Vieillir en bonne santé : ce qu’on nous prépare !

le 2/12/2015
Maj le
4 minutes
portrait d'une femme d'affaires heureuse et souriante dans son bureau
Autre
Dans son rapport  « Prévention de la dépendance liée au vieillissement » adopté le 24 novembre dernier, l’Académie Nationale de Médecine livre ses recommandations aux pouvoirs publics sur les actions souhaitées de prévention et d’éducation à la santé destinées à réduire les risques de dépendance liés aux maladies chroniques les plus fréquentes des personnes âgées, et ceci à toutes les étapes de la vie.

Population Française : un vieillissement qui s’accélère

Au 1er janvier 2015, la population française comptait 12 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, soit une proportion de 18% sur les 66 millions de Français.

D'ici 2050, la population française augmentera de 14,2% et le nombre des personnes âgées de plus de 65 ans dépendantes grimpera à 66% !

L’Académie Nationale de Médecine nous rappelle que seule la préservation du capital Santé acquis pendant l’enfance, l’adolescence et au début de l’âge adulte peut permettre de « bien vieillir » : l’autre défi majeur de notre siècle…

4 mesures pour prévenir la dépendance

Le problème de la dépendance est lié à celui de l’émergence des maladies chroniques sur les populations âgées. Pour y faire face, l’Académie Nationale de Médecine cite 4 mesures essentielles émanant de suivis sur plusieurs années de groupes de personnes à risques :

  • Contrôler l’hypertension artérielle à tous âges, y compris chez les personnes très âgées, pour prévenir l’apparition d’insuffisance cardiaque et la survenue d’accidents vasculaires, qui peuvent causer bien des dégâts sur les plans cardiaque et neurologique.
  • Accompagner au quotidien les malades adultes pré-diabétiques (hyperglycémie pathologique et/ou hémoglobine glyquée anormalement haute) par des soins et de l’éducation en santé avec pour objectif une réduction pondérale de 5% en cas de surpoids : l’étude a montré que la survenue du diabète sucré était notablement retardée de plus de 2 ans, à condition de maintenir sur le long terme ces nouvelles habitudes hygiéniques et comportementales.
  • Contrôler les 7 facteurs de risque de la dépendance liée au vieillissement désormais bien identifiés : l’avancée en âge, un niveau d’éducation limité, la sédentarité tout au long de la vie, le tabagisme, et à mi-vie : l’obésité, le diabète et l’hypertension artérielle. Le contrôle de ces facteurs au plus tard à mi-vie permettrait de retarder de 5 ans la survenue de l’état démentiel, et de diminuer de moitié le nombre de malades atteints de démence. A compléter avec par une alimentation riche en poissons et des exercices physiques réguliers.
  • Prévenir l’apparition dès la mi-vie des troubles sensoriels (vision, audition, olfaction) responsables de troubles de l’équilibre, de chutes, de fractures, mais aussi de baisse de l’activité sociale et de mal être : éviter une exposition trop intense au soleil et aux bruits excessifs (surtout parmi les plus jeunes générations), une alimentation trop riche, la sédentarité, l’usage abusif d’alcool, le tabagisme et l’air conditionné.

Le rôle des pouvoirs publics en 10 recommandations

Afin d’actionner la mise en œuvre de ces quatre grandes mesures de lutte contre la dépendance, l’Académie de Médecine conclut son rapport par 10 recommandations à l’adresse des pouvoirs publics :

  • Une éducation en santé dès l’enfance : activité sportive dès l’école primaire et refonte du système de santé scolaire ;
  • Des consultations de prévention tous les 5 ans et, plus particulièrement dans la tranche d’âge la plus sensible, entre 45-55 ans ;
  • Le dépistage si possible avant 45 ans de toutes les maladies chroniques (diabète, hypertension, insuffisance rénale, pathologies musculo-squelettiques, troubles sensoriels, troubles psychiatriques et cognitifs) organisé et pris en charge par la Sécurité sociale dans le cadre du "bien vieillir";
  • Une lutte plus active contre les addictions (tabac, alcool, autres drogues…) notamment chez les plus jeunes ;
  • Des mises en garde contre la « malbouffe », à l'origine de l'épidémie de surpoids et d'obésité facteurs essentiels de risque, notamment l’abus de boissons sucrées et l’excès de sel qui altèrent très souvent les fonctions hépatiques et rénales des personnes âgées ;
  • L’administration régulière de vitamine D (200.000 UI quatre fois par an) pour lutter contre l’ostéoporose qui est fréquente chez les personnes âgées des deux sexes, surtout les femmes, en provoquant des fractures handicapantes, voire mortelles. La vitamine D favoriserait également la fonction musculaire et l’immunité acquise par les vaccins ;
  • La promotion intensive de la vaccination à la fois pour protéger la personne âgée elle-même mais aussi en population générale ;
  • L'instauration d'une « activité physique sur ordonnance », animée par des éducateurs médico-sociaux spécialisés dépendant du Ministère de la Santé, pour favoriser la pratique régulière et raisonnable de l'exercice physique indispensable à tous les âges de la vie ;
  • La prise en charge par les organismes sociaux publics et privés de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) par les professionnels de santé : une démarche qui se situe au coeur de la prévention des maladies chroniques et du vieillissement.
  • Le développement des nouvelles technologies en Santé qui doit être favorisé pour faciliter l'éducation thérapeutique.

Sources

Organisation Mondiale de la Santé, rapport du 30 septembre 2015;

Académie Nationale de Médecine, rapport du 24 novembre 2015;

Avec les contributions des Professeur Jean-Pierre Michel, Professeur Claude Dreux et Professeur André Vacheron

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