Antibiotiques : point trop n'en faut

Publié par Dr Agnès Lara
le 21/01/2002
Maj le
2 minutes
Autre
Les affections ORL ou bronchiques les plus communes sont le fait des Pneumocoques et sont classiquement traitées par des antibiotiques essentiellement des pénicillines. Malheureusement, les résistances de ces bactéries aux antibiotiques sont de plus en plus fréquentes. Une étude vient de montrer que l'apparition de ces résistances était liée à des utilisations répétées d'antibiotiques appartenant à la même famille sur une courte période.

Les bactéries responsables des infections broncho-pulmonaires (bronchites, pneumonies) ou ORL (otites, sinusites) sont régulièrement des pneumocoques. Ils infectent surtout les enfants ou les personnes âgées. Le traitement est classique: les antibiotiques.Les antibiotiques les plus efficaces contre les Pneumocoques sont les pénicillines. Malheureusement, les souches résistantes sont de plus en plus nombreuses (jusqu'à 10% dans le cas des otites). Il peut alors être nécessaire d'effectuer sur le malade un prélèvement buccal qui permettra de déterminer à quel antibiotique le germe est sensible. Seulement voilà, les résistances multitples aussi se mulitplient !

Des antibiotiques efficaces mais pour combien de temps ?

Si les résistances se multiplient, on est en droit de se demander combien de temps les antibiotiques dont nous disposons seront encore efficaces. C'est un réel problème de santé publique, notamment dans les hôpitaux où les germes multirésistants (résistants à plusieurs antibiotiques) sont monnaie courante.

Comment apparaissent ces résistances ?

Ainsi, une étude récemment publiée par Nasrin et coll. montre que les résistances apparaissent notamment quand des antibiotiques de la même famille (celle des bêtalactamines) ont déjà été administrés au même malade au cours des deux mois précédents.La probabilité de voir apparaître des bactéries résistantes augmente encore de 4% pour chaque jour supplémentaire d'utilisation de bêtalactamines au cours des 6 mois précédents.

Comment réagir ?

En attendant la généralisation de la vaccination contre les pneumocoques, la seule solution est une modération dans la prescription antibiotique. Et de ce point de vue, le malade aussi a son rôle à jouer. Tout d'abord, l'usage systématique du carnet de santé est primordial pour permettre au médecin traitant de prescrire un antibiotique qui ne l'ait pas déjà été dans les mois précédents. D'autre part, on ne doit pas réclamer à « corps et à cri » des antibiotiques mais laisser le médecin décider de l'opportunité ou non de sa prescription. Il faut en effet savoir que les antibiotiques actifs sur les bactéries sont inutiles dans 95% des bronchites qui sont le plus souvent virales. Les antibiotiques ne sont prescrits dans le meilleur des cas que pour éviter les surinfections bactériennes, et au pire par complaisance vis à vis du patient.

Alors, pour que les bactéries ne résistent pas, résistez aux antibiotiques !

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