Publié par Dr Philippe Presles
le 10/02/2009
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10 minutes

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Vous avez la quarantaine, et un bel âge, celui de la maturité ! Mais attention, après 40 ans, il est primoridal de veiller un peu plus à sa santé, car nos organes ne sont plus aussi jeunes qu'il y paraît ! Quels sont les points essentiels de prévention santé pour un homme âgé de 40 à 49 ans ? Le docteur Philippe Presles, rédacteur en chef d'e-sante.fr vous conseille.

A partir de 40 ans, pensez au dépistage des risques cardiovasculaires

Qu'est-ce qu'une maladie cardiovasculaire ?

Les maladies cardiovasculaires regroupent les maladies caractérisées par :

  • L'obstruction des artères :
    • responsable de l'infarctus du myocarde (communément appelé crise cardiaque) en cas d'obstruction de l'artère coronaire
    • responsable d'artérite en cas d'obstruction des artères des membres inférieurs,
    • responsable d'infarctus cérébral ou Accident vasculaire cérébral (AVC) en cas d'obstruction d'une artère cérébrale.
  • La rupture d'une artère du cerveau (deuxième cause d'accident vasculaire cérébral ou AVC).

Les maladies cardiovasculaires tuent plus que le cancer. En France, une personne sur 3 en meurt.

Elles sont aussi responsables de nombreux et lourds handicaps et démences, notamment pour les accidents vasculaires cérébraux

Les maladies cardiovasculaires sont donc à prendre très au sérieux, tant en terme de prévention, de dépistage et de traitement.

Quels sont vos risques de maladie cardiovasculaire ?

Tout le monde ne présente pas le même risque de développer une maladie cardiovasculaire.

Il y a différents facteurs de risque, et un seul d'entre eux peut suffire à provoquer une maladie cardiovasculaire.

Si plusieurs facteurs sont cumulés, le risque est d'autant plus important.

Comptez les vôtres, de 0 à 7, afin de déterminer à quelle fréquence faire votre bilan cardiovasculaire :

  • Un excès de mauvais cholestérol (LDL cholestérol) ou insuffisance de bon cholestérol (HDL cholestérol).

    L'excès de cholestérol se dépose alors sur les parois des artères, ce qui provoque un dépôt de graisse.

    Seul un bilan lipidique, via une analyse de sang, permet de détecter une valeur anormale de cholestérol.

    Un premier dosage au début de la vie adulte, entre 18 et 30 ans est recommandé.

    Ensuite, tout dépend de vos facteurs de risque de maladie cardiovasculaire (voir ci-après).Taux normal : LDL cholestérol (inférieur à 1,6 g/l) - triglycérides (1,5 g/l).

    Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'excès de cholestérol dans votre famille.

  • De l'hypertension artérielle (traitée ou non).

    Il faut faire contrôler sa tension artérielle par son médecin lors d'une consultation.Valeurs normales inférieures à 14 pour la maxima et inférieures à 9 pour la minima). Attention, la plupart du temps, l'hypertension artérielle est silencieuse. Seule une mesure de la pression artérielle (tensiomètre) permette de la détecter. Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'hypertension artérielle dans votre famille.

  • Du diabète (traité ou non).

    Le diabète se définit par une élévation anormale du taux de sucre dans le sang, la glycémie.

    Alors l'insuline, dont la fonction est de réguler le taux de glucose sanguin ne remplit plus sa fonction.

    Le diabète est une maladie silencieuse, il est donc important de la dépister par une simple prise de sang pur évaluer la glycémie.Taux normal de glycémie inférieur à 1,10 g/l. Au dessus de 1,26 g/l, c'est le diabète.

    Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent de diabète dans votre famille.

  • Votre tabagisme (actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans).
  • Vous êtes en surpoids.
  • Des antécédents personnels d'accident vasculaire (infarctus, attaque cérébrale).
  • Des antécédents familiaux de maladie coronaire précoce :
    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou un frère,
    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou une soeur,
    • attaque cérébrale chez un membre de la famille avant 45 ans.

Un bilan (glycémie à jeun, recherche d'une anomalie lipidique -cholestérol, triglycérides) devra être effectué :
  • tous les 5 à 10 ans, si vous ne présentez aucun facteur de risque
  • tous les 3 ans si vous présentez 1 facteur de risque
  • et tous les ans à partir de 2 facteurs de risque, ou si vous présentez un facteur de risque majeur (antécédent personnel d'accident vasculaire ou diabète).
  • Ce bilan doit être prescrit par le médecin traitant et est alors remboursé par la Sécurité Sociale.

    Ne négligez pas le dépistage des cancers

    Les dépistages ont pour objectif de faire des diagnostics précoces des principaux cancers autorisant 100% de guérison dans la grande majorité des cas.

    Les dépistages des différents risques de cancer :

    Cancer du côlon :

    Il faut consulter son médecin une fois par an en cas d'antécédents personnels de polype intestinal ou de maladie intestinale inflammatoire chronique sévère (comme la maladie de Crohn) ou d'antécédents familiaux de cancer du côlon (une personne de la famille ayant présenté un cancer du colon avant 65 ans ou deux parents atteints). I

    l faut le consulter également en cas de sang sur le papier de toilette, dans les selles ou dans la cuvette, irrégularité inhabituelle du transit intestinal. Une recherche de sang dans les selles (test Hémocult II) pourra alors être proposé par le médecin traitant.

    Cancer de la peau ou mélanome :

    Consultation de dermatologie si grain de beauté ou bouton noir suspect (forme irrégulière, asymétrique, coloration hétérogène, taille de plus de 6 mm). Le doute doit pousser à consulter, car le mélanome est une tumeur qui guérit complètement si elle est opérée à temps et est redoutable dans le cas contraire.

    Cancer ORL/Poumons :

    Les fumeurs doivent consulter leur médecin traitant chaque année (examen ORL, voire scanner des poumons si nécessaire, prescrit par le médecin traitant, l'ORL ou un pneumologue). En cas de changement de voix et de toux persistante, consulter un ORL de toute urgence.

    Etes-vous à jour de vos vaccinations ?

    1. Vaccinations de base (remboursées) :

    • DTP (Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite) tous les 10 ans.

    2. Vaccinations en cas de voyage :

    • Selon les zones : hépatite A, hépatite B si non réalisés, diphtérie si non réalisé, typhoïde, fièvre jaune, encéphalite japonaise, méningocoqu e (A et C), encéphalite à tiques, rage.

      Pour plus de détails : www.chu-stlouis.fr

    3. Vaccinations en cas de risques particuliers :

    • Hépatite B tous les 5 ans chez les personnes exposées. (Professionnels de santé ou vie sexuelle avec multipartenaires.)
    • Grippe : le vaccin est recommandé chaque année :

      • aux personnes atteintes de pathologie chronique respiratoire (dont l'asthme), rénale, cardiaque, métabolique ou immunologique,
      • aux malades atteints de drépanocytose,
      • aux personnels navigant des bateaux de croisière et des avions, et aux personnels de l'industrie de voyage accompagnant les groupes de voyageurs.

      La vaccination contre la grippe est également conseillée :

      • aux personnes susceptibles de disséminer le virus, notamment les professionnels de santé, le personnel d'institutions médicalisées, les enseignants,
      • aux personnes souhaitant éviter toute indisponibilité consécutive à une grippe.

    Quelles sont les autres mesures de prévention et de dépistage ?

    1. Audition : vous entendez moins ?

    Il est faux de penser que les problèmes auditifs ne concernent que les seniors: 18% des 35-44 ans seraient touchés par une baisse auditive (source Quotidien du Médecin N°6659 et OMS).

    Environnement professionnel bruyant, nuisances urbaines, baladeurs, concerts, appareils de bricolage et de jardinage... sont autant de facteurs d'altération du système auditif.

    Ce risque apparaît dès 85 décibels et peut survenir après plusieurs années ou en quelques minutes lorsque le niveau sonore dépasse les 110 décibels (exemple : à côté des enceintes dans une discothèque). On risque alors un traumatisme sonore aigu.

    Attention aussi si vous circulez régulièrement en moto. Sachez que 46% des motards ont une perte d'audition du fait du niveau sonore important qu'ils subissent. Pour un motard circulant à 120 km/h, le niveau sonore dans le casque de moto varie entre 90 et 130 décibels selon le type de casque.

    Il n'y a pas que le bruit qui peut déclencher une perte auditive : les infections ORL chroniques peuvent aussi affecter l'oreille interne.

    L'audition est donc très fragile et il faut au maximum la préserver. Si vous faites souvent répéter, si vous avez tendance à monter le son de la télévision pour mieux entendre, si vous souffrez de sifflements ou bourdonnements dans l'oreille (acouphènes), n'hésitez pas à consulter très vite un médecin.

    2. Vue : il faut commencer à bien la surveiller

    Les yeux craignent particulièrement le soleil (accélération du vieillissement) et les accidents :

    • Porter des lunettes de soleil (prévention de la cataracte, irritations de la cornée).
    • Porter des lunettes de protection lors du bricolage pour se protéger contre toutes projections et corps étrangers.
    • Consulter en cas de diminution de l'acuité visuelle ou de tout changement visuel pour les porteurs de lunettes.

    3. Dents : il faut les garder jusqu'au bout !

    Les dents sont essentielles à l'alimentation et au sourire. Il faut les préserver le plus possible :

    • Brossage biquotidien. Si nécessaire utilisation d'un jet interdentaire et de bains de bouche (en cas de bourrages alimentaires fréquents, ou de mauvaise haleine ou encore pour une hygiène parfaite, le jet interdentaire nettoyant entre les dents).
    • Visite bisannuelle chez le dentiste et détartrage.
    • Consultation rapide si douleurs dentaires ou gingivales ou encore saignements au brossage.
    • En cas de perte d'une dent, poser une prothèse rapidement pour éviter toute déformation de la mâchoire.
    • En cas de diabète, consultation pour toute atteinte des gencives.

    4. Poumons : attention au tabac, mais pas seulement...

    Le principal ennemi des poumons est le tabac qui entraîne des risques de cancer du poumon, de bronchite chronique ou d'asthme.

    La toux chronique, l'essoufflement et les sifflements doivent faire poser la question d'un asthme.

    En cas d'asthme, il faut bien suivre son traitement chaque jour et au minimum prévoir un bilan annuel avec son médecin (spirométrie, ajustement du traitement de fond).

    En cas d'allergie au pollen ou sensibilité à la pollution, il convient éviter les sorties en atmosphère à risque ou prévoir un traitement préventif (de type antihistaminique, à déterminer avec son médecin traitant).

    5. Squelette : nos os ne sont pas si solides !

    La notion de capital osseux est fondamentale. Le squelette est la charpente du corps et il faut apprendre à le ménager, voire à l'entretenir :

    • Avoir une bonne position assise au travail et à la maison (bonne hauteur de l'écran informatique, bien en face des yeux !).
    • Eviter le port de charges lourdes en mauvaise position pour le dos (le dos ne doit jamais être courbé, ce sont les jambes qui se plient, l'effort de levage étant assuré par les cuisses).
    • Pratiquer un sport une fois par semaine pour le maintien de la musculature (le rythme est de trois fois par semaine pour le coeur).
    • Faire des exercices d'assouplissement une fois par semaine également.
    • Attention au surpoids qui augmente la charge de travail des articulations des hanches et des genoux.
    • Porter des chaussures adaptées, notamment pour le sport.
    • Consulter en podologie, si diabète.

    6. Sexualité : pensez toujours à vous couvrir !

    Les rapports sexuels doivent être protégés (préservatifs) si relations occasionnelles, ou nouvelle avant d'avoir fait un test de dépistage du Sida.

    7. Hygiène de vie : et oui, vous n'avez plus 20 ans !

    Une bonne hygiène de vie permet d'éviter ou de retarder de manière importante la survenue de nombreuses maladies graves comme l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral, le diabète, l'insuffisance rénale, les cancers et la maladie d'Alzheimer. L'ensemble de ces bonnes habitudes tend également à améliorer la qualité de vie :

    • Avoir une activité physique régulière et adaptée (marche, vélo, course à pied, natation, etc.).

      La sédentarité est redoutable (voiture pour les courts trajets, ascenseurs pour 1 ou 2 étages, etc.).

      L'idéal est de faire 30 minutes d'activité physique par jour. Ne pas hésiter à varier son activité.

    • Avoir une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes à prendre tous les jours à volonté (au moins 5 par jour), et en poisson à consommer 2 à 3 fois par semaine.

      Ce régime sera pauvre en sucres d'absorption rapide.

      Eviter les excès de graisses d'origines animales, notamment contenues dans les sauces, les charcuteries, le beurre, les fromages, les pâtisseries.

      Saler peu les aliments et ne pas mettre de salière à table.

      Ce régime est à adapter en cas de surpoids, de diabète ou d'hypercholestérolémie. Suivre les prescriptions de son médecin.

    • Consommer peu d'alcool (limité 1 à 2 verres maximum par jour).
    • Eviter le tabac (objectif 0) : consulter son médecin chaque année tant que le sevrage n'est pas obtenu.
    • Limiter le stress qui n'est pas bon pour la santé. Il faut apprendre à éviter le stress inutile et à se décontracter au moins une fois par jour.
    • Protéger sa peau en utilisant des produits de protection solaire et en évitant l'exposition prolongée non protégée.

    En plus de ces mesures liées à l'hygiène de vie, il est essentiel de bien suivre son traitement en cas d'hypertension artérielle, d'hypercholestérolémie ou de diabète.

    Ces trois types de traitements ont largement fait leur preuve en terme d'espérance de vie.