Ovaires : une ablation précoce peut accélérer le vieillissement

Publié par Béatrice Hille
le 4/10/2023
Maj le
3 minutes
checkup ovarian uterus reproductive system with plus sign in hospital, women's health, pcos, ovary cancer treatment and examine, healthy feminine concept
Adobe Stock
D’après une étude publiée dans le journal "Menopause" le 12 septembre 2023, une ovariectomie bilatérale faite avant la ménopause pour des raisons préventives pourrait entraîner des problèmes de santé et favoriser le vieillissement. On vous en dit plus.

Le cancer de l'ovaire est la 9ème cause de cancer chez la femme, et le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2020 en France est estimé à 5320, d’après le Centre Léon Bérard. Le traitement de référence reste la chirurgie. L’intervention consiste à pratiquer une ovariectomie unilatérale (ablation d'un seul ovaire) ou bilatérale (ablation des deux ovaires). 

L’ovariectomie bilatérale faite avant la ménopause pourrait entraîner des effets indésirables

Cependant, l’ovariectomie bilatérale faite avant la ménopause pourrait entraîner des effets indésirables, d’où une chute du nombre de femmes choisissant de se faire retirer les ovaires à titre préventif. Une étude publiée dans le journal Menopause le 12 septembre 2023 a par ailleurs identifié plusieurs maladies chroniques, comme l’asthme et l’arthrite, associées à cette opération chirurgicale. 

L’hystérectomie, ou ablation de l’utérus, est l’opération chirurgicale la plus fréquente chez la femme, juste après la césarienne. On estime que, chez celles ayant subi une hystérectomie, 23% des femmes âgées de 40 à 44 ans et 45% des femmes âgées de 45 à 59 ans ont eu recours à une ovariectomie bilatérale pour se protéger d’un éventuel cancer de l’ovaire. La plupart d’entre elles avaient, selon les médecins, un risque moyen de développer ce cancer.

Cependant, plusieurs études récentes sur les potentiels effets négatifs de l’ovariectomie bilatérale suggèrent que la balance bénéfices/risques de cette opération n’est pas toujours positive, surtout chez les femmes dont le risque de développer un cancer de l’ovaire est jugé moyen. En effet, en plus de leurs fonctions reproductives, les ovaires affectent de nombreux organes

Une association entre l’ovariectomie bilatérale et les maladies cardiovasculaires ?

Étant donné qu’ils sécrètent des hormones avant et après la ménopause, retirer les ovaires peut entraîner une perturbation hormonale dans de nombreux organes et tissus, dont le cerveau, les muscles, les os, les vaisseaux sanguins, le cœur et le tube digestif.

Certaines études ont par ailleurs suggéré qu’il pourrait y avoir une association entre cette opération et les maladies cardiovasculaires,  le déclin cognitif et la démence. La plupart de ces études notent que les risques sont plus importants chez les femmes qui subissent une ovariectomie bilatérale avant leurs 46 ans. 

Pour l’étude publiée dans Menopause, les chercheurs ont recruté 500 femmes, dont un peu plus de la moitié ont eu recours à une ovariectomie bilatérale. Celles-ci ont complété des évaluations en moyenne 22 ans après l’opération. 

Ovariectomie bilatérale : plus d’arthrite, d’asthme et d’apnée obstructive du sommeil 

Les scientifiques ont ainsi observé que les femmes ayant eu une ovariectomie bilatérale avant leurs 46 ans, en comparaison avec les autres, avaient des risques plus élevés de faire de l’arthrite, de l’asthme, de l’apnée obstructive du sommeil et d’avoir des fractures osseuses. De plus, ces femmes, lors d’une promenade de 6 minutes, parcouraient une distance plus courte. Toutefois, aucune différence significative n’a été observée entre ces deux groupes de femmes en termes de déclin cognitif. 

“Ces résultats mettent en évidence les potentiels effets négatifs sur le long terme de l’ovariectomie bilatérale faite avant la ménopause. Ils sont importants à considérer pour les femmes dont le risque de développer un cancer de l’ovaire est moyen lorsqu’elles pèsent les risques et les bénéfices”, a résumé dans un communiqué de presse la professeure de médecine spécialisée dans la santé des femmes Stephanie Faubion, l’une des autrices de l'étude.

Partager :