Votre enfant écrit de la main gauche : c'est son choix !

Pendant longtemps, il n'était pas bien vu d'être un gaucher. L'expression être « gauche » montre bien toute l'idée de maladresse associée à cette habitude. Plus loin encore dans le passé, une croyance superstitieuse attribuait à la main gauche, la fonction du « diable » ou de celle qui porte malheur…Et puisque que cela n'était pas dans la norme (environ 1 à 3 enfants sur 10 sont des gauchers), les maîtres d'école s'attachaient à forcer le jeune élève, dès l'apprentissage de l'écriture, à écrire de la main droite. Outre l'effort que cela lui demandait, devenu adulte, l'écriture de ces gauchers dits « contrariés » était plutôt du style « patte de mouche », ce qui n'est pas toujours facile à assumer !

L'heure n'est plus de contrarier les gauchers

Heureusement, les pédagogues ont aujourd'hui compris qu'un tel effort ne servait à rien. Et les recommandations de l'Education nationale faites aux enseignants préconisent de respecter le choix de l'enfant. Des précautions particulières sont alors recommandées pour faciliter à l'enfant son apprentissage, dans un monde fait surtout pour les droitiers. Essayer de manipuler des ciseaux avec la main gauche, vous comprendrez mieux !

Quelques conseils utiles aux parents et aux enseignants

Les principaux conseils sont les suivants :

• Pour les gauchers, les modèles à recopier doivent être écrits en bout de ligne (à la droite de la page). Si l'exemple figure à gauche, leur main cache le modèle. Attention cependant à veiller à ce que l'élève n'écrive pas de la droite vers la gauche !
• Soyez attentif à la bonne position du corps ; les gauchers, faute d'orienter correctement leurs feuilles, ont tendance à se « tordre » le dos, pour réussir à lire ce qu'ils sont en train d'écrire.
• Chaque fois que possible, choisissez des petits outillages comme une paire de ciseaux adapté aux gauchers.

Un choix déterminé à l'entrée au CP

C'est à l'heure de l'entrée en classe primaire (au CP) qu'il est possible de déterminer si l'enfant est réellement gaucher. Avant cet âge, il n'est pas rare que le petit enfant utilise indifféremment la main gauche ou la main droite. Vers trois ans, il existe un début de spécialisation, qui constitue un choix et donc un premier signe d'autonomie. Progressivement, en cours de maternelle, entre 3 et 6 ans, l'orientation droitière ou gauchère du petit enfant se précise et à l'entrée au CP, le choix est le plus souvent bien déterminé. C'est le moment alors de commencer l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Cette latéralisation permet à l'enfant d'être plus précis et plus habile dans sa gestuelle.

Etre gaucher : une part est génétiquement déterminée

Mais qu'est-ce qui pousse un enfant à être gaucher ou droitier ? Des études de psychologues et de neurologues tentent de comprendre ce qui détermine un tel choix. Et c'est dès la conception que la latéralisation semble se constituer ! Autrement dit, pour une part, l'origine de la « gaucherie » est génétique. Cependant, le gène du gaucher n'est pas encore connu. En revanche, des études montrent que si les deux parents sont gauchers, l'enfant a 50 à 60% de chances de le devenir.

La spécialisation commence dès la vie intra-utérine

La gaucherie serait déterminée très tôt au cours du développement, plus précisément au moment où se forment les aires du cerveau à 7 mois in utero environ. Dès la naissance, il est ensuite possible de prédire les probabilités (sans certitude donc) que l'enfant a de devenir gaucher ou droitier. Par exemple, des travaux ont été faits en filmant le nouveau-né pendant 24 heures pour observer ses déplacements de regard. Le côté vers lequel l'enfant dirige sa tête le plus fréquemment sera vraisemblablement choisi plus tard comme le côté prédominant.

L'orientation se précise au cours de la première enfance

L'orientation se précise encore lorsque le bébé commence à saisir des objets vers l'âge de 6 mois. A 18 mois, l'observation d'une préférence de l'enfant est encore plus évidente. Par exemple, lorsqu'il dessine, joue, se lave les dents, se coiffe, découpe un papier, tape dans un ballon, etc.

Pas de choix définitif avant 6 ans !

Mais attention à ne pas porter trop vite une conclusion. A 3 ans, l'enfant n'a pas encore choisi définitivement entre sa main droite et sa main gauche. A 6 ans, il hésite parfois encore, ce qui signe plutôt un petit retard dans la latéralisation. L'instituteur est alors libre de conseiller plutôt l'usage de la main droite. Mais à l'enfant d'aviser selon son aisance avec l'une ou l'autre main… Les parents, comme les enseignants doivent le laisser écrire, sans le culpabiliser s'il change de main !