Tester les verres optiques n'est plus un tabou

Publié par Dr Philippe Presles
le 19/03/2007
Maj le
3 minutes
Autre
Les porteurs de lunettes le savent bien : les verres sont de plus en plus sophistiqués, mais aussi de plus en plus chers. La question se pose donc de savoir si les avantages annoncés valent réellement les surcoûts à payer. Pour la première fois, une étude comparative a été menée sur le terrain. Une première qui ouvre la voie à la mise en place d'autres études.

Presbytie et verres progressifs

Avec la presbytie, le coût des verres augmente d'un seul coup et cela est pleinement justifié depuis la mise sur le marché des verres progressifs, lesquels ont constitué un véritable progrès pour les plus de 45 ans. Il est devenu possible de voir aussi bien de près que de loin avec les mêmes verres, selon que l'on regarde à travers le bas des verres pour voir plus près ou à travers le haut des verres pour voir plus loin. Entre les deux positions, le verre est « progressif » car il permet de bien voir à toutes les distances.

Des progrès qui restent à prouver

Mais d'autres progrès ont régulièrement été ajoutés depuis les premiers verres progressifs, chacun apportant des améliorations marginales, comme une vision plus confortable ou une vision plus panoramique. En fait, ces avantages sont surtout annoncés par les fabricants eux-mêmes car aucune étude n'est disponible pour comparer les générations de verres entre elles. Il faut donc faire confiance aux opticiens qui, de leurs côtés, ne disposent pas non plus de ces études, au contraire de ce qui se fait pour les médicaments dont les dossiers cliniques sont étoffés.

Pas de différence majeure entre les deux générations de verres étudiées

C'est à ce titre qu'il convient de saluer l'initiative d'un groupe d'assureurs (AGF, MAAF et MMA membres de Santéclair, Aviva et Groupama) et de leur fédération, la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurances), de mettre en place une étude dont le pilotage a été confié à l'Inserm. Deux verres progressifs du même fabricant Essilor ont été comparés : le verre Comfort et le verre Panamic, plus récent et dont le surcoût est de l'ordre de 50 euros par verre. Une centaine de bénéficiaires se sont ainsi vu proposer de tester les deux verres montés sur deux montures identiques de leur choix, les équipements leur étant donnés successivement pour 4 semaines chacun. L'attribution initiale de tel ou tel verre se faisait au hasard selon la méthode dite de randomisation.

Les résultats sont intéressants car ils montrent que le progrès n'est pas absolu. En effet, si 58% des bénéficiaires ont finalement préféré les verres de nouvelle génération, 37% ont souhaité garder les verres les moins récents. Le bénéfice de la nouveauté ne profite donc pas à tous et cela dépend vraiment de chacun. Il en ressort que les différences de qualité des verres pourraient être en grande partie suggestives. Du reste, l'analyse détaillée de la dizaine de critères permettant de comparer les deux types de verre ne ressort de différence que sur le seul critère de la vision de près.

Pouvoir disposer systématiquement d'études comparatives

Mais indépendamment du résultat, cette étude a surtout l'avantage de constituer une première qu'il convient de saluer en espérant que ce type de démarche deviendra systématique. N'est-on pas en droit d'attendre de pouvoir disposer de telles études quand on nous propose de choisir entre des verres dont les coûts peuvent être très différents pour le même service de base, à savoir ici, des verres progressifs ? Tout le monde aura à y gagner, y compris les fabricants. Les conclusions de cette première étude sont, du reste, favorables à Essilor. Plus de transparence en optique, ce devrait être possible.

Sources

Conférence de presse FFSA, Santéclair (AGF, MAAF, MMA), Aviva, Groupama du 13 mars 2007.

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