Saignements féminins : réagissez promptement !

À quoi peuvent être dus des saignements anormaux chez la femme adulte ?
Chez les femmes, en plus des troubles hormonaux, toutes les parties de l'appareil génital peuvent causer des lésions hémorragiques (col, vagin, utérus).
Rappelons que des saignements abondants et répétés entraînent avec eux une perte de fer, pouvant provoquer une anémie dont les premiers symptômes sont, la fatigue, l'insomnie, les essoufflements et une faible résistance aux infections.
Il est donc nécessaire en cas de saignements anormaux de consulter un médecin, de suivre un bilan (dosages hormonaux, analyse sanguine et échographie) et de se faire traiter.
Les troubles hormonaux : ils sont dus au stress, à l'ovulation ou au syndrome prémenstruel.
- Le stress peut provoquer des saignements :
Les hormones sexuelles sont contrôlées par le cerveau, notamment par deux structures, l'hypophyse et l'hypothalamus, lesquelles réagissent fortement à toutes variations psychologiques (un choc, une angoisse, voire même un voyage). Tout stress peut donc contribuer à perturber l'équilibre hormonal et induire des hémorragies. Dans ces conditions, il faut rechercher puis éliminer les causes, avec calme et patience.
- L'ovulation peut provoquer des saignements :
Des hémorragies minimes peuvent survenir au moment de l'ovulation. Elles sont anodines et traduisent simplement la réaction de l'utérus face aux modifications hormonales de cette période. Un traitement progestatif ou la pilule peut éliminer ces saignements du milieu de cycle.
- Le syndrome prémenstruel peut provoquer des saignements :
Le syndrome prémenstruel provoque parfois des saignements brunâtres juste avant l'arrivée des règles.
Ce syndrome s'exprime de façon très différente d'une femme à l'autre. Il se caractérise par des symptômes très divers quelques jours avant le début des règles : fatigue, maux de tête, boulimie, déprime, irritabilité, insomnie, tension de la poitrine, etc. Il est probablement dû à un excès d'œstrogènes et se traite souvent par un progestatif qui rétablit l'équilibre hormonal.
- Les contraceptifs peuvent provoquer des saignements :
La pilule peut être responsable de saignements. S'ils sont légers en tout début de prescription, ils correspondent à l'adaptation de l'organisme. Ils s'observent surtout avec des pilules oestroprogestatives faiblement dosées et des progestatifs purs.
Par la suite, après plusieurs années d'utilisation, la muqueuse qui tapisse l'utérus devient fine et peut alors saigner facilement. Une pilule mieux adaptée stoppera alors les saignements. Le stérilet, en contact permanent avec l'utérus peut également créer des hémorragies, en particulier des règles très abondantes. Il faut toutefois bien vérifier s'il ne s'agit pas d'une grossesse extra-utérine sous stérilet.
- Des fibromes peuvent provoquer des saignements :
Les fibromes sont des excroissances de fibres musculaires qui se trouvent dans la paroi utérine. Ils sont fréquents, les gynécologues les découvrent fortuitement chez une femme sur cinq au cours de l'examen annuel.
Tant qu'ils ne provoquent pas d'hémorragies, les fibromes sont considérés comme bénins. Leur exploration (bilan, frottis, écographie) puis une surveillance par des examens gynécologiques réguliers suffisent. En revanche, ils ne sont pas anodins lorsque les règles sont trop abondantes, durent trop longtemps et sont accompagnées de caillots de sang.
Ces saignements n'apparaissent pas en dehors des périodes de règles. Un traitement médical est alors proposé. Si celui-ci est inefficace, une intervention chirurgicale, si possible en évitant l'ablation de l'utérus, est proposée selon les désirs et l'âge de la patiente.
- Des polypes peuvent provoquer des saignements :
Ce sont également des excroissances présentes dans l'utérus, mais provoquant tous types de saignements, allant des hémorragies en dehors des règles (métrorragies), aux hémorragies trop abondantes et de durée trop longue (ménorragies).
Les polypes sont détectés par l'échographie puis confirmés par l'hystéroscopie (examen de la cavité utérine réalisé à l'aide d'un tube muni d'un système optique). Il est nécessaire de les enlever afin d'éviter qu'ils n'évoluent en tumeur maligne, voire en cancer de l'utérus.
- D'autres saignements sont causés par des atteintes globales de l'utérus : l'endométrite (inflammation de la muqueuse utérine provoquée par une infection) et l'adénomyose (tumeur bénigne favorisant les infections urinaires).
À quoi peuvent être dus des saignements chez la femme enceinte ?

- Les hémorragies du premier trimestre :
En début de grossesse, les saignements les plus fréquents correspondent à des fausses couches spontanées provoquées par une anomalie de l'embryon, l'œuf se décolle puis est expulsé.
Au cours des dix premières semaines de grossesse, la fausse couche n'étant pas la seule cause de saignement, il convient de vérifier la viabilité de l'embryon par une échographie. Neuf fois sur dix, il s'agit d'une fausse alerte et la grossesse se poursuit normalement.
Dans le cas contraire, la fausse couche se reconnaît par une hémorragie abondante similaire à celle des règles.
Les traitements sont souvent inutiles, hormis dans le cas d'hémorragies intenses.
Si la fausse couche est naturelle, il faut laisser faire, elle se produira en douceur. Le repos, des antispasmodiques et une échographie permettent de patienter et de soulager la détresse psychologique de la patiente.
Dans certains cas, il faudra pratiquer une aspiration. Lorsque l'échographie écarte la fausse couche, l'embryon étant bel et bien vivant, un décollement du placenta sans gravité ou une petite lésion du col fragilisé par la grossesse peut provoquer des saignements. Ils ne sont pas graves et s'arrêteront d'eux-mêmes avec patience et surveillance.
Parfois, dans 1 à 2% des cas, l'œuf, au lieu de s'installer normalement dans l'utérus, peut se développer au niveau de la trompe (98% des cas) ou plus rarement dans la cavité abdominale (2% des cas) ou encore plus exceptionnellement sur l'ovaire.
Ces nidations anormales, qui mettent la jeune femme en danger, peuvent être dues à une infection ou à une cicatrice. Elles sont généralement annoncées par des saignements dès le tout début de la grossesse.
L'échographie et le dosage hormonal vérifient le diagnostic. S'il y a bien grossesse et que l'embryon n'est pas encore visible à l'échographie, il faut attendre, se ménager et surtout surveiller.
Si la grossesse extra-utérine se confirme, un traitement médical ou chirurgical sera mis en place. Aujourd'hui, elles sont détectées plus précocement, évitant ainsi les complications abdominales.
- Les hémorragies du 2ème et du 3ème trimestre :
Passés les trois premiers mois de grossesse, les saignements sont moins fréquents.
Des hémorragies peuvent néanmoins être liées à des troubles mécaniques de l'utérus, comme à un fibrome qui gêne le fœtus ou à un col trop ouvert qui retient mal le fœtus.
Certaines maladies de la mère sont également incriminées : l'hypertension artérielle et des phénomènes immunologiques (une mère rhésus- qui fabrique des anticorps contre son bébé rhésus+).
A quoi peuvent être dus des saignements anormaux chez les toutes jeunes filles ?

- Des saignements anormaux chez la jeune fille peuvent être dus à une mauvaise ovulation :
Chez les très jeunes filles, âgées de 10 à 13 ans, les saignements anormaux peuvent être dus à un mauvais fonctionnement du cycle hormonal.
C'est la cause la plus fréquente avec 70% des cas. Ces jeunes filles souffrent d'hémorragies espacées, douloureuses et très abondantes.
Il s'agit d'une mauvaise ovulation entraînant un déséquilibre des hormones sexuelles (œstrogène et progestérone).
La première partie du cycle menstruel, qui correspond à la sécrétion d'œstrogène, est normale, en revanche, l'ovulation n'étant pas de bonne qualité, le reste du cycle féminin est perturbé.
La progestérone, hormone essentiellement sécrétée pendant la deuxième partie du cycle, est absente ou insuffisante. Ce déséquilibre déclenche des hémorragies abondantes tous les 30 à 60 jours.
Dans certains cas, ces saignements anormaux disparaissent spontanément, mais du fait de leur abondance, ils peuvent évoluer vers une carence en fer entraînant une anémie, avec malaises et vertiges, avant des complications plus sévères.
Prescrire la pilule n'est pas une solution, car sous l'apparence d'un cycle régulier, elle pourrait masquer certaines anomalies hormonales. Un bilan avec courbe de température et prise de sang permet de détecter facilement l'ovulation et sa qualité, et de rechercher une anémie éventuelle. L'administration de progestérone pendant 10 jours par cycle permet de rétablir les cycles et de diminuer les saignements.
- Plus rarissime, ces saignements peuvent être aussi dus à une maladie de la coagulation du sang :
Certaines hémorragies peuvent être dues à une maladie de la coagulation du sang (troubles des facteurs de la coagulation, des plaquettes). Dans ce cas, les cycles sont réguliers mais les règles sont particulièrement abondantes.
Par ailleurs, une blessure provoque également un saignement important. Le traitement n'est pas hormonal mais sanguin. Une dystrophie ovarienne est parfois impliquée chez des jeunes filles plus âgées, de 14 à 18 ans.
Ce trouble du fonctionnement des ovaires provoque des hémorragies espacées et une hyperpilosité. Il s'agit d'anomalies hormonales traitées par la progestérone et si nécessaire un anti-androgène pour atténuer la pilosité.
À quoi peuvent être dus des saignements chez la femme ménopausée ?

Lorsque les règles ont disparu, les saignements inquiètent toujours.
La plupart du temps, le traitement hormonal substitutif est en cause. S'il n'est pas adapté ou si un comprimé a été oublié, il peut provoquer des hémorragies.
En revanche, il peut aussi s'agir du réveil d'un fibrome, d'un polype, d'une atteinte de l'utérus voire d'une affection maligne de l'utérus.
L'objectif des frottis est de dépister les cancers du col avant leur développement réel. Ils sont donc plus rares aujourd'hui. Les cancers du corps de l'utérus quant à eux, sont généralement détectés à temps du fait de la lenteur de leur développement.
Tous saignements anormaux doivent faire réagir. Parfois anodins, ils peuvent aussi être gravissimes, et ceci à toutes les périodes de la vie. Il faut donc consulter rapidement un médecin, soit pour se rassurer, soit pour se faire traiter.
Sources
Le livre de bord de la femme, Dr Claude Elia, Ed. Marabout. Lansac J. et coll. " Obstétrique pour le praticien " Masson éd., Paris 1997 : 267-280.