez les moins de 14 ans (de 2111 px/1000/jours en 2000 à 1000 px/1000/jours) (1). Attention, la cible n’est pas « zéro prescription » car les antibiotiques sont souvent nécessaires, mais parvenir à diviser par deux la consommation de départ, un objectif désormais à porté de main chez les enfants.
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Interview du Pr Robert Cohen, Pédiatre infectiologue au CHI de Créteil suite aux 1ères JOURNÉES DE RÉFLEXION PLURIDISCIPLINAIRE/30 Juin -01 Juillet «ANTIBIOTIQUES : de l’innovation de rupture à la rupture de l’innovation », Paris, organisés par les laboratoires MSD.