Anus qui démange : quelles solutions ?

De quoi on parle ?

Le prurit anal se manifeste pas un besoin irrépressible de se gratter. "Le prurit anal est un motif fréquent de consultation chez le proctologue. Il est tout aussi important de traiter sa cause que la démangeaison  elle-même : le grattage qui en résulte est également responsable de démangeaisons, créant ainsi un cercle vicieux qu’il faut rompre", explique le Dr Thierry Higuero, proctologue et membre du conseil d‘administration de la Société nationale française de coloproctologie.

D’où vient la démangeaison ?

La raison des démangeaisons est variée, parfois proctologique : une fissure, une maladie hémorroïdaire, une ulcération, un trouble de la continence, une infection sexuellement transmissible, etc. Chez certains patients, la cause est dermatologique. Le prurit anal peut être la conséquence d’une infection, le plus souvent une candidose (15% des cas) ou un parasite (oxyure, responsable d’un prurit nocturne). La démangeaison peut aussi avoir comme cause un psoriasis ou un eczéma. "D’autres causes plus rares, dermatologiques mais aussi tumorales justifient une consultation spécialisée en cas de prurit anal" insiste  le Dr Higuero. Enfin, certains médicaments et aliments pourraient être la cause des démangeaisons inexpliquées (la moutarde, les tomates, les prunes, le café par exemple). La cause reste cependant non identifiée dans la moitié des cas environ : on parle alors de prurit essentiel.

Comment calmer la démangeaison ?

Le traitement vise la cause, la conséquence et la prévention. Si la cause du prurit anal est identifiée, il convient de la traiter. L’objectif ensuite est d’avoir un anus propre et sec.

- Il faut supprimer toutes les agressions de la marge anale : lingettes, pommades inappropriées et essuyage trop insistant.

- La région anale doit être lavée avec le plat de la main à l’eau, en position accroupie, après chaque selle (avec utilisation d’une base lavante douce matin et soir).

- Le séchage doit être soigneux et doux, sans frottement.

- Si la peau est suintante il faut appliquer des agents asséchants telle l’éosine aqueuse à 2% (on peut s’aider d’un coton-tige) associée à des protecteurs cutanés comme les pâtes à l’eau (Aloplastine®).

- En cas de lésions de grattage (plaies cutanées superficielles) des crèmes cicatrisantes à base d’oxoyde de zinc (Cicalfat®, Vea Zinco®) sont très utiles.

En cas d’échec de ce traitement (malgré la cicatrisation de la peau) qui doit être maintenu 4 à 6 semaines, ou d’emblée en cas d’aspect épaissi de la peau, on prescrira une crème dermocorticoïde plus ou moins puissante avec une diminution progressive des doses. "Plus rarement et en cas d’échec on peut recourir à l’hypnose, la psychothérapie et les antidépresseurs", ajoute le proctologue. La prévention de la récidive repose sur la constance d’un anus propre et sec avec les conseils d’hygiène locale décrits auparavant. Le défaut comme l’excès d’hygiène doivent être corrigés.

Attention aux mauvaises habitudes !

"Après chaque passage aux toilettes, il ne faut pas s’essuyer avec un papier toilette coloré, parfumé ou de mauvaise qualité. Ne frottez pas surtout pas à l’intérieur (mieux vaut tamponner)", conseille le Dr Higuero. S’il ne faut pas oublier une toilette anale après toute activité sportive, il faut proscrire les savons qui assèchent la peau, les pommades grasses (source de macération), les solutions ou antiseptiques à pH acide et les lingettes (de mauvaise qualité et de façon quotidienne). Enfin il ne faut pas se rhabiller tant que la peau est humide (ni la sécher de façon agressive) et éviter les sous- vêtements synthétiques (privilégier ceux en coton).