8 questions sur la migraine

La migraine répond-elle à des signes cliniques bien précis ?
Le diagnostic de la migraine repose sur les critères de l’International Headache Society :
- Crises récurrentes (au moins 5 crises dans la vie) espacées de périodes sans douleur.
- En l’absence de traitement, les crises durent 4 à 72 heures.
- La douleur est unilatérale, pulsatile, modérée ou sévère, aggravée par l’activité physique habituelle (au moins deux de ces critères).
- La douleur est accompagnée de nausées et/ou de vomissements, d’intolérance au bruit et/ou à la lumière.
- Dans environ 15 % des cas, la crise de migraine peut être précédée d’une aura (le plus souvent visuelle).
Des examens complémentaires sont-ils nécessaires (scanner, IRM cérébrale) ?
Dans la majorité des cas, aucun examen complémentaire n’est justifié.
En revanche, en cas de douleur sévère d’apparition très brutale (comme en « coup de tonnerre », en moins d’une minute) ou d’une crise très différente des crises habituelles, il est recommandé de passer en urgence un scanner ou une IRM. Rendez-vous dans un centre d’urgence céphalées (hôpital Lariboisière à Paris).
Ces examens sont également requis en cas d’apparition de migraine après l’âge de 45-50 ans chez une personne qui n’était pas migraineuse auparavant.
Comment distinguer une migraine d’une céphalée de tension ?
Lorsqu’il s’agit d’une céphalée de tension, la douleur est plus diffuse que dans le cas d’une migraine, elle est moins intense, n’est pas pulsatile, non aggravée par l’effort et sans signes digestifs. En revanche, comme pour la migraine, la céphalée de tension peut s’accompagner d’intolérance au bruit ou à la lumière (phonophobie ou photophobie).
Comment juger de l’intensité des crises de migraine ?
L’intensité d’une douleur, particulièrement en cas de crises de migraine, est parfois difficile à évaluer. Il faut alors tenir compte des répercussions sur la qualité de vie quotidienne et du handicap : fréquence des crises, durée, signes associés (photophobie, nausées…), des facteurs déclenchants, quantité et type de médicaments utilisés…
Attention, les douleurs répétées peuvent aussi provoquer des syndromes dépressifs et anxieux.
Les facteurs déclenchant la migraine sont-ils les même pour tout le monde ?
Les facteurs déclenchants sont propres à chaque migraineux. C’est pourquoi il est recommandé d’être attentif à tous facteurs susceptibles d’accompagner la survenue, afin de pouvoir s’en prémunir autant que faire se peut : stress, fatigue, effort physique, effort intellectuel, certains aliments, certaines odeurs, les variations hormonales chez les femmes (chute des estrogènes en fin de cycle).
Qu’est-ce qu’une migraine cataméniale ?
La migraine cataméniale correspond à la migraine qui apparaît en fonction du cycle hormonal, soit en fin de cycle, lorsque les hormones estrogènes chutent. La migraine cataméniale fait souvent partie de ce que l’on appelle le syndrome prémenstruel, ensemble de symptômes survenant quelques jours avant l’arrivée des règles : trouble de l’humeur (état dépressif, irritabilité), tension des seins, gonflement, crampes abdominales, poussée d’acné, etc.
Pour preuve de cette relation entre hormones et céphalées, la migraine touche autant les garçons que les filles avant la puberté. En revanche, dès la puberté, la migraine prédomine chez les femmes.
A noter que chez une migraineuse, les crises sont beaucoup fréquentes pendant la grossesse, surtout au cours des deux derniers trimestres.
Qui est concerné par la migraine et à quel âge ?
Après la puberté, les femmes sont majoritairement concernées par la migraine : 3 femmes pour 1homme.
La migraine touche plus souvent des femmes entre 25 et 35 ans. Autrement dit, la migraine diminue avec l’âge, mais on observe aussi parfois une aggravation au moment de la ménopause.
Une femme migraineuse sur 10 ne souffre que de migraine cataméniale, c’est-à-dire exclusivement durant les 3 jours qui précèdent les règles.
La pilule augmente-t-elle les migraines ?
Avec la pilule, tous les cas de figures sont possibles : les crises de migraine augmentent dans un tiers des cas chez les femmes qui prennent la pilule, elles diminuent dans un autre tiers des cas, tandis qu’il n’y a pas de modification dans le tiers des cas restants.
On considère généralement que les pilules faiblement dosées entraînent moins de céphalées.
A noter que le même phénomène s’observe avec le traitement hormonal substitutif de la ménopause : celui-ci augmente, diminue ou ne modifie pas les migraines, voire provoque des migraines de novo (chez un sujet qui n’a encore jamais été migraineux)...
La migraine est une vraie maladie qui nécessite un traitement. Il est nécessaire d’en parler à son médecin afin de trouver celui qui vous convient le mieux (traitement de crise spécifique et/ou traitement de fond). Souvent, il est nécessaire d’en essayer plusieurs avant de trouver celui qui est efficace…
Sources
Le Quotidien du Médecin, spécial femmes, n°8918, 8 mars 2011.