Turista : la moitié des voyageurs y ont droit !

La turista attaque plus de 50 % des voyageurs pour un séjour de trois semaines.
Cette affection est le plus souvent bénigne, mais peut entraîner une gêne considérable et passer à la chronicité, notamment chez les sujets âgés et les jeunes enfants en raison d'une moindre immunité.
Dans la majorité des cas, l'évènement est sans gravité et dure de un à cinq jours. Cependant, dans 40 % des cas, ces troubles digestifs imposent une modification de l'emploi du temps, et dans 20 à 30 % des cas, un alitement de quelques jours. Ainsi, 10 % des diarrhées du voyageur durent plus d'une semaine, tandis que 2% évoluent vers des formes chroniques au retentissement important.
Comment prévenir la diarrhée du voyageur ?
La cause est essentiellement bactérienne (80 % des cas), plus rarement un virus ou un parasite (20 % des cas). Les aliments solides, plus que l'eau de boisson, sont les vecteurs principaux de ces germes. Les règles d'hygiène alimentaire restent d'actualité.
Trois règles de base sont essentielles :
- se laver systématiquement les mains avant les repas et après être allé aux toilettes ;
- Boire des boissons en bouteille capsulées ;
- manger des aliments bien cuits et servis brûlants.
Classification des aliments en fonction du risque de contamination
Aliments à risque élevé
- Fruits de mer
- Viandes et poissons mal cuits
- Plats préparés consommés froids
- Glaces artisanales
- Crudités
- Fruits pré-épluchés
- Lait et produits laitiers
- Aliments avec traces de moisissures
- Eau du robinet
- Boissons non encapsulées.
Aliments à faible (ou sans) risque
- Plats cuits consommés chauds
- Pain, biscuits et aliments secs
- Confiture, miel
- Fruits épluchés par le voyageur qui s'est lavé les mains au préalable
- Eau et boissons encapsulées
- Eau décontaminée par ébullition (au moins une minute), ou par la combinaison d’une filtration (filtre portatif) suivie d’une désinfection (produits à base de DCCNa - dichloroisocyanurate de sodium- ou hypochlorite de sodium).
Que faire en cas de diarrhée ?
En cas de diarrhée, la première règle à observer est de compenser les pertes hydriques. Il faut donc s'hydrater, et encore plus particulièrement si la diarrhée est abondante et si elle dure longtemps.
Une consultation médicale est recommandée systématiquement chez l’enfant âgé de moins de 2 ans, chez les personnes âgées et en cas de forme sévère.
La première démarche du médecin sera de dépister une complication patente (vomissements importants, déshydratation, syndrome infectieux…) et/ou potentielle liée au terrain (âge extrême de la vie, pathologie sous-jacente…).
En cas de fièvre, un examen sera réalisé, les troubles digestifs étant fréquents dans le paludisme.
Le traitement médicamenteux préventif n’est pas indiqué en dehors de situations particulières (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin notamment) et après avis spécialisé. Son utilisation doit donc rester parcimonieuse et les indications sont limitées aux sujets les plus à risque.
Le traitement curatif avec un antibiotique intestinal, indiqué dans les formes moyennes ou sévères, est très efficace à condition de le prendre dès le début des symptômes (attention certains sont contre-indiqués pendant la grossesse, chez l'enfant et l'adolescent).
Il est donc utile d'en disposer en partant dans les pays à risque. Dans tous les cas, les mesures pour éviter ou corriger la déshydratation sont essentielles au traitement : boire abondamment et utiliser des solutées de réhydratation chez les sujets fragiles.
En conclusion, la prévention de la turista est difficile mais possible si l'on se focalise sur les quatre réflexes suivants :
- lavage des mains,
- choix d'aliments à faible risque (eau en bouteille décapsulée devant soi, éviter les aliments vendus dans la rue, manger toujours bien cuit, éviter les glaçons, les sorbets, les crèmes glacées, les crudités, les coquillages, les plats réchauffés, les jus de fruits frais préparés de façon artisanale, peler les fruits soi-même après s’être lavé les mains, ne boire que du lait pasteurisé ou bouilli et ayant respecté la chaîne du froid, etc.).
- hydratation dès la première selle liquide,
- antibiotique intestinal si possible.
Sources
FMC, Le Quotidien du médecin, 16 juin 2005.