Comment réussir une bonne scène de ménage ?

Pourtant, il arrive qu'une dispute soit saine, qu'elle aide à avancer, à mieux se comprendre, et même à réajuster deux personnes très différentes qui vivent ensemble.
Alors, comment réussir à faire d'une dispute un moment positif ?
Dites ce que vous ressentez sans jamais juger
Ce qui est difficile dans un moment de discorde, c'est de se sentir jugé, mal jugé. On réagit au quart de tour pour se défendre.
Si notre conjoint(e) nous dit : "Tu es nul(le)" ou "Tu n'es qu'un(e) idiot(e)", c'est agressif et ça ne sert à rien sinon à faire du mal. Il est toujours plus efficace d'expliquer ce que l'on ressent.
Un exemple de dispute stérile.
À chaque rendez-vous, il arrive très en retard. Je peux me mettre en rage, lui dire : "J'en ai ras le bol de toi. Tu es "je m'en foutiste". Tu te fiches de moi"… Sa réponse sera de se défendre : "Tu exagères, je ne te traite pas si mal. Et j'avais du boulot… Et je ne me fiche pas du tout de toi…"
À la place, il sera plus censé d'expliquer : "Aujourd’hui, nous avions rendez-vous à 14 heures et tu es arrivé en retard d’une heure. Cela me rend triste car j'ai l'impression de ne pas compter du tout pour toi, l'impression que tu ne penses pas du tout à ce que je peux ressentir quand je passe une heure à t'attendre. Pour moi, c'est insupportable. La prochaine fois, je te demande d’arriver à l’heure, sinon, je t'attends trois minutes et je m'en vais." Dans ce cas, il ne peut guère argumenter ni se défendre. Car c'est vrai qu'il était en retard et je parle seulement de ce que je ressens. Il ne peut pas dire : "Tu exagères, ça ne te rend pas triste…" puisque je parle de mes sentiments. Il n'est pas dans ma tête. En plus, ça le rendra plus penaud car si l'attaque appelle la défense, ouvrir son cœur incite plutôt à faire la même chose.
Dites ce que vous pensez sans en rajouter
Lors d'une scène de ménage, on peut être furieux(se).
Mais c'est important de garder une partie de l'esprit clair pour que nos paroles ne dépassent pas nos pensées. Après on pourrait le regretter, car les paroles une fois dites appartiennent à celui qui les a entendues. On ne peut pas les reprendre, même si l'on peut s'excuser. Et certaines paroles ne permettent pas du tout le retour en arrière. On peut arriver à dire des mots qui tuent.
Julie : "Un jour, mon compagnon très énervé pour une bêtise m'a dit : "et en plus, tu es nulle au lit. Quand je compare avec mon ex, tu es coincée et ridicule". Il a regretté amèrement ces paroles. Mais il a eu beau me dire qu'il ne le pensait pas, qu'il cherchait simplement à me blesser, je ne l'ai jamais oublié. Je pense que ce fut le début de la fin pour nous deux. Alors qu'on le pense ou non, c'est vraiment une chose à garder pour soi. C'est trop blessant pour qu'on puisse passer l'éponge."
Ainsi quand hors de nous, nous savons que nos phrases risquent d'être dangereuses, il faut savoir s'éloigner un moment, sortir dehors pour marcher, le temps de laisser la colère se calmer. Il sera toujours temps de dire la chose plus calmement.
Ne pas accumuler
Tout le monde a le droit d'être introverti, mais c'est prendre un risque.
Car si l'on garde en soi ses rancœurs, un jour, c'est l'explosion. Elle peut être dévastatrice surtout quand l'autre ne se doutait absolument pas de ce qui se passait dans votre esprit !
Jean : "Maintenant, Fanny me reproche des choses que j'ai dites avant notre mariage. Je ne m'en rappelle même plus et je n'arrive pas à comprendre qu'elle ait gardé ça pour elle depuis des années ! Elle n'avait qu'à dire ce qui l'indisposait. Je ne pouvais sans doute pas changer du tout au tout, mais je ne suis pas non plus un monstre qui refuse toute remise en question. Et maintenant, j'ai l'impression qu'elle me déteste et je ne vois pas que faire pour qu'un équilibre revienne entre nous."
Il ne faut jamais ravaler ses frustrations.
Elles le feraient payer au prix fort. Des éclats mineurs facilement gérés dans le couple valent toujours mieux qu'une explosion énorme, inattendue et incontrôlable.
Exprimer des choses précises, pas des généralités
John : "Qu'est-ce que tu es bordélique Lucie, c'est carrément insupportable". C'est le prototype de ce qu'il ne faut pas dire. Affirmer "Tu es bordélique", c'est une généralisation, et "c'est insupportable" aussi. Lucie est peut-être désordonnée pour certaines choses mais pas pour tout, et ce comportement ne serait pas insupportable pour tous… Certains hommes ne se sentiraient nullement embêtés.
Il vaudrait mieux que John dise à Lucie : "Ce que j'aimerais, c'est que tu laisses toujours mon bol du petit-déjeuner tout à droite sur cette étagère. Parce que quand je me lève le matin, je suis au radar, je n'ai envie de penser à rien. Et si je trouve tout à sa place, c'est agréable. Ma journée commence de manière fluide. Si je ne le retrouve pas où je l'ai mis, je cherche partout, ça me met de mauvaise humeur, ma journée commence déjà mal".
Par gentillesse, par amour, Lucie sera capable de faire quelques efforts.
John sera content d'avoir été écouté et Lucie de faire plaisir à son compagnon. Et plus on va l'un vers l'autre et plus on a envie de continuer car la vie devient plus facile. Cela peut paraître sans intérêt car ce sont des questions d'intendance. Mais c'est comme mettre de l'huile dans les rouages. Tout fonctionne mieux sans bruit.
Chercher des solutions
"Ce n'est plus possible de continuer comme ça. Tous les dimanches tu vas faire du foot, et en plus, souvent, quand il y a un match, tu pars en déplacement toute la journée. Comme tu travailles pas mal dans la semaine et que tu rentres tard, on ne se voit presque plus. Tu perds le contact avec les enfants. Si ça continue, tu vas devenir un étranger pour la famille !" Si Corinne est en colère, elle ne pense pas du tout à divorcer ni même à accabler son mari. Elle sait que ces paroles sont difficiles à entendre, mais elle ne peut pas garder ça pour elle. Elle veut trouver une solution. Pierre, son mari, le comprend très bien. Mais pour lui, le sport, c'est vital. Et quand on fait partie d'une équipe, ce n'est pas tellement possible de jouer une fois sur deux. Les autres doivent pouvoir compter sur vous.
Alors en discutant, ils trouvent des solutions.
Pierre a proposé de s'occuper des courses du samedi. Il va faire la commande sur Internet et comme ça, le samedi libéré des courses permettra de faire des balades ou des activités ensemble. Cela compensera les dimanches matin d'absence.
Chacun prend en compte les désirs de l'autre.
Éviter de critiquer la famille
Quand ça va mal, pas la peine de faire participer toute sa tribu.
Cela ne pourrait qu'envenimer les choses. Affirmer : "Tu es aussi radin que ton père et pourtant Dieu sait si tu le critiques. Hé bien tu vois, je trouve que tu es pire que lui…"
Ou : "Pas étonnant que ta fille soit si nulle en maths quand je vois comment tu tiens tes comptes…"
Attaquer sa famille, c'est toucher l'autre à un point sensible.
Car si l'on est responsable de soi-même, on n'est jamais responsable de sa famille. Alors penser à ne pas critiquer ce qu'il ne pourra de toute manière jamais changer puisque ce n'est pas de son ressort.
Les bonnes disputes sont bénéfiques pour un couple
Alors, même si les conflits sont inévitables dans un couple, au lieu d'évoluer vers une guerre, ils peuvent se transformer en progrès vers une meilleure adaptation l'un à l'autre.
Certains couples ont l'impression d'ignorer les conflits :
- Soit ils les évitent et ravalent leur ressentiment. Dans ce cas, c'est néfaste.
- Soit ils ont appris à devancer les écueils de la vie à deux et profitent de chaque difficulté pour mieux se comprendre et aller l'un vers l'autre.
Alors, plus le temps passe, moins ils trouveront de sujets de discorde, plus la vie à deux sera sereine. C'est ce vers quoi nous pouvons tous tendre.
Et cette expérience de couple nous sert partout : avec nos enfants, dans notre famille, dans notre travail… Nous apprenons à deux à faire du déminage. Ne pas attendre que ça explose mais prévenir. Alors, c'est le temps de la paix.