Cancer de la prostate, faites un dépistage dès 50 ans : toucher rectal et dosage sanguin PSA

Publié par Dr Philippe Presles
le 31/10/2002
Maj le
4 minutes
Afin de dépister le plus précocement possible un éventuel cancer de la prostate, et donc d'en faciliter la prise en charge, tous les hommes à partir de 50 ans doivent bénéficier d'un toucher rectal et d'un dosage sanguin du PSA (une protéine spécifique de la prostate).

Cancer de la prostate : un cancer en plein boom

La fréquence du cancer de la prostate ne cesse d'augmenter aux Etats-Unis tout comme en Europe. Ce phénomène est lié d'une part au vieillissement de la population, et d'autre part à la mise en place de moyens de dépistage. C'est ainsi qu'il est actuellement recommandé à tous les hommes de plus de 50 ans, voire 45 ans en cas d'antécédent familial, de pratiquer deux examens : un toucher rectal et un dosage du PSA.

Dosage PSA (Antigène Prostatique Spécifique ) en dépistage du cancer de la prostate

Le PSA (Antigène Prostatique Spécifique) est une protéine spécifique de la prostate. Son dosage permet d'améliorer la détection des petites tumeurs débutantes, jusque-là rarement diagnostiquées à ce stade précoce. Mais malgré ses avantages, son usage pour le dépistage de masse restait controversé. Certes son taux augmente en cas de cancer, mais on le considérait plus comme un marqueur biologique spécifique du tissu prostatique que du cancer.Ces dernières années, les recherches ont permis d'augmenter la sensibilité du PSA dans le dépistage du cancer de la prostate (on mesure aujourd'hui le rapport PSA libre/PSA total). C'est ainsi que cette molécule révolutionne à la fois la détection, l'évaluation et le suivi du cancer de la prostate . La généralisation du dosage du PSA permet actuellement de détecter de nombreux cas de cancer de la prostate à un stade beaucoup plus précoce, et ainsi de les guérir.

La prise en charge d'un cancer de la prostate repose sur 3 éléments :

  • l'espérance de vie du patient ;
  • le degré d'extension du cancer ;
  • les éventuels effets secondaires de chaque traitement.

Des traitements curatifs ou palliatifs du cancer des la prostate

Classiquement, les traitements curatifs du cancer de la prostate s'adressent aux hommes dont l'espérance de vie est supérieure à 10 ans et dont le cancer est localisé à la prostate. En effet, l'évolution naturelle de ce cancer étant très lente, après un certain âge, il n'y a pas de bénéfice à vouloir guérir un patient âgé.Les traitements curatifs consistent en une ablation totale de la prostate (prostatectomie radicale), une radiothérapie externe et une curiethérapie (implantation chirurgicale d'aiguilles radioactives afin de détruire la totalité de la tumeur et ses prolongements). Ces traitements bénéficient de progrès constants, en termes d'amélioration des résultats et de diminution des effets secondaires. La prostatectomie radicale, par exemple, est devenue une intervention courante dont les complications sont rares, bien sûr en dehors des séquelles sexuelles. Les traitements palliatifs du cancer de la prostate s'adressent aux hommes dont le cancer a dépassé la glande prostatique (envahissement ganglionnaire loco-régional ou métastases à distance). Ils consistent à supprimer la sécrétion des hormones androgènes par les testicules, lesquelles stimulent la croissance du cancer (blocage androgénique). Leur efficacité semble limitée en moyenne à deux ans. Le cancer devient alors hormono-résistant et le seul recours est la chimiothérapie. Hélas, les progrès réalisés dans ce domaine sont faibles. Chez les patients très âgés dont le cancer est peu agressif et non symptomatique, une simple surveillance est habituellement recommandée.Enfin, un groupe particulier de cancers de la prostate semble s'individualiser depuis une dizaine d'années. Il s'agit de cancers peu différenciés et rapidement évolutifs. Ils surviennent chez des hommes jeunes, d'âge compris entre 45 et 55 ans, et souvent dans un contexte familial. Bien que cela n'ait pas été clairement établi, ces constatations renforcent l'hypothèse du rôle de certains facteurs génétiques dans la survenue d'un cancer de la prostate. Il est possible que le traitement optimal de ce type de cancer soit l'association de la chirurgie et de la radio-chimiothérapie, même si pour l'instant aucune donnée n'ait été publiée.L'ensemble de ces éléments montre clairement l'importance d'un dépistage précoce du cancer de la prostate : chez l'homme jeune, à partir de 45 ans en cas d'antécédents familiaux, sinon à partir de 50 ans.Tout comme les seins chez la femme, la prostate est un organe à surveiller de près.

Sources

Abstract, Journées internationales de biologie, Paris, novembre 2002, Pr Bernard DEBRE, Service d'Urologie - Hôpital Cochin, AP-HP, Paris.

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