Piercing : quelle est l'ampleur de cette pratique ?

Le piercing corporel : état des lieux
Phénomène de mode et/ou identitaire, le piercing est très en vogue depuis plusieurs années. Les complications liées au piercing ont déjà donné lieu à la publication d'études reprises dans les médias pour alerter le grand public des risques éventuels pour la santé. Mais jusqu'à présent, aucune n'avait porté sur l'ampleur et les caractéristiques du piercing, ce qui permettrait de répondre à ces deux questions restées en suspens : qui sont les adeptes du piercing ? Quelles sont les zones percées ? Cette analyse a porté sur 10.500 Anglais âgés de 16 ans et plus, sélectionnés par tirage au sort. Attention, dans cette étude, les chercheurs ont considéré les piercings corporels, à l'exclusion du percage des lobes de l'oreille (piercing auriculaire).
10% de la population est piercée
Au sein de cette population, 10% présentent un ou plusieurs piercings corporels (1.049 personnes sur 10.503).
Les plus jeunes sont plus souvent percés.
Les piercings corporels sont plus fréquents chez les femmes : 50% des femmes âgées de 16 à 24 ans sont percées.
Les zones anatomiques concernées par le piercing varient selon le sexe :
Chez les femmes ce sont par ordre décroissant : le nombril, le nez, l'oreille (en dehors du lobe de l'oreille), la langue, le sourcil, le mamelon et la lèvre, et très rarement les organes génitaux.
Chez les hommes : mamelon, sourcil, oreille, langue, nez, lèvre et organes génitaux.
On remarque ainsi que le piercing du mamelon est le plus fréquent chez les hommes et parmi les zones les moins souvent percées chez les femmes. Par ailleurs, le piercing du nombril est le plus fréquent chez les femmes alors qu'il est très rare chez les hommes. Autre surprise, le piercing des organes génitaux concerne deux fois plus d'hommes que de femmes. Heureusement, ce type de piercing est rare. Il est fortement déconseillé par l'Académie de médecine en raison des conséquences pouvant être extrêmement graves, et selon les académiciens, ceux qui les pratiquent devraient être sanctionnés " soit au titre de violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, soit au titre d'exercice illégal de la médecine si le perceur a prescrit des antibiotiques ou des anti-inflammatoires ou utilisé des anesthésiants ".
Dans quelles conditions sont réalisés les piercings ?
Dans 80% des cas, les piercings sont réalisés par un spécialiste du tatouage/piercing. Ce taux atteint 90% pour certaines zones comme la langue et le nombril. Mais un certain nombre de piercings sont réalisés par des proches, des amis ou par le sujet lui-même
Les complications d'un piercing sont fréquentes
Dans cette analyse anglaise, sur les 754 piercings chez les jeunes de 16-24 ans, 233 cas de complications ont été rapportés. Ce qui signifie que 31% des piercings s'accompagnent de complications ! Ces complications nécessitent des soins médicaux dans 15% des cas (115 sujets) et une hospitalisation dans moins d'1% des cas (7 sujets). Les auteurs en concluent que " même si les complications sévères sont rares, l'engouement persistant pour les piercings pourrait finir par provoquer un encombrement des services sanitaires ".
Avertissement
Rappelons que le piercing est une effraction corporelle qui n'est jamais anodine. L'hygiène conditionne les risques d'infections virales et bactériennes, tandis que chaque zone corporelle peut présenter des risques particuliers (cartilage, muqueuse ). Il est donc conseillé de réfléchir longuement avant de passer à l'acte et dans tous les cas de toujours s'adresser à un professionnel qui respecte des règles sanitaires strictes. Et enfin, les piercings présentent des contre-indications : allergies aux métaux implantés, maladies chroniques de la peau, infections dentaires, traitements par corticoïdes ou anti-inflammatoires, déficiences immunitaires, etc.
Sources
Bone A. et coll., BMJ, 336 (7658) : 1426-8, 12 juin 2008.