A quoi sert l'autorité parentale ?

Publié par Dr Catherine Feldman
le 11/06/2003
Maj le
4 minutes
Autre
De l'autorité, tout le monde en parle… Le thème est récurrent dans l'éducation. Enseignants et parents se trouvent tour à tour accusés de manquer d'autorité. Et le manque d'autorité n'a pas bonne presse au point que les politiques entendent même sanctionner les parents qui ne feraient pas leur preuve en la matière ! Mais l'autorité est souvent mal comprise, parfois contestée ou confondue avec le pouvoir ou l'autoritarisme. Mais qu'est-ce au juste que l'autorité et à quoi sert-elle dans le domaine de l'éducation d'un enfant ?

Lorsque l'enfant naît, « l'autorité parentale » est un des premiers droits acquis de fait. En termes juridiques, « les parents bénéficient d'un ensemble de droits et devoirs résultants de la filiation et ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. » Cette reconnaissance légale, notamment aujourd'hui partagée à part égale en France, entre le père et la mère, est essentielle, également sur le plan psychologique. L'autorité des parents est nécessaire pour que l'enfant grandisse et s'épanouisse. Encore faut-il qu'elle soit bien comprise…

En quoi consiste l'autorité ?

L'autorité n'est évidemment pas un état d'humeur. Il s'agit d'une attitude, d'une posture d'un parent vis-à-vis d'un enfant. Elle consiste à poser clairement à l'enfant des limites dès les toutes premières années. Elle nécessite de savoir refuser une demande de l'enfant lorsque celle-ci dépasse le cadre pré-défini par le parent. Une autorité bien exercée suppose que le parent, idéalement le couple parental, soit très clair sur les limites qu'il souhaite poser à l'enfant et les raisons pour lesquelles il fait ce choix.

L'autorité nécessite de la cohérence et de la souplesse

L'autorité nécessite de la part du parent une grande cohérence, car elle perd tout son sens, si le parent remet en question les limites posées, face à l'insistance de son enfant ou si le cadre change à chaque instant, sans raison. L'autorité demande aussi de la souplesse. Les limites posées doivent pouvoir être remises en question en fonction du cadre de vie et de l'évolution de l'enfant. Une limite posée un jour peut changer, à condition que le parent explique à l'enfant cette modification et que dans tous les cas le dialogue permette de bien apprécier et de respecter les besoins des uns et des autres.

L'autorité est une des plus belles preuves d'amour

L'autorité sert essentiellement offrir à l'enfant un cadre sécurisant, à lui donner des repères qui l'aident à grandir en toute quiétude. Savoir être autoritaire, bien au-delà de ce que certains parents et enfants imaginent, est une des plus belles preuves d'amour. Donner un cadre repérable à l'enfant permet en effet de lui transmettre la sensation d'être « contenu » dans cet espace. L'absence de cette sensation de « contenu » étant génératrice d'angoisse.

L'expérience des limites et de la frustration doit commencer dès le plus jeune âge

Dans cet espace-là, l'enfant doit composer avec son sentiment de toute puissance de ses toutes premières années (l'enfant imagine qu'il peut tout obtenir du monde extérieur et se voit comme maître du monde) et avec les frustrations nombreuses, générées par tout ce qu'il n'obtient pas en se frottant à la réalité. Si petit, il ne fait pas cette expérience des limites et de la frustration, il risque fort à l'adolescence, d'adopter des comportements dangereux, pour tester ces propres limites et celles d'allure illimitée de l'environnement.

Quand l'autorité verse dans l'autoritarisme…

Pour les parents, le juste exercice de l'autorité n'est pas chose facile. Les uns, rarement, tombent dans un autoritarisme à outrance. En adoptant ce comportement, ils n'exercent en fait pas une autorité saine, mais une forme de pouvoir sur leurs enfants. Ils ne tiennent pas compte d'un cadre défini dans lequel l'enfant peut évoluer, mais ils tendent à marquer à chaque instant leur « autorité » dans la vie quotidienne de leur enfant, sans que nécessairement cette marque de pouvoir ait une signification réelle pour l'enfant.

Quand l'autorité se dilue dans le laxisme ou se noie dans la culpabilité

D'autres parents, la majorité, ont du mal à faire avec l'autorité. Peut-être eux-mêmes ont-ils été victimes d'une trop grande rigidité éducative et craignent de reproduire cette erreur. Mais de fait, par opposition, ils tombent parfois dans un certain laxisme, qui en réalité n'est pas satisfaisant pour l'enfant.Dans d'autres cas, comme pour les couples séparés ou dans les familles où les deux parents travaillent, la culpabilité vis-à-vis des enfants vient « polluer » l'autorité. Le parent n'ose plus affirmer son autorité et tend à « gâter » à l'excès son enfant, comme pour se faire pardonner ses choix de vie. Dans d'autres situations encore, les adultes trouvent plus gratifiants d'adopter des attitudes plus permissives. Mais là encore, si le lien paraît plus gratifiant à court terme, les enfants risquent rapidement de manifester des troubles du comportement témoignant de leur recherche de limites.

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