Comment vivre avec sa mauvaise conscience ?

La mauvaise conscience, et si c’était positif ?
J’ai commis un acte pas très beau, je me sens mal ? C’est peut-être bon signe ! La culpabilité est signe d’empathie et d’éthique intérieure. Faire du mal à mon prochain me fait du mal à moi par ricochet, tout simplement parce que je ne suis pas indifférent(e) aux autres. C’est le contraire qui serait anormal.
À l’opposé de cette culpabilité, les pervers manipulateurs, qui eux, font du mal sans jamais ressentir la moindre culpabilité. Et à ce stade, cela devient très grave, car ils peuvent aller loin dans la maltraitance de leur entourage.
Notre mauvaise conscience est donc un baromètre intérieur nous permettant de juger de nos actes et de corriger le tir si nécessaire.
Je peux compenser mes actes négatifs
Éprouver une mauvaise conscience, c’est très désagréable. Alors, notre réaction, c’est de chercher à se débarrasser de cette culpabilité. En agissant pour amoindrir les effets de l’acte que je me reproche.
Eléonore fait une remarque anodine à son patron sur sa collègue Anita et cette remarque entraîne le licenciement d’Anita, ce qu’Eléonore n’avait ni souhaité ni anticipé. Elle se sent très mal, elle a très mauvaise conscience. Alors, elle aide de tout son cœur sa collègue à retrouver du travail. Une fois qu’elle a remis le pied à l’étrier, la mauvaise conscience disparaît.
Je peux vivre une prise de conscience…
Jean-Charles conduisait sa voiture un peu éméché ; il a percuté une voiture. Son meilleur ami a été blessé dans l’accident. Ce n’était pas si grave, mais Jean-Charles s’en est beaucoup voulu et il a subitement pris conscience combien la voiture, c’était dangereux.
Depuis, il a passé son brevet de secouriste et milite à la Croix Rouge. Sa culpabilité l’a poussé à agir pour un monde meilleur. Et son ami est aujourd’hui complètement guéri. Au total, cette mauvaise conscience a fait grandir Jean-Charles.
La culpabilité nous rend meilleurs
Eléonore fait désormais extrêmement attention à ce qu’elle rapporte à son patron sur ses collègues. Jean-Charles ne boit plus jamais une seule goutte d’alcool quand il doit conduire. Une culpabilité active est aussi un moteur de changement positif. C’est cette boussole intérieure qui nous permet d’avancer dans la bonne direction !
La mauvaise conscience pour une faute imaginaire…
Prenez une mère et ses enfants, n’importe laquelle. Il est probable qu’elle culpabilise de ne pas donner suffisamment de temps, d’attention, d’encouragements à ses enfants ! Elle devrait les soutenir plus, leur interdire plus souvent de regarder la télévision, les inciter à lire, leur apprendre à être plus polis, à mieux manger, etc.
La mauvaise conscience, ici encore, possède toujours sa facette positive : elle engage cette mère de famille à faire de son mieux !
Pourtant, poussée à l’extrême, elle peut se révéler source d’angoisses ou de dépression. Si cette maman manque trop de confiance en elle, elle finit par se détester et se sentir bien mal.
Aussi pour ne pas laisser cette mauvaise conscience pousser comme une mauvaise herbe, faut-il s’entraîner à éprouver suffisamment d’amitié pour soi : je ne suis pas parfait(e), mais je suis quelqu’un de valable tout de même ! Je ne suis pas une mère parfaite, mais une mère « suffisamment bonne » selon le concept de Winnicott, célèbre pédiatre psychanalyste.
Quand la culpabilité nous paralyse
Soyons honnêtes, la plupart de nos actes un peu mesquins ou négatifs ne nous empêchent pas de dormir. Néanmoins, parfois, lors d’un événement bien plus grave à nos yeux, la culpabilité devient envahissante, nous gâche la vie, tellement elle devient immense. C’est à ce moment-là qu’il faut agir.
Car autant rester quelque temps, quelques jours, quelques semaines, tétanisé par une erreur se conçoit, autant traîner des années une culpabilité devient toxique, pouvant nous empêcher de vivre et par ricochet, porter atteinte à l’équilibre de notre entourage.
Que faire si la mauvaise conscience me ronge ?
Accepter vos erreurs ! Ce qui est fait est fait, et nul n’y peut rien changer. Ce que l’on peut en revanche changer, c’est la suite des événements. Accepter aussi cette mauvaise conscience, c’est-à-dire accepter de ne pas être à la hauteur de ce que l’on aimerait être. Et oui, nous avons de sacrées limites !
Et l’idéal serait de finir par se dire : « je dois tirer une leçon de cette erreur ».
Laquelle ? C’est à chacun de la chercher.
Il faudrait réussir à penser : « je dois devenir une personne qui ne fera plus jamais le même type d’erreur dans le futur » ; c’est cela avancer, se servir de ses fautes ou de ses erreurs comme des forces et aller vers plus de sagesse. Connaissez-vous la maxime suivante ? Les sages ne sont pas ceux qui ne tombent jamais ; ce sont ceux qui se relèvent toujours… Alors, même en cas de grosse culpabilité, sachez vous relever !
Je sais que j’ai tort, mais je n’arrive pas me délester de ma mauvaise conscience…
Si la mauvaise conscience vous étouffe depuis longtemps, vous empêche de vivre heureux et que vous ne parvenez pas à avancer, peut-être avez-vous besoin d’en parler. Autrefois, on se confessait à un prêtre, pour demander l’absolution de ses péchés, afin de repartir d’un bon pied. Aujourd’hui, si vous vivez une foi religieuse, il est possible que dans votre religion il existe une manière de se libérer de la culpabilité.
Et si vous n’êtes pas dans ce cas, un psychiatre ou un psychologue peut vous aider à dénouer ces fils qui vous emprisonnent. Quelques séances suffisent parfois à se libérer, d’autant plus si vous n’avez partagé cette mauvaise conscience avec personne.
Et rassurez-vous, vous ne serez pas jugé(e) ! D’autant moins que les psys entendent toutes sortes de confessions et sont au courant de la nature humaine, souvent bien pire que la vôtre !
Sources
Au diable la culpabilité, cessez de vous culpabiliser et retrouvez la liberté intérieure de Yves-Alexandre Thalmann aux éditions Jouvence.
Apprivoiser la culpabilité de Catherine Aimelet-Perissol et Aurore Aimelet aux éditions Albin Michel.