Pleurs du nourrisson : faut-il laisser bébé pleurer ?

Publié par Dr Christelle Pierrot
le 26/02/2016
Maj le
5 minutes
une petite fille mignonne mais triste de 6 mois pleure en regardant la caméra dans sa maison
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Si l’on sait de façon théorique qu’un bébé pleure, ce n’est pas pareil de l’expérimenter ! Beaucoup de parents se trouvent démunis devant les pleurs de leur nourrisson, notamment quand ses besoins physiologiques sont déjà comblés. Par crainte de passer à côté d’une cause organique, ils multiplient parfois les consultations médicales. L’entourage donne en général beaucoup de conseils divers et variés qui peuvent être source de confusion, voire de culpabilité : on peut finir par penser qu’on est un mauvais parent quand on ne parvient pas à pouvoir calmer les pleurs de son tout-petit, ou bien qu’un enfant qu’on prend dans ses bras pour tenter de l’apaiser va devenir capricieux par la suite. Alors faut-il laisser bébé pleurer ?

Les pleurs du nourrisson : un signal pour attirer l’attention sur ses besoins physiologiques

Les bébés sont complètement dépendants de l’adulte, aussi les pleurs sont un signal d’alerte leur permettant d’attirer l’attention sur leurs besoins physiologiques. En premier lieu, un bébé qui pleure peut avoir faim, d’autant plus si son dernier biberon ou sa dernière tétée remonte à plus de deux heures. Il peut aussi indiquer qu’il est inconfortable parce que sa couche nécessite d’être changée, ou qu’elle est trop serrée. Il peut avoir froid, notamment au déshabillage, ou au contraire il peut avoir trop chaud. Les pleurs sont aussi le moyen de demander un câlin, de créer un lien : les besoins physiologiques d’un bébé ne sont pas que des besoins alimentaires, le contact physique est primordial pour qu’il puisse se développer harmonieusement. Demander d’être porté, d’être rassuré n’est pas un caprice chez le tout-petit, mais une nécessité. Donc si au départ il n’est pas forcément évident de savoir ce que les pleurs de bébé signifient, on parvient au fur et à mesure à distinguer ses différents cris, à mieux identifier ses besoins qui, une fois comblés, lui permettent de s’apaiser.

Quand s’inquiéter d’une cause organique ?

Les pleurs du nourrisson peuvent être impressionnants : bébé est tout rouge, tout crispé, il hurle. Comment être sûr qu’il n’est pas douloureux ou malade ? C’est la crainte de tout parent au départ, d’où la multiplication des consultations chez le médecin traitant, chez le pédiatre, aux urgences. Il faut en effet s’alarmer et consulter de suite un médecin si un bébé de moins de 3 mois a de la fièvre (température rectale supérieure à 38°C). Si un bébé régurgite beaucoup et pleure au moment des régurgitations, s’il s’alimente de moins en moins, il faut également voir un médecin pour s’assurer qu’il ne souffre pas d’une irritation de l’œsophage à force de régurgiter (œsophagite). Des épisodes de constipation (émission de selles très dures, avec parfois un peu de sang) peuvent aussi être source de pleurs. De même, des pleurs associés à tout symptôme tel que la toux, le rhume, la diarrhée, les vomissements, avec un bébé qui s’alimente mal, doivent faire consulter. Ceci ayant été dit, il faut quand même savoir que dans la grande majorité des cas, quand un bébé pleure (même très fort), c’est rarement une maladie qui est en cause. Le médecin pourra rassurer les parents, notamment en vérifiant qu’il continue de bien prendre du poids.

Que faire devant des pleurs persistants, notamment en fin de journée ?

Mais au final, bébé continue parfois de pleurer des heures durant, souvent le soir, alors que tous ses besoins physiologiques ont été comblés et qu’il présente une belle croissance. Que se passe-t-il ? Les coliques du nourrisson sont très fréquemment évoquées, mises sur le compte d’une immaturité du système digestif. Certains évoquent aussi le besoin pour un bébé de parfois pleurer pour se décharger de la tension de la journée. Ce sont ces pleurs, très présents durant les 3 premiers mois de vie, qui mettent le plus les nerfs de ses parents à rude épreuve car ils sont les plus difficiles à gérer : on se sent impuissants, désemparés… C’est là qu’il faut essayer différentes astuces, telles que donner un bain, masser le ventre, le promener en poussette, lui chanter un berceuse, etc. Quelque chose qui ne fonctionne pas pour un bébé peut fonctionner pour un autre, et inversement. Si aucun traitement médicamenteux ni changement de lait n’a fait ses preuves, il semble par contre que l’angoisse parentale majore les crises douloureuses, l’enfant ressentant les émotions de ses parents. Il ne faut donc pas hésiter, si l’on se sent dépassé, à demander de l’aide, à passer le relai à l’autre parent, à quelqu’un de l’entourage familial, à une amie.

Mes conseils pratiques

  • Un nourrisson pleure 1 à 3 heures par jour durant ses 3 premiers mois de vie, c’est normal, il ne faut pas vous angoisser, mais prendre le temps de faire connaissance avec lui, de pouvoir reconnaître ses différents pleurs.
  • Un nourrisson qui pleure ne fait pas un caprice, il a besoin de vous, de votre attention, d’être dans vos bras : c’est aussi important pour lui d’être câliné que d’être alimenté.
  • Si votre bébé a moins de trois mois et de la fièvre, consultez sans attendre. Mais sinon, en général, les pleurs sont rarement le symptôme d’une maladie.
  • Il faut vous faire confiance, ne pas vous culpabiliser de ne pas toujours parvenir à faire céder ses pleurs : essayez différentes méthodes, peut-être que vous trouverez le truc qui parviendra à apaiser votre bébé. Quoi qu’il en soit, ne vous angoissez pas, votre bébé risque de ressentir votre mal-être, ce qui majorera ses pleurs. Si ses pleurs deviennent insupportables pour vous, posez-le en sécurité dans son lit ou dans son transat et demandez de l’aide à une tierce personne.
  • Il ne faut surtout pas secouer un bébé qui pleure, même un peu, au risque de causer des dégâts neurologiques irréversibles.
  • N’hésitez pas à vous tourner vers le service de PMI de votre secteur : des puéricultrices pourront être à votre écoute et vous conseiller au mieux.
  • Et surtout, rassurez-vous en vous rappelant que votre bébé va bien, et qu’en général les pleurs s’apaisent au-delà de 3 ou 4 mois !

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