Arrêtez de les faire manger dans la rue !

Publié par Paule Neyrat
le 16/09/2011
Maj le
5 minutes
fille avec un hamburger
Istock
La "street food", c'est-à-dire la cuisine de rue est courante dans nombre de pays et surtout en Asie. Mais ça n'est pas une raison pour que les enfants mangent leur  goûter dans la  rue, à la sortie de l'école. Pourquoi ?

Manger dans la rue, des cultures différentes

En France, au Moyen âge, il était habituel de manger dans la rue. Les viandiers y étaient installés, qui vendaient leurs pâtés chauds. Puis au 18ème siècle, les restaurants furent inventés et cette cuisine de rue a disparu peu à peu. Elle s'est réinstallée depuis quelques décennies avec l'arrivée des sandwichs, kebbabs, hamburgers, etc.

Dans la plupart des pays d'Asie, la cuisine de rue est complètement intégrée à la vie. Il en est de même dans la plupart des grandes villes des États-Unis où l'on achète bretzels, muffins, hot-dogs, hamburgers, crèmes glacées, etc., partout et à toute heure dans des chariots ou des fourgonnettes, etc. Il y a même, à New York, un concours de la meilleure cuisine de rue. Et un cours de street food au très célèbre Institute of Culinary.

En Italie, il y a un Festival de la cuisine de rue, le Cibo di Strada (le prochain se tiendra début octobre à Cesena), c'est dire si la cuisine de rue est présente dans ce pays !

Mais au Japon, il est indécent de manger dans la rue. S'en abstenir fait partie des règles de bienséance, comme de s'incliner pour saluer en évitant tout contact physique.

Manger dans la rue, une affaire de générations

En France, maintenant, les jeunes générations (des enfants aux quadras) trouvent normal de manger dans la rue tandis que cela ne viendrait pas à l'idée de leurs parents, encore moins de leurs grands-parents qui furent éduqués à manger toujours à table, celle-ci étant un moment de partage, de convivialité amicale ou familiale.

Pour certains d'entre eux, cette pratique est même choquante, assez impudique : on ne mange pas devant ou avec des inconnus et ce que l'on mange relève de l'intime.

Se balader avec un sandwich à la main que tout le monde peut voir et observer s'il est au jambon ou au fromage, ça n'est pas pour eux !

Mais l'évolution de la société est passée par là, avec l'envahissement des Mc Do et autres fast foods, le marketing de l'industrie agro-alimentaire, la course permanente au temps réduisant de plus en plus la durée des repas, etc.

Et l'intime est bien mis à mal maintenant que les scènes de ménage ou les conversations amoureuses téléphoniques se déroulent souvent sur le trottoir.

Manger dans la rue et hygiène

Rares sont ceux qui soulèvent ce problème.

Les sociologues, les historiens de la cuisine, les journalistes gastronomiques analysent, décortiquent, commentent cette tradition de manger dans la rue dans les différents pays : moderne, pas moderne, ancestrale, séculaire, nouvelle, conviviale, pas conviviale, recettes cultes, etc.

Mais quand on mange dans la rue, on mange avec les mains. Or avant de manger, il existe un impératif de bon sens et séculaire : se laver les mains. C'est une tradition qui existe depuis l'Antiquité, que l'on retrouve dans la Bible, dans toutes les religions, qui a franchi les derniers siècles après que Henri III, en 1574, ait découvert, en Italie, la fourchette qui permettait de manger sans endommager les immenses collerettes, les "fraises", qui entouraient le cou des hommes.

Comment se laver les mains quand on mange dans la rue ? Pas évident. On peut recourir aux lingettes ou à une solution hydro-alcoolique. Mais la plupart du temps, on mange avec ses mains sales.

Goûter dans la rue et hygiène

Avant de sortir de l'école, les enfants ne se lavent pas les mains.

Quand ils rejoignent la personne qui vient les accueillir, celle-ci leur fourre dans leurs mains (pas lavées) un biscuit ou un gâteau pour leur goûter issu du paquet qui était dans leur sac et qu'elles manipulent avec leurs mains (pas lavées).

Si les enfants rentraient direct à la maison pour y prendre leur goûter, ils le mangeraient avec des mains propres ! Et cela contribuerait ainsi à leur faire prendre la bonne habitude de se laver les mains avant de manger.

Goûter dans la rue et habitudes alimentaires

Les bonnes habitudes alimentaires, ça se prend dès la petite enfance.

Quand vous les leur inculquez, vous prenez en quelque sorte une assurance pour les protéger des méfaits de la mal bouffe et de la prise de poids.

Manger assis, tranquillement et en faisant attention à ce que l'on mange, en mastiquant bien pour que la satiété s'installe, c'est une base de l'assurance anti-poids. Impossible à réaliser quand le petit grignote son biscuit dans la rue.

Il y a donc de grandes chances pour que si dès la maternelle, il prend ainsi l'habitude de manger son goûter dans la rue, il la gardera toute la vie. Ado, il trouvera tout à fait normal de se gaver, à n'importe quelle heure, d'un grand cornet de frites, d'un panini ou d'un hamburger trop gras, à n'importe quelle heure. Et bonjour, les kilos !!

Donner à un enfant l'habitude de suçoter une gourde de compote, de manger un petit pain au chocolat ou un de ces biscuits goûter qui va lui donner de l'énergie, dixit la pub, c'est, dès ses premières années, le conditionner aux produits industriels. Donc, à manger trop sucré et trop gras. Et cette habitude, il la gardera aussi !

Goûter : à la maison !

Le goûter est indispensable mais il n'offre aucun caractère d'urgence. Un petit enfant ne meurt pas de faim en sortant de l'école et il peut fort bien attendre d'être rentré à la maison pour prendre tranquillement son goûter.

Qui doit être composé, rappelons-le une fois de plus, de pain avec du chocolat ou du beurre et de la confiture et d'un laitage, bol de lait ou yaourt ou fromage blanc (il lui faut du calcium !).

Mais si un jour, le goûter à la maison n'est pas possible pour cause de cours de musique, de sport ou autre activité à la sortie de l'école, préparez alors du pain et du chocolat, une gourde de jus de fruit maison ou une bouteille d'eau.

Et laissez l'enfant manger tranquillement son goûter en vous asseyant quelque part, sur un banc ou dans la voiture. Inutile de le stresser avec des horaires d'enfer, il a toute la vie plus tard, pour cela ! Pour le moment, c'est à vous de le préserver.

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