Le cancer colorectal et ses prédispositions génétiques

Publié par La Fondation ARC
le 22/04/2011
Maj le
4 minutes
Autre
Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal est destiné à toutes les personnes âgées de plus de 50 ans. Diagnostiqué tôt, il peut être guéri dans plus de 9 cas sur 10. Cependant, il existe des cas de transmission héréditaire du cancer colorectal qui nécessitent une prise en charge particulière incluant une consultation auprès d’un généticien.

Quand un cancer colorectal est dépisté très tôt, les chances de guérison dépassent les 90 %. Le dépistage de masse grâce au test Hemoccult II®, maintenant organisé sur l’ensemble du territoire national, permet d’identifier précocement un cancer colorectal et d’améliorer ainsi significativement le pronostic vital du malade. L’opération « Mars Bleu » a pour objectif de sensibiliser encore davantage la population à ce dépistage trop peu suivi puisque le taux de participation nationale sur la période 2009-2010 est de 34 %(1).

La fréquence élevée du cancer colorectal

Le cancer colorecta l est le troisième cancer le plus fréquent dans la population française après le cancer de la prostate et le cancer du sein. En France environ 40 000 nouveaux cas sont diagnostiqués par an, avec un âge moyen de diagnostic supérieur à 65 ans. Très fréquent et trop souvent diagnostiqué à un stade avancé (près de la moitié des cas), ce cancer s’avère souvent grave et seul 1 patient sur 2 guérit, 5 ans après le diagnostic. Ce constat en fait la deuxième cause de décès par cancer en France avec 17 400 décès estimés par an, la première cause étant le cancer du poumon.

Les facteurs aggravants et protecteurs du cancer colorectal

Le risque de développer un cancer colorectal peut être augmenté par divers facteurs environnementaux de la vie quotidienne tels que le surpoids, la consommation excessive de viande rouge et de charcuterie, le tabac, l’alcool, mais également à cause de facteurs génétiques appelés gènes de prédisposition (ou de susceptibilité). A l’inverse, des facteurs protecteurs favorisent une réduction du risque de développer un cancer colorecta l tels qu’une activité physique régulière, une alimentation riche en fibre et en calcium, un supplément alimentaire en vitamine D, ou également la prise régulière d’aspirine à faible dose (attention, la prise d’aspirine n’est pas anodine, un conseil médical est absolument nécessaire et l’automédication n’est pas recommandée(2)).

Le Dr Sylviane Olschwang, généticienne et directeur de recherche, souligne toutefois que « ces facteurs protecteurs ne contrecarrent en aucun cas les effets négatifs des facteurs de risque et qu’une vie saine quotidienne sans excès est le meilleure moyen de limiter la survenue d’un cancer colorectal ».

La prédisposition génétique du cancer colorectal

La prédisposition génétique de chaque individu se définit par un ensemble de gènes hérités de ses parents qui augmente le risque de développer une maladie. Le cancer colorectal est soumis à cette loi génétique et selon l’Institut national de veille sanitaire (InVS), les cancers héréditaires représentent moins de 5 % de l’ensemble des cancers colorectaux. Des mutations de quelques gènes spécifiques peuvent accroître le risque d’avoir certains types de cancer colorectal : les polyposes liées à 5 gènes ou le syndrome de Lynch avec 4 gènes impliqués.

Le Dr Sylviane Olschwang explique qu’ « un seul antécédent de la maladie au premier degré, n’augmente pas forcément le risque de développer un cancer colorectal ». Il faut savoir qu’en France, l’âge moyen de diagnostic d’un cancer colorectal est supérieur à 65 ans. Ainsi l’âge de diagnostic chez le parent atteint influence le risque de développer un cancer colorectal selon 3 catégories de risque :

un diagnostic après 60 ans n’augmente pas le risque de cancer colorectal chez les apparentés au premier degré et ne justifie pas une prise en charge oncogénétique,

un diagnostic entre 45 et 60 ans augmente légèrement le risque chez les apparentés au premier degré et justifie un dépistage par coloscopie,

un diagnostic avant 45 ans augmente fortement le risque de prédisposition génétique : une prise en charge oncogénétique et un dépistage par coloscopie seront systématiquement proposés.

Dans tous les cas présentés ci-dessus, le fait d’avoir eu un parent qui aurait développé d’autres cancers ou des polypesbénins est un facteur de risque supplémentaire justifiant une prise en charge oncogénétique.

Le dépistage du cancer colorectal

En France, depuis 2002, le dépistage du cancer colorectal est devenu une campagne nationale de sensibilisation importante qui s’adresse aux personnes de 50 à 74 ans.

Le dépistage du cancer colorectal permet de réaliser un geste responsable pour sa propre vie car détecté précocement, c’est-à-dire sans métastase ni ganglion envahi, ce cancer peut être guéri dans plus de 90 % des cas. Le type de dépistage dépend de chaque individu. Un test Hemoccult II® qui recherche des saignements microscopiques dans les selles, suffit si aucun facteur de risque génétique n’est présent. En cas de risque génétique ou de résultat positif au test Hemoccult II®, une coloscopie et/ou un dépistage oncogénétique sera préconisé.

Propos recueillis auprès du Dr Sylviane Olschwang, généticienne et directeur de recherche, Inserm U891 CRCM & Institut Paoli-Calmettes, Marseille. L’ARC a attribué en 2008 une subvention d’un montant global de 350 000 € sur 3 ans à l’équipe de recherche du Dr Sylviane Olschwang pour un projet d’identification des gènes responsables de la formation des métastases , très fréquentes, dans le cancer du colon.

Sources

ARC

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