« Slow Sex » : la sexualité en pleine conscience 

Publié par Hélène Joubert
le 24/04/2017
Maj le
6 minutes
couple faisant des exercices de yoga et de relaxation au bord de la mer
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La vague du « slow » a tout envahi. Slow Food, Slow Design ou Slow Management... ont mis au goût du jour la prise de recul, l’attention, le plaisir, la qualité, la prise de conscience et de responsabilité. Avec le Slow Sex, c’est un peu la même chose. Mais la méditation en pleine conscience ne cherche pas seulement à faire durer le temps érotique : elle est aussi au service des troubles de la sexualité

La sexualité en pleine conscience : observer et éprouver

Le Slow Sex ou la « sexualité en pleine conscience » est une notion développée par l’australienne Diana Richardson. La sexualité en pleine conscience offre détente, qualité, idée du ralentissement et de la lenteur, en pleine conscience du moment présent. Elle développe l’échange, la communication et la spiritualité. Elle favorise l’« ancrage » des sensations de plaisir et des affects.

Dr Yann Quintin, médecin généraliste hypnothérapeute et sexologue (La Chapelle des Fougeretz et Centre Hospitalier Privé Cesson-Sévigné, près de Rennes) : « Le Slow Sex prône une sexualité douce qui évolue vers l’union méditative et aimante de deux énergies complémentaires, pratique dans laquelle la conscience est placée et maintenue dans son corps et ses organes génitaux. L’objectif est de contrôler l’excitation en restant dans la « zone tempérée », témoin de soi-même, pour se détendre en savourant l’instant présent. Cela permet d’accéder à l’expression et au vécu de la totalité de son potentiel sexuel ».

Les trois commandements du Slow Sex

Le Slow Sex permet à la personne et aux couples d’entrer dans une nouvelle communication énergétique et, de ce fait, relationnelle et sexuelle. Ses trois préceptes sont les suivants :

  • Etre plutôt que faire.
  • Ralentir et abandonner l’idée de tout objectif orgasmique.
  • Etre à l’écoute de sa sagesse intérieure et de ses sensations corporelles.

Dr Yann Quintin : « Le Slow Sex permet d’accéder à une sexualité nouvelle et faire grandir l’amour dans l’être. Mais aussi, cette dimension relationnelle et sexuelle d’un nouveau type modifie fondamentalement les conditions de survenue de nombreuses dysfonctions sexuelles comme l’éjaculation prématurée, l’anorgasmie, les troubles du désir et certaines formes de vaginisme etc… en créant un nouveau modèle relationnel. Le temps n’a plus d’importance. La sexualité en pleine conscience permet une ouverture maximale de l’attention avec mise en éveil des cinq sens, l’abandon de tout jugement, de toute analyse et de tout contrôle en vue d’orienter cette expérience. Juste observer et éprouver ».

L’hypnose comme facilitateur

L’hypnose permet à la personne et aux couples de se centrer sur eux-mêmes et de se placer dans cette nouvelle communication. Leur sexualité se situe alors dans une autre temporalité : la durée remplace l’instantanéité, en dehors de la performance et de l’orgasme.

Dr Yann Quintin : « L’hypnose, utilisée en consultation, joue un rôle facilitateur, car elle permet de réaliser des exercices qui donnent la clé de cette nouvelle dimension de la relation sexuelle, que les patients pratiqueront ensuite dans leur intimité. La transe hypnotique permet un centrage sur soi-même et génère un apaisement qui favorise l’éclosion d’un état de pleine conscience en ouverture et en connexion avec son partenaire. Il est également fondamental d’apprendre aux patients comment accéder à la transe par eux-mêmes, en situation sexuelle, et pratiquer ce que l’on appelle l’auto-hypnose. Cet état « auto-hypnotique » permettra, à l’identique de ce qui s’est passé avec le thérapeute, de cultiver le centrage sur soi (intéroceptivité), préalable à l’ouverture vers le partenaire (extéroceptive). »

La pleine conscience, force motrice de la sexualité douce

Quatre points-clés définissent la sexualité en pleine conscience :

  • La présence. Cela signifie ralentir (se libérer de toute pression de performance, de tout objectif orgasmique), respirer (respiration lente, profonde, consciente, synchronisée avec le partenaire : diaphragmatique et abdominale et, à l’instar de l’induction hypnotique, prendre une grande inspiration profonde avant de réaliser un centrage sur son corps ou une action comme une étreinte ou une pénétration…) et enfin regarder (afin d’augmenter le degré de conscience et limiter le risque d’envahissement fantasmatique).

  • La détente. Le ralentissement et la respiration permettent ainsi le contrôle de l’excitation.

  • Le rythme sexuel, qui est distinct chez l’homme et la femme. Alors que l’homme est plutôt une force dynamique, « toujours prêt », rapide, la femme est une force réceptive, qui monte progressivement sa température sexuelle. Du temps est donc nécessaire pour se connecter à sa réceptivité.

  • La polarité des corps. Cette nouvelle communication énergétique est fondée sur la perception d’une polarité des corps. Chacun possède un pôle dynamique et un pôle réceptif, respectivement le pénis et le thorax chez l’homme, les seins/mamelons et le vagin pour la femme. L’énergie sexuelle émanant du pôle positif dynamique, cette polarisation des corps peut être vécue comme un circuit d’énergie du + vers le -, activé par la respiration. Concrètement, la source d’éveil chez la femme se situe au niveau des seins. Cela améliore la qualité de la réceptivité vaginale et par conséquent l’érection de l’homme.

Le Slow Sex en pratique

Si l’approche réalisée en consultation permet une mise en contact des partenaires en synchronisme respiratoire et visuel, mais aussi tactile, puis un centrage intéroceptif grâce à l’hypnose, et enfin une ouverture extéroceptive vers l’autre en cultivant la présence et la détente, l’essentiel de la démarche de sexualité de pleine conscience est bien sûr cultivé dans l’intimité du couple.

Des « exercices » sont proposés au couple en accord avec leurs désirs, de façon à les faire progresser dans cette nouvelle dimension du Slow Sex, sur ce chemin exaltant où la curiosité et le goût de l’exploration sauront créer les conditions d’une relation aimante, spirituelle et harmonieuse.

Quelques-uns des exercices possibles, à réaliser dans l’intimité :

  • L’auto-hypnose pour développer l’intéroceptivité, c’est à dire le centrage sur soi: faire circuler une sensation agréable dans l’ensemble du corps en l’amplifiant puis en la faisant revenir à ses niveaux initiaux et point de départ.

  • Pénétration lente en pleine conscience : après un centrage sur soi-même et des inspirations profondes, l’homme pénètre sa partenaire en extrêmes conscience et lenteur, s’interrompant à chaque « résistance » vaginale… Le vagin a besoin de temps pour se préparer et recevoir le pénis. Tout en maintenant une respiration synchrone ainsi que le contact visuel le plus possible.

  • Respiration rythmique et activation des courants d’énergie :

Rechercher la synchronisation respiratoire et visuelle signifie écouter la respiration de l’autre et rencontrer son regard (un seul œil à la fois). Suite à un centrage sur ses sensations internes, les partenaires amènent leur conscience dans leur pôle dynamique. Une fois prêts et accordés, ils passent en position du Yab Yum (« position union du lotus », la femme est assise en lotus sur les jambes de son partenaire, lui aussi assis en lotus) et mettent en contact les pôles dynamiques et réceptifs l’un de l’autre afin de faire circuler les courants d’énergie. La femme imagine la lumière qui entre dans son vagin lorsqu’elle inspire, et qui s’écoule de ses seins avec l’expire. Quant à l’homme, il imagine qu’il reçoit une force vitale de la femme à l’inspire, puis en expirant consciemment, il irradie une lumière dorée et de l’amour dans son vagin à partir de son périnée et de son sexe.

Sources

Avec l’aimable participation et expertise du  Dr Yann Quintin, médecin généraliste hypnothérapeute et sexologue (La Chapelle des Fougeretz et CHP Cesson-Sévigné), à l’occasion des Assises de sexologies (23-26 mars 2017, Lille).

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