Compléments alimentaires ou médicaments ?

Le marché des compléments alimentaires a explosé. Initialement vendus en pharmacie, ils ont conquis les parapharmacies et la grande distribution. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires avoisine les 800 millions d'euros. La minceur est un des domaines les plus florissants, suivi par le stress, la ménopause et les solaires. Aliments ou médicaments ? Mode ou nécessité ?

Toutes les ventes de compléments alimentaires sont en hausse (+20% en 2004), et c'est le marché de la minceur qui domine. Qui sont les consommateurs ? Ce sont surtout les femmes. On constate ensuite que les employés et les cadres sont plus adeptes que les ouvriers. Les personnes seules achètent moins de compléments alimentaires que les familles d'au moins deux personnes et 15% des acheteurs suivent un régime alimentaire.

Un encadrement strict

Les compléments alimentaires sont encadrés par une directive européenne du 10 juin 2002 qui les définit comme « des denrées alimentaires dont l'objectif est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique, seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses ». Leur intérêt pour certaines personnes est reconnu, mais ils ne sont pas considérés comme des médicaments. De ce fait, l'emploi de vitamines et de minéraux à des doses autres que nutritionnelles et/ou physiologiques, est exclu.L'étiquetage doit comporter la mention « complément alimentaire » et ne jamais évoquer des propriétés thérapeutiques (prévention, traitement ou guérison de certaines maladies). La composition des compléments doit être conforme avec la liste des ingrédients autorisés par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA). Cette liste est périodiquement mise à jour lorsque de nouveaux ingrédients, soumis à une procédure spéciale, sont autorisés.

Les allégations fonctionnelles chatouillent la frontière du médicament

Jusque-là, les choses sont très claires, compléments alimentaires et médicaments sont des entités bien séparées. Toutefois, la frontière devient moins nette lorsque l'on parle « d'allégations fonctionnelles ». En effet, certains produits peuvent porter cette mention lorsqu'ils sont indiqués pour les personnes qui ne réussissent pas à couvrir leurs apports nutritionnels conseillés par l'alimentation. Ils peuvent donc être utiles pour rééquilibrer l'alimentation ou pour des effets spécifiques préventifs (lutéine, phytostérols, oméga 3, lycopène). Et dans le domaine de la prévention, leur efficacité a été démontrée par de nombreuses études. Toutefois, ces compléments étant achetés le plus souvent sans conseil médical et pris parfois en excès, certains composants peuvent se révéler dangereux, comme par exemple le bêtacarotène, qui, pris en excès par des fumeuses ou ex-fumeuses, semble augmenter le risque de cancer du poumon. Autre risque, la prise de certains compléments peut détourner certains consommateurs de traitements qui leur seraient nécessaires.

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Source : Médec, mars 2005 ; Etude Ecca, Trouvier et coll., 2003 (1) ; Le Quotidien du médecin, 29 mars 2005.