Bars à oxygène : que du vent ?

Les capitales européennes dans le vent
"De l'air, donnez-moi de l'air !" C'est un peu le principe des bars à oxygène, concept lancé en 1996 à Toronto, qui fait aujourd'hui fureur dans des villes comme Tokyo, Londres ou New-York. Depuis deux ans, Bruxelles possède son bar à oxygène. Des narguilés branchés à un concentrateur y distillent de l'oxygène pur à 93 %, auquel s'ajoutent des huiles essentielles. Un cocktail de légèreté aux effluves de menthe, d'agrumes, de gingembre ou d'eucalyptus. D'après Gérald Bazzoni, propriétaire du Pure Bar, détente, réduction de la fatigue et stimulation de la concentration et de la mémoire sont quelques-uns des effets bénéfiques de ce "shoot légal". "Nos premiers clients étaient des pilotes de chasse, habitués à respirer de grandes concentrations d'oxygène en altitude, et des sportifs de haut niveau, qui utilisaient déjà la technique pour améliorer leurs performances. Depuis, notre clientèle s'est élargie." Des 18-25 ans en quête de sensations aux cadres avides de détente, tous semblent y trouver leur compte.
Promesses en l'air ?
Le Dr Thierry Pieters, pneumologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, est sceptique : "Aucune étude sérieuse n'a démontré les effets de l'oxygène en termes de bien-être." Composé à 78% d'azote, à 21% d'oxygène et à 1% de gaz rares, l'air est avant tout essentiel à notre survie. "L'oxygène médical à haute concentration est utilisé comme traitement en cas d'insuffisance respiratoire, lorsque l'organisme n'est plus capable de transporter suffisamment d'oxygène jusqu'aux cellules. A une certaine concentration (au-delà de 99,5%) et sur de longues périodes d'exposition (plus de 6 heures), l'oxygène peut être toxique."
Des précautions pour les médecins
Prescrite par un médecin, l'oxygénothérapie ne présente toutefois ni risque ni contre-indication. "Les temps d'inhalation et les concentrations d'oxygène sont rigoureusement contrôlés, ce n'est pas le cas dans ces bars." Les huiles essentielles ajoutées à l'oxygène sont aussi source d'inquiétude pour le médecin. "Inhaler des huiles, essentielles ou non, n'est pas non plus sans danger pour les poumons." Bref, ces bars seraient à fréquenter avec modération !