Cancer : les grandes avancées

Publié par Dr Philippe Presles
le 5/07/2005
Maj le
4 minutes
Autre
Le nombre de cas de cancer a considérablement augmenté au cours des vingt dernières années. Parallèlement, la recherche, les traitements et la prévention du cancer ont considérablement évolué. Le Pr Wolf Hervé Fridman, directeur scientifique de l'ARC (Association pour la recherche sur le Cancer), nous dresse le tableau des grands progrès réalisés dans ce domaine.

Le nombre de cancers explose. Quelles raisons à cela ?

Pr Hervé Fridman : En 20 ans, le nombre de nouveaux cas de cancer par an est passé de 170.000 à 278.000. Cette augmentation est certainement liée au vieillissement de la population et à un meilleur diagnostic, mais aussi à une augmentation des risques liés à la pollution et à notre mode de vie. Parallèlement, le nombre de personnes qui en meurent n'a augmenté que de 20%, ce qui indique que l'on guérit de plus en plus des cancers. Toutefois, des progrès importants doivent encore être faits.

Dans le futur, la connaissance des interactions entre les facteurs héréditaires et les facteurs environnementaux (radiations, produits chimiques, virus) nous donnera la possibilité de mieux prévenir et de mieux traiter les cancers.

 En matière de traitement, quelles sont les évolutions majeures de ces dernières années ?

Pr Hervé Fridman : Il existe des traitements de plus en plus ciblés. Un cancer est la résultante d'une altération génétique d'une cellule, celle-ci devenant alors insensible aux signaux qui contrôlent sa multiplication. La connaissance des mécanismes de cette multiplication offre des pistes pour de nouveaux médicaments. Ce sont par exemple les inhibiteurs de tyrosine kinases, qui ont notamment montré leur efficacité dans certaines leucémies.

De nombreux travaux de recherche consistent, aujourd'hui, à trouver des médicaments ciblés qui agissent uniquement sur les cellules cancéreuses sans altérer les autres cellules qui se multiplient (globules blancs, cellules responsables de la pousse des cheveux, etc.).

Et en matière de prévention ?

Pr Hervé Fridman : Le cancer est d'abord localisé, puis devient invasif, s'étendant d'abord dans les tissus environnants, puis pénétrant dans des vaisseaux sanguins ou lymphatiques pour se propager dans d'autres organes. C'est ce qu'on appelle les métastases.

L'objectif est évidemment de diagnostiquer les cancers au stade le plus précoce.Pour se développer, une tumeur va produire des substances qui vont amener les vaisseaux sanguins à les alimenter. C'est ce qu'on appelle la néovascularisation des tumeurs. A partir du moment où ce mécanisme a été compris, les recherches se sont portées sur des thérapeutiques nouvelles dont l'objectif est d'asphyxier la tumeur en bloquant cette vascularisation.Autre voie de développement : stimuler le système immunitaire pour lutter soi-même contre son cancer. En effet, pendant toute sa phase de développement, les cellules tumorales interagissent avec le système immunitaire. Ce dernier nous sert à nous défendre contre les bactéries, les virus, les parasites, mais aussi contre le développement de cellules variantes et donc contre les cancers. Autour de la tumeur, on trouve des anticorps et des cellules du système immunitaire, mais ils ne sont pas capables de la rejeter. En activant efficacement le système immunitaire, on pourrait aider notre corps à lutter contre les cancers.

Actuellement, il y a tout un travail de recherche autour des greffes : des greffes de moelle osseuse ont permis, dans un certain nombre de cas de leucémie, de détruire les cellules tumorales, donc de guérir la maladie. On commence à étendre cette approche à d'autres tumeurs et avec d'autres types de greffe.D'autre part, plus d'une trentaine d'anticorps monoclonaux sont utilisés en cancérologie contre différents types de molécules (pour bloquer la vascularisation des tumeurs, les récepteurs de croissance…). Ils sont capables de les reconnaître et de s'y fixer de façon très spécifique, c'est pourquoi nous parlons de thérapeutique ciblée.

Peut-on espérer disposer un jour d'un vaccin anti-cancer ?

Pr Hervé Fridman : En effet, la mise au point de vaccins préventifs est un objectif. Mais cela n'est envisageable que lorsque le cancer est associé à un agent infectieux (pour certains cancers du col de l'utérus, du foie, de l'estomac). De nombreuses années de recherche sont encore nécessaires.

A consulter également

Le site internet de l'Association pour la Recherche sur le Cancer

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