Allergie aux pollens : zoom sur les traitements

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 21/04/2008
Maj le
3 minutes
Autre
Les pollens empoisonnent la vie des personnes allergiques. Si leur éviction n'est pas envisageable, il est cependant possible de recourir à un traitement, voire à une désensibilisation. Le Dr Patrick Rufin*, pneumo-allergologue, nous précise la nature des traitements et dans quels cas faire appel à la désensibilisation.

Quels sont les traitements de l'allergie aux pollens ?

Le traitement de la pollinose, appelée classiquement le rhume des foins, est symptomatique en première intention, c'est-à-dire que l'on cherche à faire disparaître les symptômes de l'allergie. Il repose sur des antihistaminiques que l'on prend par voie orale sous forme de comprimés ou de sirop en fonction de l'âge du patient. Ils peuvent également être administrés localement sous forme de gouttes nasales ou de collyre. A ce traitement antihistaminique, on peut associer des corticoïdes locaux sous forme de gouttes nasales et/ou des antileucotriènes, en particulier dans les cas où un asthme est associé à la rhinite allergique. En effet, asthme et rhinite coexistent souvent. Les pollens que l'on inhale au niveau des fosses nasales atteignent ensuite facilement les bronches. Dans des cas ponctuels où la symptomatologie est très forte, on peut donner des corticoïdes par voie orale en cure courte.

A côté de ces traitements symptomatiques, on peut recourir à la désensibilisation.

Quid de la désensibilisation aux pollens ou immunothérapie spécifique

Cette technique a beaucoup évolué et s'appelle désormais immunothérapie spécifique. Autrefois, la désensibilisation nécessitait des séries de piqûres. Aujourd'hui, on utilise dans la majorité des cas une autre voie d'administration : la méthode sublinguale (gouttes déposées sous la langue ou des comprimés que l'on laisse fondre sous la langue). Le traitement est débuté au moins 3 mois avant l'arrivée des pollens et est poursuivi durant toute la période d'exposition aux pollens. Pour les pollens d'arbres par exemple, le traitement est débuté précocement car la saison pollinique des arbres commence avant celle des graminées. Il faut également savoir que la désensibilisation est un traitement à mener de manière séquentielle, sur 6 mois environ, et qu'il faut le répéter 3 à 5 années de suite. Outre le fait que la désensibilisation permet de guérir l'allergie alors que le traitement symptomatique ne fait que soulager, elle réduit aussi le risque de passage de la rhinite vers l'asthme. Et enfin, la désensibilisation réduit le risque de voir apparaître une polysensibilisation.

A qui s'adresse la désensibilisation ?

La désensibilisation s'adresse aux personnes qui présentent des symptômes relativement importants sur le plan de leur intensité mais aussi de leur fréquence. Par exemple, elle ne sera pas proposée à une personne qui souffre d'un rhume des foins quelques jours par an lorsqu'elle va à la campagne. En revanche, elle est conseillée aux personnes qui se retrouvent confrontées à des symptômes importants pendant les 2 à 3 mois que dure une saison pollinique. La désensibilisation peut être entreprise à n'importe quel âge. La décision dépend surtout de l'importance des symptômes. Par ailleurs, grâce au développement de la méthode sublinguale (et donc grâce à l'abandon des piqûres), on peut désormais désensibiliser de plus en plus précocement les enfants, ce qui réduit le risque de passage de la rhinite vers l'asthme et celui de polysensibilisation. La désensibilisation est valable pour tous les types de pollens qui donnent des symptômes : les arbres (bétulacées, cyprès, oliviers…), les graminées, les composés (pollens tardifs), etc.

Pour en savoir plus :

Association Asthme & allergies : www.asthme-allergies.org.

Sources

* Le Dr Patrick Rufin, attaché des hôpitaux de Paris, est pneumo-allergologue au laboratoire d'explorations fonctionnelles respiratoires de l'hôpital Necker - Enfants Malades.

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