Arrêtez de manger ce poisson en conserve (et par quoi le remplacer)
Pratiques, économiques et riches en nutriments essentiels, les conserves de poisson ont toute leur place dans une alimentation équilibrée. Elles offrent un accès simple aux précieux acides gras oméga-3, bénéfiques pour le système cardiovasculaire et le cerveau. Cependant, derrière cette image saine se cache une réalité plus complexe, liée à la pollution marine.
Tous les poissons ne présentent pas le même profil de sécurité. La concentration en polluants varie énormément d'une espèce à l'autre, transformant un choix anodin en supermarché en une décision importante pour sa santé. Savoir distinguer les produits les plus sûrs est devenu une compétence essentielle pour le consommateur averti.
Le scandale du mercure : pourquoi le thon est une "éponge" à polluants
Le principal danger associé au poisson en conserve vient du méthylmercure, une forme de mercure particulièrement toxique pour le système nerveux. Ce polluant s'accumule tout au long de la chaîne alimentaire marine.
Plus un poisson est gros et se situe au sommet de cette chaîne, plus il concentre de mercure. En tant que grand prédateur, le thon est donc l'une des espèces les plus contaminées. Le constat est sans appel : des études européennes montrent que 100 % des conserves de thon analysées contiennent du mercure.
La réglementation elle-même soulève des questions. Le seuil légal de mercure autorisé pour le thon est fixé à 1 mg/kg, une limite trois fois plus élevée que pour la plupart des autres poissons (0,3 mg/kg).
Plusieurs associations dénoncent cette différence comme une concession aux intérêts de l'industrie thonière, sans justification sanitaire. Cette exposition, même à faibles doses, présente des risques de toxicité pour le cerveau, les reins et le foie.
Femmes enceintes et enfants : le danger invisible du méthylmercure
Le cerveau en développement est particulièrement sensible aux effets neurotoxiques des polluants. C'est pourquoi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a émis des recommandations strictes. Elle conseille aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants de moins de 3 ans de limiter leur consommation de poissons prédateurs sauvages.
Le thon en conserve fait partie de cette liste, au même titre que d'autres poissons comme l'espadon ou le requin, qu'il faut éviter.
Au-delà du mercure, d'autres contaminants comme le cadmium et l'arsenic s'ajoutent au tableau. La véritable menace réside dans l'« effet cocktail » de ces substances, dont l'impact combiné sur la santé est encore mal évalué.
Un autre risque, souvent sous-estimé, est la teneur en sel des conserves. Le sodium, utilisé comme agent de conservation, est un facteur connu d'hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires. Il faut aussi se méfier des préparations en sauce, qui ajoutent souvent sel et sucres cachés.
Guide d'achat : les alternatives saines pour continuer à manger du poisson
Face à ces risques, la stratégie la plus simple et efficace consiste à privilégier les petits poissons gras. Sardines, maquereaux ou encore harengs se situent en début de chaîne alimentaire et accumulent beaucoup moins de métaux lourds. La comparaison sur le plan du mercure entre thon, sardine et maquereau tourne largement à l'avantage de ces derniers. De plus, ils sont naturellement plus riches en oméga-3 que le thon, qui est un poisson maigre.
Pour faire un choix éclairé en rayon, il faut décrypter les étiquettes. Si vous consommez du thon, préférez le thon pâle (listao), plus petit et donc moins contaminé que le thon blanc (germon).
Pour maîtriser votre apport en sodium, optez pour des conserves de poisson « au naturel » ou celles portant la mention « à faible teneur en sel ». Enfin, privilégiez les conserves à l'huile d'olive vierge extra plutôt qu'à l'huile de tournesol, moins intéressante sur le plan nutritionnel.