Aides auditives, quoi de neuf ?

Publié par Patricia Riveccio
le 24/11/2011
Maj le
7 minutes
aide auditive
Istock
En France, la surdité est un des handicaps les plus répandus. L’idée d’avoir une prothèse qui dénonce le handicap auditif est un énorme frein à l’appareillage. Dommage, les techniques ont énormément évolué et la surdité se fait, désormais, très discrète, voire invisible… De plus en plus petites et performantes, les aides auditives ont fait un véritable bond technologique.

Déficience auditive : nous sommes de plus en plus nombreux...

Sept millions six cent mille Français adultes déclarent souffrir de déficience auditive*, soit 12,7 % de la population. Deux millions de Français malentendants ont moins de 55 ans, 200 enfants naissent sourds et 30 000 à 50 000 adolescents présentent des difficultés auditives.

Cependant, 5 millions de personnes ne sont pas appareillées ! À partir de 74 ans, les problèmes d’audition concernent 31 % de la population : c’est la presbyacousie, perte d’audition naturelle due à l’âge, dont la gêne induite n’est pas une fatalité si l’on a recours aux aides auditives. L’aide auditive est encore taboue en France.

Perte d'audition = perte du lien social

Et pourtant, il est indispensable de garder une bonne audition. Celle-ci permet de converser et de comprendre les autres dans les échanges de la vie courante : faire ses courses ou converser avec son voisin. Au-delà de la simple compréhension de l’autre, l’audition permet de garder un contact social indispensable à un bon équilibre psychologique.

Autre et excellente raison de prendre soin de son audition, son rôle dans la stimulation du cerveau et son maintien à entretenir ses fonctions essentielles. Sans une bonne stimulation auditive donc une bonne audition, le cerveau est moins appelé à travailler, il devient progressivement «paresseux» et peu à peu, il identifie de moins en moins de bruits. Le traitement de la perte auditive est un processus plus simple qu’on ne le pense et qui peut, avec l’aide de l’audioprothésiste, faire retrouver une vie normale.

Aides auditives : technique, la performance

Quatre-vingt six pour cent des personnes appareillées se déclarent satisfaites de leurs aides auditives. «Les aides auditives ont, avec le numérique, connu une révolution technique majeure au cours de la dernière décennie», explique-t-on chez Starkey, entreprise américaine non cotée en bourse et propriété d’un seul homme, audiologiste de métier.

«Un de nos objectifs aujourd’hui, c’est la compréhension dans le bruit», précise Éric Van Belleghem, directeur marketing de la marque. Dans le bruit, une personne malentendante est en grande difficulté avec la réverbération, surtout s’il y a conversation à plusieurs. «Nos huit années de recherche ont permis le développement d’une technologie qui peut identifier la présence de bruit, de voix, de la traiter, de n’en restituer que les indices vocaux importants pour la compréhension.

En gros, priorité à la voix ! Il s’agit donc de séparer le fond des mots et faire émerger les pics de voix. À cela, on ajoute d’autres dispositifs, selon les types d’appareils, qui vont fonctionner comme des zoom sur des appareils photos. C’est-à-dire qu’à partir du moment où l’appareil va détecter des ambiances bruyantes, il va considérer qu’il faut donner la priorité à la parole et réduire la captation des bruits arrière.»

Aides auditives : miniaturisation extrême

«Le lancement de la dernière génération du Carina de la société OTOlogics France, repousse les limites de la miniaturisation. Cet appareil lilliputien constitue une réelle avancée, avec l’avantage de ne pas altérer la chaîne des osselets présente dans l’oreille moyenne.

La France occupe une position de leader dans l’utilisation des techniques de pointe en matière de réhabilitation du handicap, explique son directeur général Laurent Badih. Notre prothèse auditive implantable a la spécificité d’inclure à la fois microphone et batterie rechargeable sous cutanée. La maîtrise unique de fabrication de ces deux éléments permet d’envisager le développement de plusieurs types de stimulateurs implantables actifs pour les troubles de l’audition, ou autres handicaps non traités comme l’acouphène ou l’apnée du sommeil.»

L’appareillage auditif ? Se décomplexer !

Pourquoi les Français ne s’appareillent-ils pas ?

Ils craignent de porter des aides auditives inefficaces, et surtout inesthétiques qui les stigmatiseraient comme personnes âgées. L’appareillage auditif, contrairement au port de lunettes, plus naturel, est moins bien accepté socialement.

Les nouveaux appareils, contour d’oreille ou «oreillette», (voir encadré), sans parler des implants qui sont invisibles, sont plus discrets que les oreillettes kit mains libres des téléphones portables ! L’entraîneur Guy Roux, qui a associé son image à celle de Starkey, raconte qu’il a mis seulement 10 jours pour s’habituer à cette aide auditive et retrouver les bruits qu’il avait oublié «comme la pluie sur le toit de sa voiture et le goût des discussions entre amis». Le cerveau, après des années de malaudition n’a donc eu besoin que de 10 jours pour se réhabituer au son !

Prothèses auditives : indétectables et autonomes

En dehors du contour d’oreille, on trouve la prothèse intra-auriculaire, deuxième forme d’appareil auditif la plus utilisée. Cette oreillette qui se loge à l’intérieur de l’oreille, dans le conduit auditif, est constituée d’une coque réalisée sur mesure après prise d’empreinte et dans laquelle sont implantés tous les composants de la prothèse.

Les prothèses à conduction osseuse se caractérisent, elles, par le fait que le son est converti en signal vibratoire qui se propage directement dans l’oreille interne au lieu d’être transmis par un écouteur sous forme d’une onde sonore aérienne.

Enfin, les lunettes auditives ont des branches évidées pour pouvoir accueillir les boîtiers de certains types de contours d’oreille.

Question d’esthétique. Pour permettre à la prothèse de fonctionner, il faut une pile. Celle-ci a une autonomie qui peut varier de 12 à 15 jours pour le contour d’oreille et de quatre à sept jours pour un intra auriculaire. Le Lyric de Phonak, installé par un audioprothésiste dans le conduit auditif, totalement invisible se porte 24 h/24, avec une autonomie de pile de quatre mois, et est proposé sous forme d’abonnement. C’est au patient de définir ses priorités, qualité de restitution des sons, confort, discrétion, facilité d’utilisation, entretien, coût, avec l’audioprothésiste. Aujourd’hui, le choix est large et la qualité ainsi que la discrétion sont au rendez-vous !

*Étude Euro Track 2009.

Trois types d’appareils auditifs

  • Les contours d’oreille : on les connaît, ce sont ceux qui se voient le plus. Ils sont placés derrière le pavillon de l’oreille et occupent 60 % du marché. Ils sont reliés à un embout, par un petit tube de quelques centimètres. Heureusement, ils sont de plus en plus miniaturisés. Mais parce qu’ils sont externes, ils sont visibles. Une des tendances actuelles est aussi de désolidariser l’écouteur du reste de l’électronique de l’appareil pour le placer directement dans le conduit auditif.
  • Les intra-auriculaires: ce sont les «sur mesure». Ces prothèses sont fabriquées à partir du moulage de votre oreille. Elles sont placées à l’intérieur de l’oreille et sont donc quasiment invisibles. C’est un petit fil qui permet leur extraction. Il existe ainsi trois types d’appareils intra-auriculaires : l’intra-conque, dans le pavillon, l’intra-conduit, dans le conduit auditif et l’intra-canal, le plus discret, profondément introduit dans le conduit auditif.
  • Les «open-fitting» : c’est l’intermédiaire entre l’intra-auriculaire et l’appareil externe. Il s’agit d’un appareil à embout ouvert qui ne bouche pas l’oreille. Il ressemble à un contour d’oreille, avec un boîtier placé derrière l’oreille et un tube transparent invisible. Il est terminé par un embout à ailette souple, placé dans l’oreille. Intéressant en cas d’allergie ou de sensibilité du conduit auditif.

Aides auditives : et les implants ?

Il existe trois principaux types d’implants auditifs.

  • L’implant de l’oreille moyenne : un petit vibreur, commandé par microprocesseur, est fixé sur un des osselets. Carina G4, le dernier implant 100 % invisible d’OTOlogics en est un exemple. Implanté sous la peau au niveau de l’oreille moyenne, il est composé d’un microphone, d’un processeur sonore et d’un transducteur. Il permet de se connecter directement avec son smartphone. Cet implant convient aux surdités de transmission, quand les prothèses classiques sont inefficaces ou que le patient ne les supporte pas.
  • L’implant cochléaire : l’implant cochléaire est une sorte d’oreille interne artificielle qui permet de remplacer l’oreille interne déficiente. Nucleus 5, le dernier né de Cochlear, leader mondial de l’implant cochléaire, est adapté notamment aux enfants dès 12 mois. Une fois sous la peau, l’implant est totalement invisible. Il sera réglé de façon à reproduire les sons aigus et graves au plus proche de la réalité, nécessaire à la compréhension de la parole. Nucleus 5 dispose également d’une partie externe amovible, qui se place derrière l’oreille et se connecte à l’implant interne par un système d’aimant. Il envoie ensuite le signal à la partie interne via son antenne, qui convertit les sons. L’implant Cochlear est indiqué aux personnes souffrant de surdité de transmission ou de perception.
  • L’implant à ancrage osseux : un vibreur est implanté dans l’os pariétal. Les vibrations sonores sont transmises par conduction osseuse. Convient aux surdités de transmission, quand les osselets sont très abîmés ou totalement détruits. Cet implant est indiqué pour les surdités de transmission importantes, la surdité mixte (transmission et perception).

Sources

Côté Santé

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