Comment vivre avec une douleur chronique ?

Douleur aiguë ou douleur chronique ?
Plus d'un Français sur deux souffrira à un moment de sa vie d'une douleur chronique. Quand la douleur s'installe, il ne faut pas attendre pour la réduire au silence. Une douleur chronique se caractérise par sa durée. La douleur aiguë se compte en heures ou en jours. Elle est rapidement soulagée par les médicaments. La douleur chronique persiste au-delà de trois mois. Elle peut être fluctuante et se manifester par pic pour certaines pathologies ou devenir omniprésente pour d'autres. Beaucoup de malades ont la sensation de réaliser un véritable parcours médical du combattant avant de trouver un traitement adapté. Les médicaments ne suffisent pas toujours à soulager les symptômes. La douleur chronique doit être prise en charge dans sa globalité pour réduire son impact sur la vie quotidienne.
À la source de la douleur
Parmi les causes de douleurs chroniques les plus fréquentes, le dos arrive en tête. Les céphalées ne sont pas loin, avec deux pathologies comme la migraine ou les céphalées chroniques quotidiennes. "La moitié des patients qui viennent consulter dans un centre anti-douleur souffrent de douleur s post chirurgicales, causées involontairement par le chirurgien, explique le docteur Boccard, directeur de l'institut UPSA de la douleur. Des tissus lésés pendant l'opération engendrent des douleurs qui peuvent facilement devenir chroniques." Il existe également l'algo neuro dystrophie qui survient à la suite d'un simple petit traumatisme, comme une entorse. Vous pouvez avoir une réaction nerveuse qui diffuse une douleur plus largement dans le corps et finit par s'installer. La fibromyalgie, dont l'origine est encore mal connue, devient un véritable calvaire pour les patients et la douleur devient quotidienne. Sans parler des douleurs rhumatismales et des douleurs chroniques liées à des pathologies plus lourdes comme le cancer.
Le parcours du combattant ?
L'origine de la douleur ne change pas le protocole de prise en charge. La priorité est de ne pas attendre pour se soigner. Votre interlocuteur privilégié sera votre médecin généraliste. Le diagnostic doit être fait rapidement pour se concentrer sur le traitement. "Le contrat entre le malade et le médecin doit être clair, insiste le docteur Boccard. Il faut comprendre qu'on ne guérit pas d'une douleur chronique au bout d'une semaine. Si la douleur est présente depuis longtemps, elle mettra du temps pour se désinstaller." L'impatience légitime du patient est souvent une raison de l'échec de la prise en charge. Déçu de ne pas être guéri au bout d'un mois, il change de médecin et commence alors une errance médicale qui fait gonfler le dossier du patient et multiplier les traitements. Le malade repart de zéro à chaque fois sans forcément trouver de solution efficace.
Votre programme antidouleur
Votre traitement ne doit pas s'arrêter aux médicaments. Pour être efficace, il doit combiner tous les intervenants susceptibles de vous soulager. Si vous souffrez de douleurs lombaires, la consultation d'un kiné sera précieuse. Vous apprendrez également à avoir une hygiène lombaire optimale (les bons mouvements pour ne pas vous faire mal au dos). "La prise en charge de la douleur doit être l'affaire d'une équipe qui se coordonne entre elle pour aborder tous les aspects de la douleur", intervient le docteur Boccard. Le patient se traite par étape dans un programme à mettre en place et à suivre scrupuleusement. Une fois le diagnostic établi, reste à trouver le traitement qui vous convienne. Il faut laisser du temps au médicament pour agir et ne pas l'arrêter au bout d'une semaine sous prétexte que vous ne sentez pas de changements notables. Une consultation par mois permet de faire le point sur ses effets.
Les centres antidouleur
Dernier recours des pathologies qui n'ont pas trouvé de réponses adaptées pour soulager la douleur, les centres anti-douleur sont accessibles sur ordonnance de votre médecin généraliste. "Ils abordent le traitement de la douleur par une consultation pluridisciplinaire, souligne le docteur Boccard. Tous les aspects de la douleur sont pris en compte et le patient rentre dans un programme pour soulager sa douleur." Certaines douleurs chroniques peuvent finir par disparaître en recevant un traitement ciblé. Dans la plupart des cas, l'enjeu d'un traitement suivi est de réduire la douleur pour qu'elle n'ait plus un impact trop important sur la vie quotidienne. La douleur ne se fait jamais totalement oublier dans certaines pathologies mais elle est strictement encadrée. Le point noir des centres anti-douleur ? Leur succès ! La liste d'attente est longue pour quelqu'un qui a mal (entre trois et six mois) et leur nombre reste encore limité (moins d'une centaine) pour se répartir sur tout le territoire.
Le choix des armes antidouleur
Le traitement s'adapte à l'intensité et au type de douleur. Les douleurs chroniques de type classique se soignent avec des antalgiques classiques. "Vous avez trois paliers d'antalgiques, indique le docteur Boccard. Le premier comprend le paracétamol, l'aspirine et l'ibuprofène et concerne des douleurs modérées. Le deuxième palier regroupe les antalgiques contenant un dérivé opiacé comme la codéine et le tramadol. Le troisième palier est constitué d'antalgiques opioïdes comme la morphine." Les douleurs de type neuropathique, provoquées par le dysfonctionnement d'un nerf, nécessitent le recours aux antalgiques non classiques comme le Lyrica ou le Laroxyl. Des thérapies complémentaires comme la neurostimulation électrique transcutanée (TENS), qui utilise un courant électrique à très faible tension transmis par des électrodes, peuvent être efficace pour soulager la douleur.
Attention au surdosage !
La tentation est grande d'étouffer votre douleur à l'aide d'antalgiques sans forcément prendre la mesure du dosage. L'automédication est courante chez les personnes souffrant de douleurs chroniques qui ne trouvent pas de remède adapté à leur mal. Il est alors facile de tomber dans un cercle vicieux où vous êtes obligé de prendre toujours plus de médicaments pour soulager votre douleur. Il arrive un moment où l'abus de médicaments finit par entretenir la douleur plus qu'il ne la combat. Enchaîner les consultations et les prescriptions n'est pas recommandé pour réussir à sortir de votre cercle douloureux. Votre corps accumule les médicaments et vous vous retrouvez perdu parmi les traitements.
Ne gardez pas votre douleur pour vous !
Votre douleur chronique devient votre meilleure ennemie. Parlez-en à vos amis ! Il n'est pas toujours facile de vivre en composant avec sa douleur. Il est encore plus pénible de devoir la garder pour soi. Votre entourage proche doit avoir une bonne compréhension de votre dimension douloureuse pour vous aider à alléger votre ressenti. La douleur ne se soigne pas que par les médicaments. L'aspect psychologique revêt une importance capitale. "Il ne faut pas s'arrêter qu'à une cause physique, analyse le docteur Boccard. La douleur est un phénomène géré dans le cerveau par différentes zones. Les médecins doivent être sensibilisés à une dimension émotionnelle de la douleur pour une meilleure prise en charge." La mémoire du corps a son importance dans la manifestation d'épisode douloureux. Apprendre à mettre sa douleur en mots, à en parler sans tabou contribue à la soulager. Le recours à un thérapeute peut devenir une clé de compréhension de votre douleur pour mieux lutter contre elle.
Les médecines douces peuvent vous aider
Les médicaments ne sont pas votre seul recours pour lutter contre la douleur chronique. Les médecines douces peuvent être complémentaires et agir en synergie avec votre traitement habituel. Les méthodes de relaxation ont montré leur efficacité pour diminuer les sensations douloureuses. Vous pouvez vous tourner, en accord avec votre médecin, vers des techniques reconnues comme l'ostéopathie, l'acuponcture ou la phytothérapie. À vous de faire entrer dans votre hygiène de vie des réflexes de bien-être pour faire taire la douleur. L'utilisation de la chaleur, en appliquant par exemple des coussins chauffants sur les zones sensibles, est recommandée pour apaiser la douleur. La pratique régulière d'une activité physique, un sommeil réparateur et une alimentation équilibrée participe à mieux encadrer la douleur.
Prenez votre douleur en observation
À vous de tenir votre journal de bord de la douleur ! En observant ses manifestations, vous pourrez apprendre à connaître les facteurs extérieurs susceptibles de déclencher une crise douloureuse. Relevez les moments de la journée où la douleur se déclenche, ses caractéristiques et ses fluctuations. Autant d'indices qui peuvent aider votre médecin et vous permettre d'agir directement sur vos maux.