Antibiotiques : où est le problème ?

Mais pourquoi, au juste, faut-il faire attention à sa consommation d’antibiotiques ?
De plus en plus de bactéries résistantes aux antibiotiques
Les bactéries que nous ne parvenons pas à éliminer avec les antibiotiques traditionnels sont de plus en plus nombreuses. On voit même apparaître des bactéries contre lesquelles les médecins ne peuvent rien faire du tout : elles sont appelées toto-résistantes (c'est-à-dire résistantes à tous les antibiotiques connus). Bien que rares, elles sont en augmentation.
Ce phénomène met en danger tout notre système de santé. Selon l’OMS, si l’évolution actuelle se maintient, des infections courantes et des blessures mineures que nous considérons comme sans danger pourraient à nouveau tuer. De même, des opérations qui entraînent un risque infectieux comme la pose de prothèses de hanche ou de genou par exemple, banales aujourd’hui, deviendraient extrêmement dangereuses dans un futur où nous ne pouvons plus compter sur les antibiotiques.
Antibiotiques : comment apparaît la résistance des bactéries ?
Imaginons une bactérie dans un intestin – le vôtre, ou celui de votre voisin. Elle vit parmi des milliers de congénères, certaines inoffensives et d’autres qui peuvent rendre malade.
Imaginons, maintenant, que débarque dans ce système digestif un antibiotique. Il a été pris par voie orale, pour une infection banale – une complication d’un rhume, par exemple. La bactérie dont nous parlions s’y voit donc exposée, comme toutes celles qui l’entourent. Celles-ci se retrouvent donc mal en point, et le ou la propriétaire du système digestif peut d’ailleurs être affecté – les diarrhées qui suivent la prise d’antibiotiques sont bien connues.
Mais notre bactérie, elle, ne meurt pas : elle est porteuse d’une mutation génétique qui lui permet de résister à l’antibiotique. Une chance pour elle : puisque toutes les autres bactéries de l’intestin ont été éliminées par l’antibiotique, elle a toute la place et toutes les ressources qu’il lui faut pour se multiplier. Les nouvelles venues seront toutes résistantes à l’antibiotique en question ; et il suffira de mains mal lavées au sortir des toilettes pour qu’elles soient transmises à d’autres personnes, qui deviendront à leur tour porteuses de bactéries résistantes.
Voilà pourquoi le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques est un risque que l’on prend à chaque traitement, et pourquoi il faut limiter fortement le nombre de ces traitements. Sans, bien sûr, renoncer aux antibiotiques, qui sont en cas d’infection bactérienne extrêmement efficaces et indispensables.
Comment diminuer l’augmentation du nombre de bactéries résistantes ?
Mais comment faire ? Les médecins et les chercheurs font de gros efforts pour diminuer le nombre de bactéries résistantes notamment à l’hôpital.
Les pouvoirs publics aussi ont investi fortement dans la recherche de nouveaux antibiotiques – avec succès, comme le prouve cette semaine encore la découverte d’une nouvelle molécule, la teixobactine, efficace sur des bactéries résistantes aux autres antibiotiques.
Mais beaucoup de choses restent à faire pour nous, les simples patients :
- Ne pas faire pression sur son médecin pour recevoir des antibiotiques quand ils ne sont pas nécessaires.
- Prendre très scrupuleusement un traitement antibiotique qui se justifie : respecter les doses prescrites, suivre le traitement jusqu’à la fin même si les symptômes ont disparu, etc.
- Eviter la propagation de nos bactéries en respectant les règles d’hygiène et surtout la première : se laver les mains soigneusement après être allé aux toilettes, s’être mouché ou avoir éternué, et avant de préparer à manger.
Sources
Dossier INSERM, mai 2013. BAPCOC (http://www.health.belgium.be/Antibiotiques/Risks/Resistant/index.htm). Rapport OMS.