Suicide et ados : l'urgence du dialogue

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 15/09/2004
Maj le
5 minutes
Autre
Un lycéen sur quatre a eu ou aura un projet de suicide. Depuis une quinzaine d'années, il y a plus de décès par suicide que par accident de la circulation. Pourtant, et contrairement aux idées reçues, la prévention du suicide passe en priorité par le dialogue. Oser en parler avec une personne au comportement suicidaire ne peut que lui apporter un soulagement et l'aider dans le bon sens.

Le graphique ci-dessous décrit l'évolution du taux de suicide par tranches d'âge entre 1965 (courbe en bleu) et 1995 (courbe en rouge). On remarque ainsi une proportion de jeune suicidants bien plus importante qu'auparavant. En revanche, la courbe s'infléchit nettement aux alentours des 50-70 ans, alors qu'on observait un pic en 1965. Les taux de suicide des moins de 40 ans ont donc clairement doublé, tandis que ceux des sexagénaires ont baissé d'un quart. Cette forte hausse traduit la souffrance d'une génération de jeunes et il faut être très vigilant.

Fini les préjugés qui tuentComment deviner qu'un jeune est à risque de suicide ?Comment l'aider ?Les structures d'aide sont nombreusesAide aux familles et amisA lire

Fini les préjugés qui tuent

La plupart des idées préconçues autour du suicide sont fausses et l'expérience le prouve rigoureusement.

  • Ne pas en parler de peur d'en donner l'idée : se confier apporte toujours un soulagement.
  • Minimiser la crise, faire semblant de ne pas la prendre au sérieux : cette attitude peut être interprétée comme de l'indifférence ou une approbation.
  • On ne peut rien faire : un candidat au suicide souhaite en réalité vivre et mourir à la fois.
  • Le suicide ne prévient pas : la majorité des suicidants ont clairement révélé leur envie d'en finir dans la semaine précédant leur acte.

sont fausses et l'expérience le prouve rigoureusement.

Comment deviner qu'un jeune est à risque de suicide ?

Ce n'est pas facile, mais repérer des changements de comportement peut donner un signal d'alarme : adoption de conduites à risques, humeur dépressive ou impulsive, circonstances pénibles (troubles familiaux, difficultés sociales, maladie, etc.), repli sur soi, absentéisme ou échecs scolaires, etc.Plus concrètement, voici une liste de signes avant-coureurs : cliquez-ici

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Comment l'aider ?

En engageant le dialogue ! Il s'agit souvent d'un signal de désespoir que l'on saisit au vol. Il faut toujours le prendre très au sérieux. Même sans être un professionnel, votre rôle peut être vital. Il vous suffit d'exprimer votre compréhension face à une souffrance qui se dévoile. Laissez parler, afin d'amener votre interlocuteur à exprimer son besoin important d'être écouté. Osez dialoguer et poser des questions très directes (Es-tu en danger ? Souffres-tu ? As-tu des idées noires ? Es-tu au point de penser à mourir ? As-tu déjà tenté de mettre fin à tes jours ? Y penses-tu maintenant ? etc.). Les personnes qui survivent au suicide affirment toutes que le fait d'en parler leur a fait du bien, notamment en leur apportant un soulagement ; les psychiatres le confirment.L'idée n'est pas de lui dire que ce n'est rien, qu'avec le temps ça s'arrangera ou que c'est mal, car ces arguments aggravent le sentiment de culpabilité. Il faut l'encourager à dévoiler ce qu'il a sur le cœur, à dialoguer et à ne pas rester seul avec sa détresse pour une telle décision. Tentez de comprendre les problèmes qui motivent son envie de mourir. Et surtout, montrez-lui que vous tenez à lui et qu'il n'a pas besoin de menacer de se suicider pour s'assurer de votre compréhension.Et enfin, ne restez pas seuls tous les deux. Allez chercher de l'aide auprès des professionnels, médecins, travailleurs sociaux, infirmières scolaires, enseignants, éducateurs, animateurs, associations d'aide et d'écoute, centres médico-psychologiques.

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Les structures d'aide sont nombreuses

Les numéros ci-dessous sont à communiquer à un proche désespéré à l'issue d'un entretien prolongé, en faisant bien attention de ne pas lui donner l'impression qu'on l'abandonne, mais au contraire, que l'on est là pour l'épauler.SOS Amitié 01.40.09.15.22 (numéro parisien, mais également dans une quarantaine de villes) : 24h/24, 2.000 écoutants bénévoles ayant bénéficié d'une formation répondent à quelque 600.000 appels par an. Aussi sur internet : www.sos-amitie.com.Fil Santé Jeunes 0800.235.236 : appels gratuits tous les jours de 8 heures à minuit ; 30 écoutants professionnels (médecins ou psychologues) sous la tutelle du Ministère de l'emploi et de la solidarité et de l'Association école des parents. Sur internet : www.filsantejeune.com.Association SEPIA 0800.88.14.34 : un numéro gratuit pour les jeunes qui « vont mal » et un site www.sepia.asso.fr.SOS Suicide Phénix 01.40.44.46.45 (numéro national) - www.sos-suicide-phenix.org ; Recherche et Rencontres : www.recherche-rencontres.org ; La Porte Ouverte 0803.33.33.11 : en plus d'une écoute téléphonique, ces trois services accueillent dans leurs locaux les personnes ayant besoin de rencontrer un professionnel.Mais aussi, à Paris, 24h/24, 7jours/7 : SOS dépression 01.40.47.95.95 - http://sos.depression.free.fr ; Suicide Ecoute 01.45.39.40.00 - http://suicide.ecoute.free.fr SOS Chrétiens à l'écoute 01.45.35.55.56 ; Croix-Rouge Ecoute 0800.85.88.58 - www.croix-rouge.fr ; Urgences Psychiatrie 01.40.47.04.47 (Déplacement de psychiatres à domicile en situation de crise, sur Paris et la proche banlieue)

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Aide aux familles et amis

L'Union nationale des amis et familles de malades psychiatriques (Unafam) est une association qui offre accueil, écoute, information et soutien aux familles concernées.Le service Ecoute-Famille est rattaché aux activités du siège de l'Unafam. Il s'agit d'une écoute téléphonique au 01.42.63.03.03, du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h.www.unafam.org : 12, villa Compoint - 75017 Paris, tél : 01.53.06.30.43

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A lire

Dans tous les cas, ces ouvrages ne doivent pas se substituer à l'échange verbal, indispensable quelle que soit la situation.

  • Adolescences. Repères pour les parents et les professionnels, sous la direction de Philippe Jeammet, Ed. Syros, 1999.
  • Comment bien choisir son psy, Sylvie et Pierre Angel, Ed. Robert Laffont, Collection Réponses, 1999.
  • Comment vivre avec une anorexique, Gilles Agman, Annie Gorgé, Ed. Josette Lyon, 1999.
  • Comment vivre avec un déprimé, Jean-Marie Vanelle, Ed. Josette Lyon, 1997.
  • Comment vivre avec un malade psychiatrique, Collectif de l'UNAFAM, Ed. Josette Lyon, 2001.
  • Drogues : savoir plus, risquer moins, Ed. Seuil, 2001.
  • L'adolescence aux mille visages, Alain Braconnier, Daniel Marcelli, Ed. Odile Jacob, 1998.
  • L'adolescence en héritage, Patrice Huerre, Ed. Calmann-Lévy.
  • La drogue est un prétexte, Francis Curtet, Ed. Flammarion, 1996.
  • Le grand blues, Alain Meunier, Gérard Tixier, Ed. Payot, 2000.
  • Mon enfant s'oppose. Que dire ? Que faire ? Gisèle George, Ed. Odile Jacob, 2000.
  • Parents et adolescents, “Les rencontres de la Fondation de France”, sous la direction de Patrice Huerre et Laurent Renard, Ed. Erès, 1999.
  • Quand l'adolescent va mal, Xavier Pommereau, Ed. j'ai lu, 2000.
  • Santé jeunes 2001, répertoire édité par la Fondation de France par département pour savoir où appeler, à quelle porte frapper.

ages ne doivent pas se substituer à l'échange verbal, indispensable quelle que soit la situation.

Sources

Louis Chauvel, Le destin des générations, structure sociale et cohorte en France au XXe siècle, Edition Puf.

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