Additifs et hyperactivité de l'enfant : le doute

Les additifs favorisent-ils l'hyperactivité ?
En septembre 2007, une étude britannique publiée dans un grand journal médical, The Lancet, trouve un large écho dans la presse internationale. Elle révèle à l'époque que certains additifs alimentaires augmenteraient le niveau d'hyperactivité chez les enfants de 3 ans à 9 ans. Selon les auteurs de cette étude, les enfants qui ont pris ces substances pendant de nombreuses années ont plus de probabilité de présenter des signes d'hyperactivité.
L'EFSA plus prudente
Des scientifiques de l'Autorité européenne de sécurité des aliments se sont penchés sur l'étude en questions, qui concerne l'effet de deux associations de certains colorants alimentaires* et du conservateur benzoate de sodium. Leurs conclusions n'abondent pas dans le sens des chercheurs britanniques. En effet, ils concluent que cette étude n'apportait que des preuves limitées d'un léger effet sur l'activité et l'attention de certains enfants. Par ailleurs, les effets observés n'étaient pas cohérents pour les deux groupes d'âge et pour les deux associations utilisées lors de l'étude.Compte tenu de ces incertitudes et de la faiblesse de l'étude, le groupe ne recommande pas les résultats de cette étude pour une modification de la DJA** des colorants alimentaires respectifs ou du benzoate de sodium.
Des questions restent posées quant aux additifs
Pourquoi l'EFSA émet-elle des doutes ? Premièrement, avec cette étude, il est aujourd'hui impossible d'identifier quels additifs seraient éventuellement responsables puisque seules des associations ont été testées. Deuxièmement, si ces résultats peuvent conforter les personnes sensibles/allergiques aux additifs dans la vigilance sur l'étiquetage alimentaire, il n'est pas possible d'extrapoler à l'ensemble de la population. Enfin, des experts en comportement de l'EFSA estiment que tant bien qu'il y ait un impact sur le taux d'hyperactivité, il n'était pas avéré que les petits changements observés dans l'attention et l'activité gêneraient le travail scolaire ou les autres fonctions intellectuelles.
Quels produits pourraient influencer l'hyperactivité?
Quelques études conduites entre 2002 et 2005 indiquent que les enfants qui consomment des bonbons et des boissons sans alcool très colorés peuvent atteindre, pour certains additifs mis en cause, les doses quotidiennes données dans le cadre de cette étude - et qui semblent donc avoir un effet sur l'hyperactivité. Des recherches réévaluent actuellement au cas par cas la sécurité de tous les colorants alimentaires autorisés dans l'Union européenne, en incluant ceux de l'étude anglaise. Des avis devraient être adoptés d'ici la fin de l'année.* Les additifs inclus dans les 2 mélanges donnés aux enfants étaient la tartrazine (E102), le jaune de quinoléine (E104), le jaune orangé (E110), le Ponceau 4R (E124), le rouge Allura AC (E129), la cramoisine (E122) et le benzoate de sodium (E211). ** La DJA ou dose journalière acceptable est une mesure de la quantité d'une substance, tel un additif alimentaire, qui peut être consommée au cours de la vie sans aucun risque notable pour la santé. Les DJA sont exprimées en milligrammes (de substance) par kilogramme de poids corporel par jour.