Aspirine : quand prévenir l’infarctus protège du cancer

La prévention d’une rechute après un infarctus du myocarde associe 3 médicaments clés, une statine, un ou deux antihypertenseurs, et de l’aspirine à faible dose.Bien suivie, cette association peut réduire de 80 % le risque de rechute.Des chercheurs découvrent, en suivant ces malades à long terme, que l’aspirine les protégerait en plus du cancer du côlon et du risque de métastase. Une raison de plus pour bien suivre son traitement…
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Cette association statine / antihypertenseurs / aspirine à faible dose est tellement efficace, que certains chercheurs ont appelé de leurs vœux la création d’une polypill, une pilule qui contiendrait tous ces principes actifs pour protéger leurs patients d’un risque de rechute après avoir fait un infarctus du myocarde.

En pratique, les médecins les prescrivent aujourd’hui dans une co-prescription, et l’on est amené à prendre plusieurs médicaments tous les jours. Mais cela vaut le coup ! On réduit ainsi son risque de rechute de 80 %, à condition d’arrêter de fumer, si ce risque existe aussi.

L’efficacité de l’aspirine à faible dose

Pourquoi dans ces traitements préventifs, l’aspirine est-elle prescrite à faible dose, c’est-à-dire à 75 mg seulement par jour ?

Tout simplement par ce médicament a quatre propriétés fondamentales :

  • antiagrégant plaquettaire à faible dose : il empêche la formation de caillots ;
  • antipyrétique contre la fièvre ;
  • antalgique contre la douleur ;
  • anti-inflammatoire.

L’aspirine est donc un médicament très polyvalent et, en post-infarctus, nous avons seulement besoin de ses propriétés d’antiagrégant, qui se révèlent pour de très faibles doses.

Comme ce traitement préventif existe maintenant depuis longtemps, nous avons aussi un recul important, avec 51 études de cohortes de patients prenant ainsi de l’aspirine à faible dose en prévention. Dans une synthèse récente réalisée par le Dr Rothwell, il ressort du suivi de ces 77.500 patients, qu’après 5 années de prise d’aspirine à faible dose, leur risque de décéder d’un cancer du côlon était réduit de 30 à 40 % ce qui est considérable.

Le Dr Rothwell observe également un autre effet inattendu : à court terme, l’aspirine pourrait également réduire le risque de faire une métastase en cas de cancer, cette réduction pouvant atteindre 46 % pour les cancers du sein, de la prostate, du poumon… et jusqu’à 74%, pour un cancer colorectal.

L’aspirine en prévention des cancers ?

Du coup, la communauté médicale s’interroge sur l’intérêt éventuel de prescrire de l’aspirine à beaucoup plus de patients. Mais des études spécialement réalisées en prévention des cancers devront être réalisées au préalable. En effet, cet effet anticancer est observé de manière indirecte, comme un effet imprévu de traitements en prévention de la rechute d’un infarctus du myocarde.

De plus la prise d’aspirine n’est pas dépourvue de risque, même à faible dose, car si ses propriétés d’antiagrégant sont indispensables en prévention d’un infarctus, pour éviter la reformation d’un caillot, elles sont aussi à l’origine de saignements potentiellement graves au niveau du système digestif, mais aussi du cerveau.

Autrement dit, en attendant une confirmation scientifique des ses propriétés anticancer, la prise de l’aspirine à long terme doit être réservées à ses indications actuelles.

Cela dit, la découverte de cette nouvelle propriété de l’aspirine est une très bonne motivation pour bien prendre son traitement en post infarctus. Vous obtenez potentiellement un double bénéfice !

Source : Rothwell PM. Recent Results Cancer Res. 2013;191:121-42. doi: 10.1007/978-3-642-30331-9_7.

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