Se motiver par l'argent... pourquoi pas ?

L'argent est une motivation connue. Si on se lève le matin pour aller travailler, c'est bien pour l'argent... même si l'on aime son métier. Pour s'enrichir, certains sont prêts à se donner beaucoup de peine, et d'autres à faire n'importe quoi, y compris des actes malhonnêtes. Alors, pourquoi ne pas utiliser cette motivation de manière positive ?

L'argent est une motivation positive

Dans le Quotidien du médecin, on rapportait l'expérience personnelle d'un médecin aussi mère de famille (1) : ' Il y a deux ans, expliquait-elle, pour que mes enfants mangent davantage de fruits et légumes, je leur ai promis 10 centimes d'euro par portion consommée. J'ai compris que j'avais gagné quand mon fils de 8 ans m'a demandé s'il aurait un euro en en mangeant 10 par jour. Au bout de 2 mois, j'ai arrêté de payer, mais les comportements avaient changé de façon irrémédiable. À la maison, les petits-déjeuners sont maintenant à base de pain complet, de porridge et de fruits et les dîners à base de légumes sautés… '

Dans le même esprit, au Royaume-Uni, le National Health Service (NHS, service de santé britannique) vient de lancer une expérimentation en Écosse : rémunérer à 16 euros par semaine pendant 3 mois les fumeurs qui arrêtent de fumer. Cette étude va coûter 630 000 euros sur 3 ans. Mais elle sera peut-être rentable à long terme pour le NHS si ces fumeurs améliorent leur santé. Une étude similaire a déjà été couronnée de succès : elle incitait les femmes enceintes à ne plus fumer.

D'autres études ont été réalisées en octroyant une rémunération tous les mois à des adolescentes pour qu'elles ne soient pas enceintes…

L'argent cultive les motivations

En France, le procédé choque plus que dans les pays anglo-saxons où l'efficacité de l'intervention prime. Les Français ont tendance à penser qu'une motivation financière est malsaine. Ainsi, les parents qui donnent de l'argent à leurs enfants en cas de bons résultats scolaires ne sont pas encouragés. L'enfant, dit-on, doit trouver en lui sa propre motivation.

On peut voir les choses ainsi, mais l'on peut aussi se dire que cet enfant va prendre goût à être un bon élève et que l'investissement sera alors intéressant ! De même que les enfants du médecin cité précédemment ont pris goût aux fruits et légumes. L'argent peut parfois être un petit coup de pouce à une motivation un peu faible.

Il faut cependant une motivation personnelle pour prendre le relais. Cette maman n'avait pas l'intention de verser une pension à vie à ses enfants pour qu'ils mangent des fruits et légumes et le NHS prévoit de payer 16 euros par semaine aux fumeurs repentis pendant 3 mois seulement. Par la suite, chacun doit prendre le relais par une motivation et/ou un plaisir personnel.

Si aucun élément positif n'apparaît sur la personne rémunérée, il est évident qu'elle n'intégrera pas à long terme le changement dans son comportement.

Le problème, c'est aussi qu'il faut un ' sponsor ', quelqu'un qui estime gagner quelque chose en investissant de l'argent sur ce changement. Pour le système de santé, gagner un non-fumeur est rentable, éviter une grossesse adolescente aussi. Pour des parents, améliorer la santé, les études de leurs enfants est souvent une priorité.

Et finalement, par rapport à soi-même, chacun peut chercher à adapter cette possibilité de stimulation motivationnelle par l'argent : quand vous avez envie de changer, vous pouvez décider de vous octroyer un bonus. Si j'arrête de fumer, je m'offre une semaine de thalasso dans deux mois. Si je m'inscris dans un club de gym et que j'y vais régulièrement pendant 3 mois, je m'offre un bijou… Bien sûr, la rémunération vient de votre compte personnel, mais si cela peut vous donner un coup de pouce pour être en meilleure santé, pourquoi pas ?

(1) Témoignage paru dans le BMJ du 15 septembre 2007.

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