Cancer de l'œsophage : dépister sans symptômes ?

Publié par Marion Garteiser
le 29/07/2011
Maj le
2 minutes
Autre
Les personnes qui souffrent de reflux gastro-oesophagien ont un risque plus élevé de développer un cancer de l'œsophage que le reste de la population. Une étude vient de montrer que l'absence de symptômes ne va pas forcément de pair avec une diminution du risque.

Cancer de l'œsophage, reflux et traitement du reflux

Les auteurs de cette étude (1) se sont intéressés à des personnes souffrant de reflux gastro-oesophagien à qui une endoscopie avait été prescrite. Certaines avaient des symptômes typiques du reflux (brûles d'estomac, régurgitations, difficulté à avaler) ; d'autres des symptômes atypiques (toux, modification de la voix, sensation de gêne dans la gorge). Par ailleurs, certaines étaient traitées (par inhibiteur de la pompe à protons, traitement classique du reflux), et d'autres pas.

Les cancers plus fréquents chez les patients sans symptôme

Au final, il est apparu que chez les patients traités, paradoxalement, le fait de ne pas avoir de symptômes du reflux augmente fortement le risque de souffrir d'un cancer de l'œsophage. L'étude est de taille réduite. Elle doit donc être confirmée à plus grande échelle. Par ailleurs, à ce stade, les chercheurs ne savent pas expliquer pourquoi ce risque est plus élevé. Le traitement du reflux augmente-il le risque, ou le camoufle-il si bien que le dépistage se fait plus tard ? Quoi qu'il en soit, la leçon tirée à l'heure actuelle est qu'il ne faut pas se baser sur les symptômes pour effectuer ou non une endoscopie en cas de reflux.

Quand faut-il dépister en cas de reflux gastro-oesophagien ?

Le lien entre le reflux et le cancer de l'œsophage est une maladie que l'on appelle œsophage de Barrett. La muqueuse normale de l'œsophage est alors remplacée, à proximité de l'estomac, par une muqueuse de type intestinal. C'est une complication du reflux, qui n'entraîne pas toujours de symptômes, mais augmente fortement le risque de cancers de l'œsophage. C'est pourquoi une surveillance régulière des œsophages de Barrett, par endoscopie et biopsie, est conseillée (2). Traditionnellement, une biopsie est effectuée au moment du diagnostic, puis quelques mois après la mise en place du traitement du reflux. Si l'on ne détecte pas, dans ces deux prélèvements, de cellules précancéreuses, on fera ensuite une biopsie tous les trois ans.

Sources

(1) Nason, Katie S. et coll., Arch Surg. 2011;146(7):851-858. doi:10.1001/archsurg.2011.174 ;

(2) Pr JP Martinet et Dr E. Montesi, Revue de la Médecine Générale, mai 2009.

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