Allaitement : une aventure à vivre et à débuter dans l'heure qui suit la naissance

Publié par Dr Catherine Feldman
le 22/10/2002
Maj le
4 minutes
Autre
En Finlande, 90% des femmes allaitent. En France, un mois après la sortie de la maternité, seulement une femme sur 10 poursuit son allaitement. Autant dire, que tout aussi naturel que cela soit, l'allaitement reste une aventure… qui vaut la peine d'être vécue !

Les bienfaits médicaux, nutritionnels et psychologiques de l'allaitement maternel ne sont plus à défendre. Rares sont ceux aujourd'hui qui oseraient même dire le contraire (en dehors de certaines circonstances médicales particulières). Mais au-delà, ou plutôt en deçà, de l'image idyllique de la mère allaitant son petit, il y a la réalité qui ne rend pas toujours ce geste aussi simple, aussi naturel qu'il soit.Pour illustrer ce propos, force est de constater que les accouchées ne restent qu'entre trois à cinq jours dans les maternités (ce qui laisse fort peu de temps pour mettre en route un allaitement réussi) et cette durée, tend à se réduire encore progressivement…

Une femme sur deux allaite à la sortie de la maternité

Si environ 50% des femmes font le choix d'allaiter leur enfant à la sortie de la clinique, elles sont tout juste un peu plus d'une sur dix à poursuivre l'allaitement un mois plus tard. Autant dire que pour une majorité, l'aventure de l'allaitement s'arrête rapidement.Comment en effet s'y retrouver entre les recommandations faites par les médecins, les sages-femmes et les conseils, parfois contradictoires données par les mères et belles-mères ? Comment ne pas se décourager devant des indications (installation de la mère, différentes positions pour allaiter, pesée ou pas du bébé avant et après la tétée, doutes sur la valeur nutritionnelle du lait donné, etc.) qui semblent parfois plus compliquées que le mode d'emploi d'un ordinateur ?

La mise en route de l'allaitement se prépare avant l'accouchement

Pour réussir son allaitement, être persuadée des avantages de l'allaitement maternel ne suffit donc pas. L'idéal, notamment pour un premier enfant, est de pouvoir acquérir certaines connaissances au cours d'une préparation spécifique, afin de faire face aux petits tracas de l'allaitement.

L'allaitement est idéalement débuté dans l'heure qui suit la naissance

Le réflexe de succion du nourrisson est maximum dans les 20 à 30 minutes après la naissance, reste vif pendant les six premières heures, pour ensuite s'affaiblir dans les 24 à 48 heures. Ces informations sont utiles pour comprendre ce qui se passe dans les premiers jours qui suivent la naissance de l'enfant : un bon démarrage de l'allaitement est souvent la clé de la pérennité de celui-ci.

L'allaitement précoce, un critère essentiel de réussite

Si le bébé n'est pas mis au sein régulièrement et cela dès les toutes premières heures (au mieux dans la première heure), au moment où le réflexe de succion devient vigoureux, il existe un risque de sécrétion exagérée de lait responsable d'un d'engorgement des seins. Au contraire, si les premières tétées sont précoces et fréquentes, le processus hormonal qui provoque la montée laiteuse est mieux modulé et la poursuite de l'allaitement en est facilitée.

Les compléments aux biberons sont à éviter, même si la succion est difficile

En outre, c'est le nombre et la durée des tétées qui modulent la quantité de lait. Les compléments au biberon, en rassasiant le nouveau-né, ont tendance à diminuer le nombre et la durée des tétées et freinent la sécrétion lactée. Pour autant, il ne faut pas s'inquiéter de la succion lente, parfois difficile ainsi que des tétées très courtes, peu vigoureuses, voire maladroites des premiers jours. Elles font profiter le nouveau-né du colostrum, premier lait qui concentre un grand apport énergétique dans un très faible volume.

Une baisse physiologique de la sécrétion de lait au septième jour

Au septième jour, alors que les mamans sont le plus souvent de retour à la maison, fatiguées par les réveils nocturnes et le nouveau rythme de la famille, il existe souvent une baisse physiologique de la lactation. Autant le savoir, cela ne signifie pas que la jeune mère n'a plus de lait ou que son lait est insuffisant, voire qu'il n'est pas nourrissant. Cela est lié à un processus hormonal normal, qui fait suite à la naissance. Là encore, l'information est utile pour ne pas se précipiter vers des laits complémentaires maternisés, qui réduiraient encore plus la sécrétion de lait. Au contraire, la multiplication du nombre des tétées à ce moment-là va entraîner une deuxième montée laiteuse. Et à partir de trois mois, la lactation devient un phénomène auto-entretenu par la simple vidange des seins, les nourrices d'antan le savaient bien !

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