Pilule : davantage de troubles de l’humeur pendant la pause de 7 jours

Publié par Maud Le Rest
le 3/10/2023
Maj le
3 minutes
birth-control pill with date of calendar background, health care and medicine concept
Adobe Stock
D’après une étude présentée le 8 octobre à l’occasion du Collège européen de neuropsychopharmacologie, la pause de sept jours durant la prise de pilule contraceptive favorise les troubles de l’humeur chez les personnes concernées.

La plupart des pilules contraceptives proposent une prise sur un cycle de 21 jours et une pause de sept jours entre chaque cycle. Certaines personnes respectent cette pause, qui déclenche des saignements, tandis que d’autres préfèrent enchaîner les plaquettes dans le but de stopper leurs règles. La prise de pilule empêche en effet l’ovulation : le cycle est en sommeil, d’où une absence de menstruations. L’arrêt de la prise entraîne des saignements, qui ressemblent en tous points aux règles. 

Règles : des problèmes de santé mentale pendant l’arrêt de la pilule

Ces écoulements ne sont pas des menstruations à proprement parler, mais il se pourrait que cette pause de sept jours entraîne tout de même des troubles de l’humeur importants chez les personnes concernées, comme lors des “vraies” règles. C’est du moins la conclusion d’un groupe de chercheuses en neurosciences et en psychologie, qui ont publié une étude le 27 septembre dans le JAMA Network Open. Cette étude sera par ailleurs présentée lors du Collège européen de neuropsychopharmacologie le 8 octobre 2023.

“Nous avons travaillé sur la santé mentale des femmes pendant l’arrêt temporaire de la pilule chez celles qui utilisent la pilule depuis longtemps. Étant donné qu’elles sont des utilisatrices de longue date, cela signifie qu’elles la tolèrent très bien. Nous avons découvert que durant la pause de sept jours, l’humeur des femmes se dégrade et qu’elles présentent des problèmes de santé mentale similaires à ceux que les femmes qui ne sont pas sous contraception hormonale expérimentent pendant leurs règles”, résume l’autrice principale de l’étude, la professeure de psychologie Belinda Angela Pletzer.

“Il est difficile de savoir si ce changement est un effet direct de l’arrêt de la prise d’hormones”

Pour arriver à cette conclusion, les chercheuses ont observé 120 femmes entre avril 2021 et juin 2022 : 60 prenaient une pilule contraceptive, 60 n’en prenaient pas. Les scientifiques ont évalué leur humeur deux fois par mois via une série de questionnaires. Résultats : les femmes sous pilule contraceptive avaient un “score d’anxiété” supérieur de 7% par rapport aux autres ainsi qu’une augmentation de 13% de leurs sentiments négatifs durant la pause de sept jours de la pilule.

“Nous ne connaissons pas les raisons exactes de ce changement, mais nous y travaillons en ce moment même. Il est difficile de savoir si ce changement est un effet direct de l’arrêt de la prise d’hormones ou un effet secondaire des saignements dus à l’arrêt de cette prise, ce qui arrive lorsque l’on stoppe la pilule. Les contraceptions orales sont très largement utilisées : jusqu’à la moitié des jeunes femmes d'Europe du Nord les ont choisies. Comme n’importe quel médicament, il peut y avoir des effets secondaires, mais aussi des bénéfices non contraceptifs”, a réagi la professeure Professor Belinda Angela Pletzer dans un communiqué de presse.

Il est tout à fait possible de prendre une pilule contraceptive en continu

Elle poursuit : “Il semblerait que les utilisatrices de longue date qui tolèrent bien leur pilule bénéficient d’effets stabilisateurs de l’humeur lorsqu’elles la prennent activement. En d’autres termes, cela peut signifier, si les femmes remarquent une détérioration de leur humeur pendant la ‘pause de pilule’, qu'elles devraient consulter leur médecin afin d’ajuster leur cycle de pilule.”

À noter : il est tout à fait possible de prendre une pilule contraceptive en continu. Comme dit plus haut, les saignements déclenchés lors de la pause de sept jours ne sont pas des règles. Il n’y a par ailleurs aucun danger à enchaîner les plaquettes. Certaines personnes préfèrent tout de même respecter une pause et déclencher des simili-règles pour respecter un certain rythme. D’autres, encore, n’ont pas envie que l’on sache qu’elles prennent la pilule et déclenchent ainsi ces saignements à échéances régulières. Chaque patient·e a ses raisons de prendre une contraception hormonale en continu, ou non.

Partager :