Cancer du sein : savoir se faire conseiller

Publié par Dr Sylvie Coulomb
le 3/12/2001
Maj le
4 minutes
Autre
Outre les aspects purement techniques et médicaux de la prise en charge, la femme atteinte d'un cancer du sein se pose de nombreuses questions et ne sait pas toujours à qui s'adresser. L'équipe médicale, la famille, les amis et les associations de patients sont autant d'interlocuteurs privilégiés. Voici quelques unes des questions que les femmes sont fréquemment amenées à se poser.

A qui en parler ?

Avoir un cancer constitue une situation angoissante dont il peut être difficile de parler, même à ses proches. Certaines répugnent à en parler aux personnes de leur entourage, de peur de les inquiéter. Pourtant, dans la grande majorité des cas, les personnes que l'on aime sont celles qui savent le mieux écouter, comprendre et aider. En ce qui concerne les enfants, l'attitude habituelle est de vouloir les protéger. Il est pourtant essentiel de leur parler, en choisissant le moment le plus propice et les mots adéquats. Bien sûr, le conjoint est la personne avec laquelle il est le plus facile de communiquer car il est sûrement celui qui vit le plus la maladie en même temps que sa femme. Certains se sentent parfois déboussolés ou maladroits, par peur de déranger ou de faire mal. Il est important de les rassurer à ce sujet.En dehors de l'entourage proche, les associations de patientes peuvent être d'un grand secours, en faisant part de leur expérience et en donnant des conseils adaptés. Le psychiatre ou le psychologue de l'hôpital sont également là pour aider les femmes à gérer leurs problèmes psychologiques.

Où dois-je être traitée ?

Le choix du lieu de traitement est important, l'objectif étant avant tout d'être prise en charge par une équipe soignante qui inspire toute confiance. La qualité des traitements ne dépend pas de la taille de l'établissement de soins (petite structure ou grand centre spécialisé) ou de son statut, public (centre hospitalier universitaire, centre hospitalier régional), privé (clinique) ou centre de lutte contre le cancer. D'ailleurs, le ministère de la Santé s'attache actuellement à fédérer ces établissements afin que tous les patients d'une même zone géographique puissent bénéficier d'une égale qualité de soins. Le point important est l'existence d'une équipe pluridisciplinaire (chirurgien, chimiothérapeute, radiothérapeute) au sein de l'établissement, ou alors que le médecin qui supervise le traitement soit en relation avec un centre spécialisé de référence.Pour cela, il est conseillé de s'informer auprès de son médecin traitant, généraliste ou gynécologue, ou encore auprès de personnes ayant été traitées pour cette maladie.

Le traitement est-il possible en cas de grossesse ?

Dans certains cas, oui. Le traitement chirurgical en particulier ne pose aucun problème par rapport au bon déroulement de la grossesse. En revanche, la radiothérapie est contre-indiquée en raison des risques qu'elle présente pour le fœtus. Elle sera alors réalisée après l'accouchement. En cas de nécessité absolue, la chimiothérapie (ou traitement médicamenteux) peut être entreprise après le premier trimestre de grossesse.Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à poser toutes les questions souhaitées au médecin traitant ou à l'équipe de cancérologie.

Et la relation de couple ?

Parfois, le cancer et ses traitements compliquent les relations et la communication dans le couple. Le cancer du sein représente un traumatisme important qui peut avoir des répercussions sur l'image corporelle et sur la sexualité. Bien souvent, pendant les traitements, la femme ressent moins de désir et il lui est parfois difficile d'aborder ce sujet avec son conjoint. Pourtant, dialogue et tendresse permettent le plus souvent de surmonter les difficultés. Parfois, une aide spécialisée peut être nécessaire.

Dois-je informer mon employeur ?

Il s'agit d'une question délicate car il est difficile de savoir comment l'employeur va réagir en apprenant la nature de la maladie. Certains peuvent être tentés de licencier sous prétexte d'une longue absence. Dans d'autres cas, il peut s'agir d'une perspective de promotion qui va se trouver menacée. Heureusement, de nombreuses structures professionnelles font preuve d'une grande solidarité.De façon générale, il vaut mieux ne pas trop exposer sa vie privée dans le cadre professionnel. D'un autre côté, il est vrai qu'il n'est pas toujours facile de dissimuler sa fatigue ou d'expliquer des absences répétées. Ici encore, un soutien psychologique peut s'avérer utile de même que les conseils d'associations de patientes.

Quelles sont les réglementations concernant cette maladie ?

Vis à vis de l'assurance maladie, le cancer du sein entre dans le cadre des affections de longue durée (ALD), entraînant une exonération du ticket modérateur et une prise en charge à 100%.Des dispositions d'indemnisation et d'aménagement du travail sont prévues dans le droit du travail. Elles dépendent essentiellement de la profession exercée et du statut, salarié ou libéral. L'adaptation du temps de travail est possible dans certains cas.Un rendez-vous avec une assistante sociale peut être très utile afin d'être conseillée sur tous ces points et informée sur ses droits.

Puis-je continuer à travailler pendant la période de traitement ?

Poursuivre son activité professionnelle peut être importante pour permettre à la femme de garder son équilibre. Cependant, certaines activités comportant le port d'objets lourds ou la sollicitation importante du bras opéré ne sont pas possibles au cours du traitement.De plus, il est essentiel que l'activité professionnelle n'entrave pas le bon déroulement des traitements. L'idéal est une reprise progressive du travail et des temps partiels « thérapeutiques » peuvent être accordés dans certains cas. Ici encore, les conseils d'une assistante sociale peuvent être précieux.

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