Cancer du sein : quand l'hérédité s'en mêle

Publié par Stéphanie Koplowicz
le 15/10/2012
Maj le
3 minutes
cœur encadrant des doigts sur la poitrine de la femme avec un insigne rose pour soutenir la cause du cancer du sein, ps vous pouvez changer la couleur du ruban en rouge pour soutenir le sida car les deux en utilisant le même symbole
Autre
Une mère, une grand-mère, une sœur…
Certaines familles semblent touchées par une épidémie de cancers du sein.
Cette impression est-elle fondée ?
Le cancer du sein est-il héréditaire ?
La question est complexe…

Cancer du sein : cas isolé ou cas familial ?

Une "chance" sur dix.

Tel est le risque qu’a chaque femme de développer un cancer du sein au cours de sa vie.

Dans près de 90% des cas, le cancer frappe au hasard et touche alors surtout des femmes ménopausées.

Et même si le sort semble parfois s’acharner sur certaines familles, le cancer du sein n'a dans la plupart des cas pas d’explication génétique, ni de cause héréditaire.

Quand le cancer du sein est inscrit dans les gènes…

Dans les 10% de cas restants, la prédisposition génétique est bel et bien une réalité.

Cette hérédité est fréquemment liée à une anomalie sur l’un des deux gènes appelés BRCA 1 et BRCA 2. Lorsque l’un de ces deux gènes, présents en deux exemplaires chez chaque être humain, est anormal, les risques de cancer du sein sont accrus.

Avec des conséquences légèrement différentes pour les familles touchées :

  • En cas de mutation sur le gène BRCA 1, le risque de développer un cancer du sein au cours de sa vie est particulièrement élevé : jusqu'à 80%.
  • Lorsque c'est le gène BRCA 2 qui est touché, le risque atteint environ 50%.

Par ailleurs, les cancers du sein associés à cette anomalie sur BRCA1 ou BRCA 2 ont tendance à survenir chez des femmes jeunes (avant la ménopause) et à toucher, plus fréquemment, les deux seins.

Test génétique : peut-on prédire le cancer du sein ?

La mise en lumière de l'existence des gènes BRCA 1 et BRCA 2 doit-elle inciter chaque femme à demander un test génétique ?

Certainement pas !

Actuellement, les analyses génétiques restent coûteuses et complexes. Elles ne sont proposées qu'à certaines patientes, en fonction de leur histoire familiale et personnelle :

  • plusieurs cancers du sein dans la famille, survenus avant 50 ans,
  • un ou plusieurs cas de cancer touchant les deux seins dans la famille,
  • des cancers du sein et de l’ovaire dans la famille proche,
  • un cas de cancer du sein chez un homme de la famille.

Il faut par ailleurs noter que les mutations de type BRCA 2 sont plus fréquentes dans certaines populations comme en Islande ou chez les juifs Ashkénazes.

Cancer du sein : faut-il demander des analyses génétiques ?

Il est important de savoir que ces analyses ne sont pas obligatoires. Avant de décider de les faire, leur intérêt doit être clairement discuté avec le médecin et le généticien (lors d'une consultation dite "oncogénétique").

En effet, il n’existe aucun traitement médical préventif totalement efficace. De plus, il est psychologiquement difficile de vivre avec une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Le généticien ou l'oncologue n’effectue une analyse de sang qu'après avoir largement informé la patiente sur les conséquences des résultats pour elle et sa famille.

Agir avant que le cancer du sein n’apparaisse

Que se passe-t-il si les analyses de sang montrent la présence de la mutation génétique BRCA 1 ou BRCA 2 ?

Bien sûr, il s'agit d'une mauvaise nouvelle, difficile à accepter. Mais, à défaut de traitement, des solutions existent pour le dépister tôt et le traiter à ce stade précoce.

Parmi celles-ci, une surveillance mammaire rapprochée comportant :

  • un auto-examen des seins mensuel,
  • des examens cliniques annuels,
  • une résonance magnétique (IRM),
  • ainsi qu’une radiographie et une échographie des seins tous les ans.

Certains oncologues proposent parfois l'ablation préventive des deux seins, opération radicale qui n'est conseillée qu’aux patientes à très haut risque et parfaitement informées. Car même si l’ablation est suivie d’une reconstruction des seins, l’impact psychologique n’est pas négligeable.

La solution proposée dépend de chaque patiente et n’est mise en place qu’après examen par le médecin de ses bénéfices éventuels.

Sources

Docteur Marc Abramowicz, Médecin Généticien, Hôpital Érasme, Université Libre de Bruxelles.

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