Le traitement de l'hypertension artérielle a-t-il un intérêt au-delà de 80 ans ?

L'hypertension artérielle (HTA) est avec l'hypercholestérolémie et le tabagisme, un des principaux facteurs de risques cardiovasculaires. Depuis plusieurs années, l'approche du sujet hypertendu a évolué, en raison de l'apparition de nouvelles classes thérapeutiques et de la confirmation statistique de l'efficacité d'un traitement bien conduit. Mais les bénéfices observés restent-ils valides pour des sujets très âgés ?
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Comment se définit l'hypertension chez les seniors ?

Chez la plupart des sujets âgés, l'hypertension systolique isolée est diagnostiquée par une pression artérielle systolique supérieure à 160 mmHg, associée à une pression diastolique égale ou inférieure à 90 mmHg. Lorsque pour une même pression systolique, la pression diastolique dépasse 100 mmHg, on parle d'hypertension systolo-diastolique.L'HTA de la personne âgée est souvent difficile à traiter. Les chiffres sont volontiers variables et les risques d'hypotension fréquents.Les principaux médicaments utilisés sont les diurétiques, les bêtabloquants, les inhibiteurs calciques (IC) et les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC). Le but à atteindre pour un sujet âgé hypertendu est de réduire sa pression artérielle et de la maintenir en dessous de 160 mmHg (pour la valeur systolique) et 90 mmHg (pour la diastolique).

Quelle est l'efficacité du traitement au grand âge ?

Cette question est difficile à résoudre car la plupart des études cliniques sur l'HTA excluent les sujets de plus de 75 ans. Pourtant, les résultats de sept essais, totalisant plus de 1607 sujets de plus de 80 ans suivis en moyenne sur trois ans et demi, viennent d'être rapportés. Au sein de cet échantillon, la majorité des patients avaient une HTA systolique (pression artérielle moyenne de 180/84 mmHg, avant traitement) et les trois quart étaient des femmes. Une fois traités (par diurétiques, β bloquants ou IC) les accidents vasculaires cérébraux majeurs (AVC) non fatals ont été significativement réduits (moins 34 %) ainsi que l'insuffisance cardiaque. En revanche, l'efficacité du traitement n'est pas nette en ce qui concerne la mortalité d'origine cardiovasculaire et les accidents coronaires majeurs.Au final, la mortalité toutes causes confondues n'est pas favorablement infléchie par un traitement antihypertenseur. En d'autres termes, les sujets très âgés traités pour HTA ne vivent pas plus vieux que les autres. Malgré tout, le risque d'AVC diminue, ce qui peut laisser présager une meilleure qualité de vie.

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Source : Gueyffier F., Bulpitt C., Boissel J.P. et al., For the INDANA Group. Anti-hypertensive drugs in very old people : a subgroup meta-analysis of randomised controlled trials. Lancet 1999; 353 : 793-793. Aubert J.P., Falcoff H., Ferru P.et al., La Revue du Praticien Médecine Générale. 2001 ; 15 : 628-629.