Acné : les causes qu'on ignore trop souvent

Publié par Audrey Vaugrente
le 19/02/2018
Maj le
4 minutes
female doctor examining pigmented skin with dermatoscope
Istock
Souvent associée à l'adolescence, l'acné n'épargne pourtant pas les adultes. Si le mode de vie est bien souvent accusé, ses causes sont bien plus nombreuses. E-Santé tire les choses au clair avec le Dr Jean-Luc Rigon, dermatologue à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Des cosmétiques qui bouchent les pores

En temps normal, notre épiderme produit du sébum, une substance huileuse qui le protège des agressions extérieures. Il est produit par le follicule pilo-sébacé et évacué vers la surface de la peau.

Mais il arrive que ce processus soit perturbé. Parce que le sébum est produit en excès, mais aussi parce qu'il n'est pas évacué correctement. C'est ce qu'on appelle l'acné. Chez l'adulte, elle peut avoir deux causes : internes ou externes. Dans ce dernier cas, les produits qui sont appliqués sur la peau jouent un rôle prépondérant.

"Certaines acnés sont liées à des cosmétiques mal choisis, qui bouchent les pores de la peau, confirme le Dr Jean-Luc Rigon. C'est pourquoi nous, dermatologues, conseillons les gammes de produits non comédogènes, qui ne donnent pas de points noirs."

En effet, ces produits nettoyants et maquillants ont été conçus pour ne pas interférer avec le mécanisme naturel de la peau. En ne bouchant pas les pores, ils limitent la formation des fameux comédons – aussi appelés points noirs.

Le rôle méconnu du cycle menstruel

Pour ce qui est des causes internes de l'acné, les hormones figurent sans doute parmi les plus courantes. De nombreuses femmes peuvent en témoigner : peu avant les règles, le visage "bourgeonne". Cette acné – de faible intensité – concernerait jusqu'à 20 % de la population féminine. Et cela n'a rien d'étonnant, selon le Dr Rigon.

"L'acné est une maladie hormonale, explique ce dermatologue. Les jeunes hommes ont une forme explosive parce qu'ils font une seule puberté, alors que les femmes font une "mini puberté" tous les mois, c'est le cycle menstruel."

C'est pour cette même raison que ces dames sont moins touchées par les formes sévères d'acné, celles qui laissent de lourdes cicatrices sur le visage et le haut du corps. La contrepartie de cette "protection", c'est qu'elles sont exposées à des poussées de bouton tant qu'elles ont un cycle menstruel normal – donc jusqu'à la ménopause. Mais Jean-Luc Rigon se veut rassurant : "Le pire moment de la vie, c'est entre 20 et 30 ans pour 80 % des femmes."

La maladie de Verneuil

Si les hommes sont donc relativement épargnés par l'acné, ils peuvent toutefois en présenter des formes carabinées – comme l'acné fulminans qui s'accompagne de fièvre et de douleurs articulaires.

Mais ces problèmes de peau peuvent aussi révéler une autre maladie cutanée peu fréquente : la maladie de Verneuil – aussi appelée acné inversée ou acné conglobata. "Si une acné tardive se présente chez un homme adulte, il s'agit très probablement de cette maladie, qui peut durer très longtemps", souligne le Dr Jean-Luc Rigon.

Les symptômes peuvent évoquer une acné classique, mais sont bien plus sévères : nodules douloureux, abcès cutanés et cicatrisation en relief. Outre l'impact social majeur de cette maladie, il est important de la diagnostiquer, car des traitements médicamenteux et chirurgicaux permettent de limiter les séquelles de ces abcès.

Un excès d'hormones masculines

Chez les femmes aussi, l'acné peut révéler une autre pathologie – endocrinienne, notamment. En effet, on sait qu'un excès d'hormones masculines (hyperandrogénie) est associé à une acné plus sévère. Mais on ignore plus souvent que celle-ci est en fait le symptôme d'une pathologie.

C'est le cas du syndrome des ovaires polykystiques, un déséquilibre hormonal qui se traduit – entre autres – par une hausse de la testostérone dans le sang. Et parmi les symptômes figurent l'hirsutisme (pilosité importante), des règles irrégulières et… une acné.

Ces troubles sont dus aux kystes de petite taille qui se développent autour des ovaires. "Ce sont des poches remplies d'hormones qui explosent à certains moments du cycles, donnant notamment des poussées d'acné", explique Jean-Luc Rigon.

Là encore, le diagnostic est important car les répercussions de cette affection ne se limitent pas à la peau. "A chaque fois qu'un kyste explose, il cicatrise. A long terme, une coque fibreuse se forme autour de l'ovaire, ce qui empêche une ovulation correcte, et donc une grossesse correcte", résume le dermatologue qui voit en l'acné "un point d'appel".

Le rôle mal identifié des gènes

Il existe des "familles à acné", c'est un fait. On sait, par exemple, que les jeunes filles dont le père a été acnéique seront plus à risque de présenter une hypersensibilité aux hormones masculines (ou androgènes), ainsi qu'une forme plus résistante aux traitements.

Cette maladie de peau aurait donc des causes génétiques… Mais celles-ci sont encore mal connues. L'étude de certaines populations (près du cercle polaire arctique, certaines îles isolées d'Amérique du Sud) – historiquement épargnées par l'acné – pourrait permettre d'en savoir plus sur le rôle des gènes et celui de l'alimentation. Mais pour le moment, un flou artistique règne.

Sources

Fiche acné, Dermato-info.fr, consulté le 19 février 2018

Acné, l'expertise du dermatologue, Syndicat national des Dermatologues-Vénérologues, consulté le 19 février 2018

Acné féminine : maladie dermatologique ou maladie endocrinienne ?, P. Vexiau et M. Chivot, Gynécologie Obstétrique & Fertilité, janvier 2002

Le syndrome des ovaires polykystiques, Hôpitaux Universitaire de Genève, consulté le 19 février 2018

La maladie de Verneuil, Orphanet, consulté le 19 février 2018

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