Altruisme : se faire du bien en faisant du bien

Publié par Dr Philippe Presles
le 21/10/2013
Maj le
3 minutes
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Dans son dernier livre, Matthieu Ricard fait un long plaidoyer en faveur de l’altruisme qui est, selon lui, la meilleure de nos qualités pour relever tous les challenges de ce XXIème siècle.En plus, pratiquer l’altruisme fait du bien à notre santé, et nous permet de vivre plus heureux plus longtemps !

Partant du constat que dans notre société, l’égoïsme se développe à grande vitesse et que les grands challenges qui sont devant nous, comme le réchauffement climatique ou l’appauvrissement d’une partie des populations, devront faire davantage appel à plus de générosité et de détachement, Matthieu Ricard s’interroge sur les solutions que peut nous apporter la pratique de l’altruisme.

Dans ce but il développe cinq idées fortes, intéressantes, car elles nous font réfléchir sur le sens profond de notre vie.

1-L’altruisme est inné et universel

L’altruisme est un talent que nous partageons tous et depuis notre plus tendre enfance, puisque selon Michael Tomasello, les enfants sont capables d’actes désintéressés dès l’âge de 14 à 16 mois.

Mais c’est aussi un talent que nous pouvons cultiver chez nos enfants, en leur apprenant l’importance du respect de l’autre, comme cela a été montré chez les Justes parmi les nations (ceux qui ont sauvé des Juifs pendant la Deuxième Guerre Mondiale au péril de leur vie) interviewés après guerre. Tous faisaient référence à la grande ouverture aux autres de leurs parents.

2- L’altruisme est vraiment désintéressé

Matthieu Ricard constate que si l’on demande à ceux qui donnent leur sang s’ils préféreraient être payés, seuls 2 % répondent que oui.

Tous les autres répondent que donner est un besoin qui leur fait du bien et qu’il est important pour eux de se rendre utiles.

3- L’altruisme n’est pas une perte

Freud et nombre de ses suiveurs considéraient l’altruisme comme du masochisme, car il n’y avait rien à gagner. Ou bien comme une volonté hypocrite de gagner quelque chose en contrepartie. Matthieu Ricard s’oppose à cette vision réductrice de l’homme et considère que toute générosité désintéressée apporte un enrichissement en termes de bien-être.

4- L’altruisme améliore bien-être et santé

Le psychologue Allean Luks, en suivant des milliers d’Américains, constate que ceux qui participent à des activités bénévoles sont en meilleure santé que ceux du même âge n’y participant pas.

D’autres études ont montré que la participation à des activités bénévoles protégeait de la dépression, et pour les adolescentes de la toxicomanie, des IVG et du décrochage scolaire.

5- L’altruisme se cultive au quotidien

Nous sommes naturellement altruistes avec nos proches.

Pour étendre notre altruisme au reste de l’humanité, Matthieu Ricard propose deux pistes : celle de son maître le dalaï-lama, qui invite à cultiver la compassion en soi lors de séances de méditation, et celle de la défense de valeurs au quotidien. Les deux pratiques développent notre aptitude à la bienveillance.

En conclusion...

Finalement Matthieu Ricard oppose deux sociétés :

  • la société compétitive, où chacun se méfie de l’autre, cherche à promouvoir ses intérêts sans trop se soucier des autres,
  • la société coopérative, dans laquelle on consacre du temps et des ressources à autrui.

C’est dans cette deuxième forme de société que, selon Matthieu Ricard, « s’enclenche un cycle vertueux de solidarité et de réciprocité qui nourrit des rapports harmonieux. »

C’est pour cela que selon l’auteur la pratique de l’altruisme est l’avenir du Monde tout en étant notre meilleure source de bonheur et de santé.

Source : Matthieu Ricard, Plaidoyer pour l'altruisme : La force de la bienveillance. Edition Nil, septembre 2013.

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