Cancer professionnel : pour ne pas reproduire le drame de l'amiante

Cancer professionnel : un cancer sur dix
Les cancers professionnels représentent près de 10% des cancers. Ce chiffre impressionnant a été révélé par l'Association pour la recherche sur le cancer et la FNATH (association des accidentés de la vie) lors de la présentation des premiers résultats d'un important programme de recherche sur ce sujet.
Amiante, poussières de bois, pesticides, solvants les agents cancérogènes présents en milieu professionnel sont nombreux. On estime à 20.000 le nombre de nouveaux cas de cancers professionnels chaque année et à 15.000 celui des décès.
Pourtant, seuls 1.500 cancers sont officiellement reconnus comme d'origine professionnelle par l'Assurance maladie.
Pesticides et produits phytosanitaires : des professions agricoles au jardinage de loisirs
Les populations agricoles les plus exposées à ces substances présentent 2,6 fois plus de risques de développer une tumeur cérébrale, voire 3,2 fois plus de risques pour certains cancers (gliome).
Mais ce sur-risque concerne également les personnes qui jardinent ou traitent leurs plantes d'intérieur avec de tels produits. Pourtant, ces substances potentiellement nocives restent très largement employées en France, notre pays étant le 2e utilisateur mondial derrière les États-Unis.
Il convient donc d'entreprendre des actions concrètes afin de diminuer le niveau d'exposition des agriculteurs et des particuliers à ces agents cancérigènes : port de gants et de masques, modifications des méthodes d'épandage, ne pas mélanger les produits soi-même. À noter que la ou les molécules cancérigènes en cause n'ayant pas été identifiées, les recherches dans ce domaine doivent se poursuivre.
Poussières de bois et cancer
Les poussières de bois, 2e agent cancérigène après l'amiante, seraient responsables de 28 à 37% des cancers masculins du nez et des sinus. Près de 200.000 travailleurs y sont exposés tous les jours. Chez les ébénistes et les menuisiers, le risque de cancer du nez et des sinus est 40 fois plus élevé.
Cancer, amiante et fibres de substitution
Le rôle particulièrement cancérigène de l'amiante est aujourd'hui bien connu. L'amiante est responsable d'un cancer du poumon sur six, 2,5 millions de personnes sont concernées et on estime qu'elle pourrait entraîner jusqu'à 100.000 décès dans les vingt prochaines années.
Le risque cancérigène des fibres de substitution est en revanche moins connu. Les études vont donc se poursuivre avec pour objectif d'établir des outils de diagnostic plus précoces et de mettre au point des thérapies appropriées.
Un manque d'informations flagrant autour du cancer professionnel
Au final, on constate que le manque d'informations des salariés (les travailleurs ne savent pas le plus souvent à quels produits ils ont été exposés durant leur carrière ; peur de perdre leur travail, etc.) ainsi que des médecins freine le dépistage du cancer professionnel, sa reconnaissance, et retarde le traitement de ce cancer.
On peut se demander par exemple pourquoi on estime que près de 580 cancers de la vessie recensés chaque année auraient une origine professionnelle, alors que seuls 7 cas ont été déclarés comme tels en 2005 ? Trop souvent ignorée, l'origine du cancer professionnel doit être mieux connue pour identifier les populations à risques et développer la prévention du cancer.
Il est essentiel de prendre conscience de l'ampleur des besoins et de ce qu'il reste à faire en matière de prévention du cancer