Papilloma virus : vacciner ou ne pas vacciner nos filles ?

Deux familles ont déposé plainte contre le Gardasil, ce vaccin contre le papilloma virus, le virus responsable du cancer du col. Alors faut-il ou ne faut-il pas vacciner nos filles ?
© getty

C’est parti : deux plaintes sont déposées contre le Gardasil, par les familles de deux jeunes femmes de 16 et 20 ans qui présentent des crises de paralysie, des maux de tête et des maux de ventre. Du coup je pense à toutes ces amies qui autour de moi s’interrogeaient sur le bienfondé de vacciner leurs filles. Que vais-je pouvoir leur dire maintenant ? Que le cancer du col de l’utérus tue chaque année plus d’un millier de femmes et en touche 3400 ? Que depuis que le Gardasil existe 74 millions de doses ont été injectées avec un excellent rapport bénéfice risque ? Que deux études viennent de montrer une diminution des lésions précancéreuses chez les jeunes femmes vaccinées ? Que je vais vacciner mes deux filles à la rentrée et que je m’interroge pour mes garçons ? (Le Gardasil protège aussi contre les crêtes de coq, infections sexuellement transmissibles particulièrement pénibles à soigner. Certains pays vaccinent les garçons.)

Finalement nous nous retrouvons toujours face au même problème : les gens ont peur du vaccin contre l’hépatite B et oublient les ravages de l’hépatite B (cirrhoses et cancers du foie, vies gâchées à 40 ans, etc.). Ils ont aussi peur de l’aspartam et oublie les dangers bien réels de l’abus actuel du sucre raffiné (diabète, obésité, maladies du cœur, cancers, etc.). Autrement dit des risques théoriques extrêmement minimes sont perçus comme plus importants que des risques réels extrêmement graves.

S’agissant du risque de sclérose en plaque avec le vaccin de l’hépatite B, il est théorique : alors qu’avant le vaccin il existait 15 à 20 cas par an de sclérose en plaque chez l’enfant, ce chiffre n’a pas augmenté avec l’arrivée du vaccin. Avec le Gardasil il existe quelques cas de maladies auto-immunes graves, mais plutôt moins que dans la population non vaccinée. Autrement dit, il est impossible d’établir la moindre relation entre les effets secondaires graves décrits et les vaccinations incriminées.

Mais nous devons trouver une solution pour qu’en France la peur des parents de vacciner leurs enfants arrête de pénaliser leurs propres enfants. Après tout, ce sont bien les enfants qui souffrent d’épidémies de rougeoles en ce moment. Ce sont eux qui découvrent le virus de l’hépatite B ou du papilloma virus lors de leurs premières amours. Ce sont bien eux les victimes.

Les cas d’effets secondaires graves étant extrêmement rares, pourquoi ne pas les indemniser automatiquement, au titre de l’effort de la collectivité pour vacciner le plus grand nombre de ses citoyens. Ce qui compte c’est bien de changer la nature du débat en arrêtant de mettre face à face les scientifiques avec les parents de victimes. Pourquoi vouloir à tout prix que la raison scientifique soit supérieure à la douleur d’une victime d’un programme collectif ? Laissons les scientifiques nous dire l’état de la science sans mettre en cause leur métier et compatissons pour les victimes sans mettre en cause leur douleur. Ce n’est pas parce que tout ne s’explique pas, que nous devons renoncer à la science, ni renoncer à être humain.

Source : Quotidien du Médecin N°8996 du lundi 18 juillet 2011

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